Magique également par la durée du concert. Deux parties d’un peu plus d’une heure chacune séparée par un entracte de vingt minutes, pour à peu près 2h20 de musique. C’est énorme surtout vu le niveau affiché par les musiciens.
Parce que nous allons avoir droit à une démonstration à se décrocher la mâchoire. Je m’attendais à une performance de la part du guitar hero qu’est Popa Chubby, mais même là je suis scotché devant un tel feeling qui mélange habilement rock, blues, jazz et soul pour offrir une musique extrêmement chaleureuse et groovy. Son toucher sait se faire doux et subtil quand il faut (sur le très bluesy « 69 Dollars ») mais est capable de s’adapter à une magnifique reprise de JIMI HENDRIX : une version de « Hey Joe » de plus de dix minutes ponctuée par un solo dantesque qui mets tout le monde d’accord.
Les extraits de son dernier album « Universal Breakdown Blues » passent parfaitement bien la scène, et on se surprend à fredonner le morceau éponyme et l’excellent « I Ain’t Giving Up » pendant un long moment après le show. Bien sûr, pour se rajouter du challenge, il n’utilisera qu’une seule guitare pour toute la soirée, se contentant de changer de mode et de gammes quand il en a envie, pour un résultat parfois déroutant.
Magique enfin parce qu’il sait s’entourer. Felipe Torres est un batteur que je ne connaissais pas mais après ce soir, je rêve de le voir jouer encore tant il maitrise à la perfection les nuances. Plutôt habitué aux batteurs bucherons du rock/métal, c’est un plaisir de voir un jazzman balancer la sauce sur du blues rock ou calmer son jeu pour le rendre minimaliste sur des morceaux plus intimistes sans qu’on ait l’impression qu’il se force. Il sera mis à l’honneur durant un solo totalement épique, durant lequel Popa Chubby se munira de baguettes pour une séance question/réponse entre les deux musiciens (confirmant ainsi que le Pop’ a plus d’une corde à son arc).
Quand à Francesco Beccaro, son jeu de basse tout en ronronnement et en rythmiques jazz, dont on ne manque pas une seule note, relève encore le niveau du trio. Sur « 69 Dollars », celui-ci appuie sur la touche funk et envoie une partie qui donne envie de se déhancher instantanément. C’est également avec maestria qu’il délivrera un solo à couper le souffle, qui se ponctuera par un duel basse/guitare ou le public sera laissé seul juge du vainqueur.
Visuellement, la prestation est plus que sobre, Popa joue assis pendant la grande majorité du concert, alors que le bassiste ne bouge pas de son coin de scène. Mais le mouvement n’est pas nécessaire, tant leurs prouesses musicales sont captivantes (j’ai même perçu des notes de « Ghost Riders In The Sky »). En plus d’être un batteur de qualité et un guitariste hors-pair, il est un frontman d’exception, qui se met le public dans la poche à chacune de ses interventions (surtout quand il dit « Je voudrais jouer pour vous toute la nuit, connerie de couvre-feu… ») et dont la musique s’avère le meilleur remède possible à toute forme de déprime.
Le concert fut toujours technique, jamais masturbatoire, mais avant tout il fut à l’image du musicien : chaleureux. Alors que retentissent les dernières notes de guitares, on peut repartir le sourire aux lèvres, convaincus que dès qu’il repassera dans la capitale, on ira le revoir. Il conclue en déclarant : « Si personne ne vous a dit qu’il vous aimait, n’oubliez pas que Popa Chubby vous aime. » Oui, définitivement, le blues et la France c’est une histoire d’amour réciproque.