DÄTCHA MANDALA – KODA

Écrit par sur 7 août 2024

CHRONIQUE

Quand on est fans de musique, il y a deux façons de l’aborder. La première c’est de trouver un artiste, l’écouter pendant des semaines en boucle et hurler partout que c’est trop bien en se transformant en adolescente de 13 ans, approche que nous appellerons celle du fanboy. La seconde c’est de savourer la musique au bon moment, dans le bon état d’esprit pour en profiter dans des conditions optimales sans jamais perdre son esprit critique, approche que nous appellerons celle de l’esthète.

Alors, imaginez la surprise du fanboy que je suis quand l’esthète du bureau d’en face vient me voir en disant : « Dis donc Gus, tu te souviens de DÄTCHA MANDALA ? On a reçu leur dernier album, ça bute. », le tout avec l’énergie d’une fangirl nouvellement convertie. Par acquit de conscience, j’ai donc pris le temps d’écouter pour vérifier si ça bute.

DATHCA MANDALA - Koda (album cover)

Sorti le 26/04/2024 sur TAKE IT EASY.

Liens Utiles :

Tracklist :

01. She Said
02. Koda
03. The Wanderer
04. Om Namah Shivaya
05. Syndrome Of Laborious Optimism
06. Wild Fire
07. Love Myself
08. Thousand Pieces
09. It’s Not Only Rock’n’Roll (And We Don’t Like It)
10. Julietta
11. Homeland

Line-up :

Nicolas Sauvey (Chant, basse)
Jérémy Saigne (Guitares, choeurs)
Jean-Baptiste Mallet (Batterie, choeurs)

Datcha-mandala - banner

Le revival, mais bien fait.

Je ne l’ai jamais caché, je suis un grand fan de rock des années 70. Mais même moi, la vague revival a fini par me saouler. Tout a fini par sonner facile et un nombre finalement assez négligeable de groupes sont sortis du lot. Du coup en me replongeant dans les deux premiers albums de DÄTCHA MANDALA, j’avais un peu d’appréhension.

Il faut dire que malgré deux albums de bonne facture, une identité assez forte et des compositions bien ajustées, les influences QUEEN/LED ZEPPELIN omniprésentes sur leurs débuts m’ont laissé supposer que « Koda » n’allait être qu’une resucée de « Hara », avec un groupe qui joue la carte de la sécurité.

Bon bah clairement j’avais tort. Et pas qu’un peu. Parce que les Bordelais ont passé un palier sur ce troisième album, et un grand.

Parlons tout d’abord du son : fini l’analogique, cette fois-ci on enregistre en numérique. Changement aussi de producteur puisque c’est le Belge Charles de Schutter qui se trouve aux commandes. Et clairement, le pari est réussi. Tout sonne plus rond, plus grand, on a vraiment une impression de profondeur qui, selon moi, manquait à DÄTCHA MANDALA. Prenez par exemple « Love Myself », alors que chaque élément vient se greffer aux autres, rien ne vient se télescoper ni écraser le reste, on a cette impression d’être enveloppé par tous les instruments qu’on distingue parfaitement.

Datcha Mandala 07/2024

C’est d’ailleurs ce qui frappe dès la première écoute : on retrouve sur ce troisième opus tous les éléments des précédents albums, mais dans leurs versions sublimées.

Le plus flagrant c’est dans la batterie de Jean-Baptiste Mallet. On percevait ses qualités, là où elles nous sautent à la gueule sur « Koda ». Que ça soit grâce à son petit solo sur « Syndrome Of Laborious Optimism » (pas assez long, clairement), son groove contagieux et limite funk sur lequel repose toute la mélodie sur « The Wanderer » ou sa frappe lourde très sabbathienne sur « Homeland », on a le sentiment qu’il a diversifié son jeu et qu’il a enfin la possibilité d’être la fondation sur laquelle tout repose.

Et forcément, avec un mix plus profond et plus rond, Nicolas Sauvey sait aussi tirer son épingle du jeu. Le groupe nous confiait en interview avoir eu une approche plus « pop » au niveau des voix et encore une fois, le pari est gagnant. Le chanteur/bassiste donne l’impression de survoler les compositions, là où il était trop en retrait auparavant. Au fil des morceaux il développe une palette émotionnelle vraiment très large (« Om Namah Shiuvaya », « Love Myself », « Thousand Pieces ») et ses lignes de chant sont suffisamment variées pour qu’on n’ait jamais l’impression d’écouter deux fois le même morceau. Tandis que sa basse, bien que discrète, se révèle tout en douceur et en ronronnement dès qu’on prête un peu l’oreille (« Wild Fire »).

Et en plus de tout ça, le groupe réussit à conserver sa personnalité, malgré le changement de producteur et de son, mais donne en plus l’impression de pouvoir cette fois-ci complètement s’exprimer. Alors oui, résumer les albums précédents à « du rock façon LED ZEP » c’est trop réducteur. Mais sur « Koda », tout y passe et les influences sont multipliées : de la pop très MUSE, toujours des touches de QUEEN et LED ZEP, mais avec beaucoup plus de BLACK SABBATH (« Homeland », la batterie dans son ensemble), voire même du stoner par endroits (« She Said », « Thousand Pieces », « It’s Not Only Rock’n’Roll (And We Don’t Like It) »).

C’est d’ailleurs une approche différente du riff à travers la guitare de Jérémy Saigne qui permet de transformer définitivement l’essai. Il était la pièce maîtresse des opus précédents et devient ici le lien qui permet d’assurer la cohésion de l’ensemble. Il suffit d’écouter « Om Namah Shiuvaya », « Wild Fire » et « It’s Not Only Rock’n’Roll (And We Don’t Like It) » pour voir à quel point c’est le développement de ses parties de guitares qui permettent au trio de se détacher un peu des 70s sans pour autant renier ses influences premières.

Sur le papier, un tel déploiement d’influences et d’approches pourrait sonner comme un gigantesque foutoir, mais pas du tout, « Koda » est d’une cohérence assez étonnante et chaque morceau offre un élément nouveau qui vient enrichir une expérience d’écoute fluide et agréable. Allez, seule petite ombre au tableau la ballade « Julietta » sur laquelle je n’ai pas du tout accroché, mais qui trouvera sûrement son public.

C’est finalement l’alliance de tous ces facteurs qui achève de former l’identité propre de la formation et leur permet d’atteindre leur plein potentiel.

En résulte un album équilibré, intelligent et assez unique qui parlera aussi bien aux amateurs de rock 70s qu’à ceux qui préfèrent le rock moderne et ses multiples influences. « Koda » marque une progression impressionnante pour l’un des groupes les plus intéressants du début de l’année et achève de convaincre que DÄTCHA MANDALA est un groupe à suivre de très près, parce que ce niveau de maturité au 3e album, en plus de leur large expérience de la scène, c’est un cocktail redoutable.


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