C’est d’ailleurs ce qui frappe dès la première écoute : on retrouve sur ce troisième opus tous les éléments des précédents albums, mais dans leurs versions sublimées.
Le plus flagrant c’est dans la batterie de Jean-Baptiste Mallet. On percevait ses qualités, là où elles nous sautent à la gueule sur « Koda ». Que ça soit grâce à son petit solo sur « Syndrome Of Laborious Optimism » (pas assez long, clairement), son groove contagieux et limite funk sur lequel repose toute la mélodie sur « The Wanderer » ou sa frappe lourde très sabbathienne sur « Homeland », on a le sentiment qu’il a diversifié son jeu et qu’il a enfin la possibilité d’être la fondation sur laquelle tout repose.
Et forcément, avec un mix plus profond et plus rond, Nicolas Sauvey sait aussi tirer son épingle du jeu. Le groupe nous confiait en interview avoir eu une approche plus « pop » au niveau des voix et encore une fois, le pari est gagnant. Le chanteur/bassiste donne l’impression de survoler les compositions, là où il était trop en retrait auparavant. Au fil des morceaux il développe une palette émotionnelle vraiment très large (« Om Namah Shiuvaya », « Love Myself », « Thousand Pieces ») et ses lignes de chant sont suffisamment variées pour qu’on n’ait jamais l’impression d’écouter deux fois le même morceau. Tandis que sa basse, bien que discrète, se révèle tout en douceur et en ronronnement dès qu’on prête un peu l’oreille (« Wild Fire »).
Et en plus de tout ça, le groupe réussit à conserver sa personnalité, malgré le changement de producteur et de son, mais donne en plus l’impression de pouvoir cette fois-ci complètement s’exprimer. Alors oui, résumer les albums précédents à « du rock façon LED ZEP » c’est trop réducteur. Mais sur « Koda », tout y passe et les influences sont multipliées : de la pop très MUSE, toujours des touches de QUEEN et LED ZEP, mais avec beaucoup plus de BLACK SABBATH (« Homeland », la batterie dans son ensemble), voire même du stoner par endroits (« She Said », « Thousand Pieces », « It’s Not Only Rock’n’Roll (And We Don’t Like It) »).
C’est d’ailleurs une approche différente du riff à travers la guitare de Jérémy Saigne qui permet de transformer définitivement l’essai. Il était la pièce maîtresse des opus précédents et devient ici le lien qui permet d’assurer la cohésion de l’ensemble. Il suffit d’écouter « Om Namah Shiuvaya », « Wild Fire » et « It’s Not Only Rock’n’Roll (And We Don’t Like It) » pour voir à quel point c’est le développement de ses parties de guitares qui permettent au trio de se détacher un peu des 70s sans pour autant renier ses influences premières.
Sur le papier, un tel déploiement d’influences et d’approches pourrait sonner comme un gigantesque foutoir, mais pas du tout, « Koda » est d’une cohérence assez étonnante et chaque morceau offre un élément nouveau qui vient enrichir une expérience d’écoute fluide et agréable. Allez, seule petite ombre au tableau la ballade « Julietta » sur laquelle je n’ai pas du tout accroché, mais qui trouvera sûrement son public.
C’est finalement l’alliance de tous ces facteurs qui achève de former l’identité propre de la formation et leur permet d’atteindre leur plein potentiel.
En résulte un album équilibré, intelligent et assez unique qui parlera aussi bien aux amateurs de rock 70s qu’à ceux qui préfèrent le rock moderne et ses multiples influences. « Koda » marque une progression impressionnante pour l’un des groupes les plus intéressants du début de l’année et achève de convaincre que DÄTCHA MANDALA est un groupe à suivre de très près, parce que ce niveau de maturité au 3e album, en plus de leur large expérience de la scène, c’est un cocktail redoutable.