DAMFEST 2024

Écrit par le 12 juillet 2024

Parmi les choses qui m’ont un peu manqué au cours des dernières années, les festivals d’été sont en bonne position. Mais vu que ma capacité de tolérance des foules est encore un poil basse, éviter les énormes mastodontes est un impératif. Et c’est précisément ce qu’on a fait, en choisissant le DAMFEST, dont la devise est « Festival de Rock en Famille ».

Bon c’est en Seine-et-Marne, rien n’est parfait, mais on fera avec. Let’s go.

DAMFEST 2024
DAMFEST 2024

On arrive donc, clopin-clopant pour Shyanna qui a une cheville en vrac, dans le Parc de la mairie de Dammartin-Sur-Tigeau après un tout petit problème : le site du festival n’est pas super bien indiqué. Pas de soucis, nous sommes guidés par les bénévoles et nous trouvons assez rapidement à nous garer.

Le site est assez étrange en ce sens qu’il parait tantôt plus petit et tantôt plus grand qu’il n’est en réalité. Mais il est parfaitement adapté à la dimension de l’événement et plutôt bien agencé. La scène se trouve à l’opposé de l’entrée, la buvette et les Food-trucks se trouvent sur la gauche tandis que de l’autre côté, entre les tilleuls, on trouve les stands divers et variés. Un aménagement de l’espace plutôt bien vu qui aère le tout et permet de circuler en toute tranquillité.

Autre excellente idée, au pied des arbres sont disposées des bottes de paille permettant aux spectateurs de s’assoir. Ça fait un peu de poussière quand on rentre chez soi, mais c’est assez bienvenu et ça rajoute à la fois de l’accessibilité et du confort.

DELAYED 2024
DELAYED 2024

Côté scène, c’est petit et un peu spartiate certes mais, contrairement à d’autres petites scènes, ça n’a jamais été un problème pour les groupes présents et ça donne un côté intimiste à chaque concert qui vient renforcer ce côté « rock en famille » qui est clairement la ligne directrice de toute la journée et vu le nombre de gamins qui se baladent sur le site en jouant et en courant, les familles sont bien présentes.

Et cet état d’esprit se retrouve jusque dans la programmation musicale qui fait la part belle au hard rock sous toutes ces formes.

L’après-midi commence avec les deux groupes locaux : SOUL OF LUNA et son rock teinté de punk un peu émo/alternatif et DELAYED, vainqueur d’un tremplin local qui donne dans un pop-rock marqué par une basse très en avant. Bon comme c’est de coutume, le public est encore très clairsemé et reste un peu loin de la scène, ce qui ne leur facilite pas le travail. Les deux groupes ont l’air assez jeune et pas hyper expérimenté au niveau scénique, ce qui rend difficile la gestion d’un public qui met du temps à être réactif. Pas forcément un climat facile et ça se ressent un peu avec des concerts un peu poussifs. Mais on ne leur jettera pas la pierre, puisque comme le dit le proverbe, c’est en forgeant qu’on devient forgeron.

On profite des changements de plateau pour s’arrêter devant le Food Truck « Au petit creux » et on déguste un américain délicieux ainsi que les meilleures frites que j’ai jamais mangées en festival.

The Twin Souls
The Twin Souls

On continue ensuite l’après-midi sous l’œil sympathique et bienveillant des années 70 avec THE TWIN SOULS. Et c’est là qu’on constate un peu les limites du concept « rock en famille » puisque le public n’a pas vraiment l’air familier des concerts de rock. L’énergie déployée sur scène par les deux frères toulousains est gâchée par le fait que les spectateurs restent encore à une certaine distance de la scène. Ça s’améliore progressivement et tout ce petit monde se montre de plus en plus réactif. Mais malgré un jeu de scène dynamique (les deux frères changent régulièrement d’instruments et sont à 100% à chaque note), la musique de THE TWIN SOULS donne l’impression d’arriver sur un rythme de croisière et finit par devenir un peu redondante. C’est dommage parce que du coup le niveau d’énergie redescend et la fin est un peu difficile. Mais bon, le potentiel est là, on a en face de nous deux musiciens talentueux dont la musique doit mûrir un peu pour vraiment devenir une valeur sur scène. À suivre donc et à revoir dans un contexte différent.

Nouveau changement de plateau et, si je comprends l’intérêt d’avoir des stands de fabricants de matos sur un festival, les zicos amateurs qui s’excitent à (mal) jouer du blues sur le stand d’amplis me tapent un poil sur le système. En plus de ça, de gros nuages noirs commencent à se rapprocher, ce qui n’augure rien de bon.

Datcha Mandala 07/2024
Datcha Mandala 07/2024
Datcha Mandala 07/2024
Datcha Mandala 07/2024

Les premières gouttes commencent à tomber alors que DATCHA MANDALA monte sur scène. Et là clairement, on a franchi un cap. Le trio bordelais fait montre d’un professionnalisme d’entrée de jeu à la hauteur de ses 700 concerts. Mention spéciale à Nicolas Sauvey, puisque le chanteur va calmement et gentiment inviter le public, à plusieurs reprises, à se rapprocher de la scène, ce que ce dernier fera avec l’enthousiasme d’un chat méfiant. Mais la sauce prend quand même et l’énergie déployée sur scène permet de profiter d’une setlist axée sur les tubes de rock teinté 70s présent sur « Koda », leur excellent 3eme album. Malgré des petits problèmes de sonorisation au niveau des voix, on assiste à un groupe qui maîtrise son sujet et déroule avec brio. La frappe de Jean-Baptiste Mallet est bien plus puissante que sur album et on est en permanence en train de taper du pied en rythme, tout en faisant un peu d’air-guitare pour imiter Jérémy Saigne, dont les riffs et le toucher font mouche à chaque fois. Quant à Nicolas Sauvey, sa basse ronronne mais reste un poil en retrait (ce qui est un peu dommage) là ou sa voix est encore plus chaude que sur album (sur « Love Myself » notamment, que j’ai largement préférée en live). Vraiment on sent dans cette formation trois excellents musiciens qui se connaissent par cœur et continuent à communiquer en permanence à travers leurs jeux, pour faire de chaque concert un moment spécial. Chacun connait son rôle et le maîtrise à la perfection, ce qui permet à tout le concert d’être assez varié et bien rythmé de sorte qu’on ne voit pas le temps passer. La setlist est très bien construite, avec ce qu’il faut de variations d’intensité aux bons moments pour que le public ne s’ennuie jamais. Clairement le concert de la journée.

Petit tour par l’exposition de voitures et de motos, juste à temps pour entendre toutes les bécanes démarrer et traverser le site pour se mettre en rang sous les yeux admiratifs des enfants et d’une bonne partie des parents. Il faut dire que le bruit des routières américaines, c’est top 5 des sons all time.

Datcha Mandala 07/2024
Datcha Mandala 07/2024

Sauf que là ça y est, l’orage et la pluie sont arrivés. On tente tant bien que mal de résister et de profiter du très bon set de ONE RUSTY BAND, qui continue sur la vague lancée par DATCHA MANDALA. Le duo de rock bluesy très teinté sud des USA, délivre une prestation énergique et convaincante malgré la pluie. Et je dois admettre que sa configuration scénique assez unique est clairement un plus, tout comme le fait de voir Léa faire des claquettes en jouant de la planche à laver (washboard), là j’étais pas prêt. Et pour l’amateur de TOM WAITS que je suis, entendre la voix de Greg sur des instruments faits mains, c’est un énorme kiff. Leur biographie parle d’un « duo improbable » et elle ne ment pas, même si du fait de la pluie l’énergie est à nouveau retombée, ce qui est fort dommage. Clairement à revoir dans de bien meilleures conditions.

Datcha Mandala 07/2024
Datcha Mandala 07/2024

La pluie ne cesse pas, la nuit finie de tomber et une cheville déjà blessée recommence à faire des siennes, nous forçant malheureusement à quitter le festival juste avant le concert de Gaëlle Buswel, ce qui est dommage vu la réputation scénique de la musicienne et de son groupe. Tant pis, ça sera pour une autre fois.

En conclusion, un festival qui annonce la couleur dans sa devise et tient bien sa barque du rock en famille. Bien organisé, bien géré, un petit site sympathique parfait pour la densité de spectateurs et des stands bien choisis pour que tout le monde trouve ce qu’il lui faut. Une petite scène convenant aux artistes programmés, malgré une sonorisation pas toujours au poil et une programmation assez variée pour que les amateurs de rock y trouvent leur compte. Bref, une bonne première expérience, qui valide l’idée qu’un petit festival était précisément ce dont j’avais besoin. Et déjà sur le chemin du retour, trempé, c’était assez clair pour moi : « on se voit l’année prochaine ! ».

Photos SHYANNA.


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