ENTRETIEN AVEC NOTHING MORE

Écrit par sur 14 juillet 2024

Vu que leur dernier album « Spirits » avait été mon album de l’année sans contestation possible en 2022 et que NOTHING MORE s’est rapidement imposé comme l’un de mes groupes de rock moderne préféré, il était clairement impossible pour moi de rater leur passage à Paris. Surtout que c’était l’occasion d’aller leur poser quelques questions sur la préparation de leur nouvel album « Carnal » et d’échanger avec Daniel Oliver, responsable de la quatre corde et de la création des accessoires scéniques des américains. Que du bonheur en somme.

Entretien décontracté avec un bassiste-soudeur au sourire contagieux.

2024-02-27 - TRABENDO - NOTHING MORE (2)
NOTHING MORE (Trabendo, 27/02/2024)

« On a compris vraiment très vite l’importance d’au moins montrer ta musique à d’autres musiciens ou compositeurs en qui tu as confiance pour qu’ils fassent une critique honnête »

Gus : Je suis aujourd’hui en compagnie de Daniel Oliver, bassiste du groupe américain NOTHING MORE. Merci de nous accorder cette interview. Comment se passe la tournée ? Pas d’ours tué pour le moment ?
(Sur leur tournée précédente leur bus est entré en collision avec un ours sur la route NDLR)

Daniel : Pas d’ours ? Non, non. Jusqu’ici, ça va. C’est une tournée cool, les weekends on joue avec ELECTRIC CALLBOY et puis la semaine on s’occupe de nos concerts en tête d’affiche. Ça change parce qu’on n’a jamais fait deux tournées se déroulant à peu près en même temps et parce que ça change, on s’amuse vraiment beaucoup. Les concerts avec ELECTRIC CALLBOY sont vraiment géants et excitants. On a vraiment saisi l’opportunité de venir en Europe et d’ouvrir pour un plus gros groupe pour nous faire connaître. Donc c’est parfait. Et les gars de ce groupe sont géniaux, c’est des amours, vraiment très fun. Au début de notre tournée, on avait SIM et SIAMESE en premières parties. Apprendre à connaitre ces groupes était vraiment cool et c’est aussi des mecs supers dans des groupes supers. Donc ça se passe mieux que ce qu’on imaginait.

Gus : Alors l’histoire de NOTHING MORE commence vraiment à San Antonio en 2003 quand Jonny Hawkins, batteur à l’époque, et le guitariste Mark Vollellunga forment le groupe avec Josh Klaus au chant et Matt Reynolds à la basse. En 2004 ils sortent leur premier album « Shelter » et peu après tu les rejoins en tant que bassiste.

Daniel : Correct.

Gus : C’est toi qui les convaincs de se consacrer exclusivement au groupe ; en 2005 vous changez de chanteur, vous sortez un EP avant d’à nouveau changer de chanteur et de sortir votre deuxième album « Save You, Save Me » en janvier 2007. Néanmoins, en mai 2008, pendant une nouvelle crise de chanteur, vous prenez une décision importante : Jonny s’occupera désormais du chant en plus de la batterie, pour un temps. Vous évoluez alors en trio, formation qui sera utilisée pour la sortie de ce qui est souvent considéré comme votre premier vrai album : « The Few Not Fleeting », titre particulièrement adapté vu la situation (rires). En février 2009, vous êtes rejoints par le batteur Devin Treviso, qui sera remplacé par Paul O’Brien en 2011. En juin 2014, vous sortez votre album éponyme, qui atteindra la 40e place du Billboard 200, porté par le hit « This Is The Time (Ballast) ». En 2015, vous accueillez Ben Anderson à la batterie, votre dernier changement de line-up. En septembre 2017, vous publiez « The Stories We Tell Ourselves », album acclamé par la critique et vous tournez intensivement pour le promouvoir. Pendant ces tournées, vous parvenez à créer un environnement pour composer et enregistrer sur la route, pour préparer votre album prévu alors pour 2020. Pour des raisons indépendantes de votre volonté, vous finissez par sortir « Spirits » en octobre 2022 et votre tout nouveau single « If It Doesn’t Hurt » le 18 janvier 2024. Et vous avez récemment annoncé un nouvel album pour 2024, est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Daniel : Oui, en fait dès qu’on a fini « Spirits »… Il nous a demandé beaucoup de temps et évidemment, la pandémie a tout flingué. C’était aussi un album très différent qui a pris longtemps à écrire. Mais au moment où on l’a sorti, on a décidé qu’on ne prendrait pas encore quatre ans entre deux albums, donc on a commencé à écrire à chaque pause entre les tournées. Et ouais, ça nous a pris genre un an pour assembler toutes les chansons. Mais on a décidé d’avoir aussi une nouvelle approche pour accélérer les choses. Historiquement, on a toujours fait nos albums nous-mêmes en étant auto-produit. Jonny s’occupait de la production de l’album. Ben, notre batteur, est un ingé-son très talentueux, Mark aussi. Alors on partageait le travail sur les albums. Et moi, en fait, j’allais dans mon garage pour construire. J’ai fabriqué le Drumtron et la Scorpion Tail et tous les trucs en acier que vous avez vus sur scène au fil des ans. Donc, on a décidé de prendre une nouvelle direction et d’engager un producteur extérieur : Drew Fulk, à Los Angeles. C’était flippant parce qu’on entend souvent parler de groupes qui se sont fait édulcorer ou qui ont beaucoup changé leur son en travaillant avec quelqu’un d’extérieur ou de nouveau, mais finalement je pense que c’est parmi les morceaux les plus cools qu’on a faits et c’était une joie de travailler avec Drew, il était un peu le cinquième membre du groupe. Donc oui, on a une nouvelle sortie « Carnal », normalement prévue pour cet automne (ndG : finalement le 28 juin). Donc là on bidouille quelques mix. Et après c’est fini. Fini, fini, fini. Et ouais, c’est excitant. Et rapide aussi.

Gus : J’ai lu dans des interviews que d’habitude vous travaillez ensemble pour composer, mais que pour « Spirits » vous avez été évidemment obligés de le faire à distance. Comment est-ce que ça a influencé votre travail sur le nouvel album ?

Daniel : On a essayé de ne pas travailler à distance. On se rencontrait toujours à Nashville ou L.A. Maintenant on vit dans des villes différentes, mais ouais, on savait qu’on devait être ensemble pour que les choses avancent plus vite. Et on rencontrait régulièrement d’autres producteurs pour nous aider à faire des démos, ou d’autres compositeurs pour échanger des idées. Et c’est à peu près tout. Notre principal objectif c’était d’être dans la même pièce pour faire un genre de démo puis aller en salle de répet’ pour voir comment on le sentait. Voilà.

Gus : Oui, comme tu le dis, vous avez travaillé avec beaucoup de musiciens sur vos albums, que ce soit SOUTH FM ou SEVENDUST. Comment est-ce que ces collaborations avec des sensibilités musicales extérieures vous aident à développer votre propre son ?

Daniel : C’est parce qu’ils sont impartiaux… C’est comme avoir un nouveau membre dans le groupe, ils sont complètement impartiaux. C’est comme une caisse de résonance pour toi, tu vois ? Alors tu peux être en train de faire un truc, puis tu reviens sur un pont et c’est eux qui, même si tout le groupe est amoureux de cette partie du morceau, vont te dire que ce refrain ne marche pas ou que ces paroles n’ont pas vraiment de sens. Des trucs du genre. Alors on a compris vraiment très vite l’importance d’au moins montrer ta musique à d’autres musiciens ou compositeurs en qui tu as confiance pour qu’ils fassent une critique honnête, tu vois, parce qu’une fois l’album sorti, c’est fini, tu as investi du temps, fais des efforts et puis tu… Tout ce que tu peux faire c’est faire en sorte que ça soit aussi bien que possible, mettre ton égo de côté et accepter que tes premières idées ne sont peut-être pas les meilleures et que tu dois encore réessayer. C’est un peu notre vision du truc. Tu vois, on n’achète pas de morceaux à d’autres musiciens ou ce genre de choses. C’est juste qu’en travaillant avec d’autres musiciens, parce qu’ils ne sont pas dans le groupe, ils peuvent te montrer tes points faibles et t’aider à les dépasser. Et c’est super fun. En plus d’être très très précieux.

« C’est cool d’être dans une position où les gens viennent nous voir et nous disent que leur musique, notre musique, les a aidés, inspirés, leur a donné l’énergie et le réconfort pour accomplir quelque chose, parce que je pense que pour nous tous, c’est une grande part de ce que la musique nous apporte : elle nous donne de l’énergie. Que ce soit à la salle de sport ou ailleurs… »

Gus : En plus de tous ces retours que vous recevez, j’ai réalisé que le noyau du groupe était ensemble depuis plus de vingt ans maintenant et que vous avez le même line-up depuis presque dix ans. Est-ce que tu penses que c’est une stabilité qui vous a aidé à atteindre des sommets plus élevés à chaque album ?

Daniel : Absolument oui. Je crois qu’on a grandi ensemble au fil des années et c’est ça qui est cool. Et c’est pareil avec la composition, vraiment le même truc. On a toujours eu des vues similaires, et, tu sais, tout ceux qui ont eu des visions différentes ou qui ne se sont pas complètement engagé dans le truc, tu finis par voir que ça ne marchera pas, et ils se font virer ou un truc du genre. Mais vraiment, quand tu peux garder le noyau ensemble et grandir ensemble, c’est là que les choses deviennent vraiment bien. C’est pareil avec nos techniciens, si on peut garder une équipe ensemble, tout devient plus facile, tout le monde apprend à travailler ensemble, tu développes ton son et tous les trucs du genre, alors que si tu changes constamment de membres, c’est un peu plus difficile de comprendre qui tu es vraiment. Donc, voilà.

Gus : Un aspect de NOTHING MORE que je trouve très intéressant, c’est que beaucoup de vos morceaux, comme « Valhalla » sur l’album « Spirits » sont profondément personnels autant sur le plan de la musique que des paroles. Et pourtant, à chaque fois, j’ai l’impression que je peux y trouver une connexion personnelle et vu les réactions de votre public, je ne suis pas le seul. D’après toi, comment réussissez-vous à créer une connexion avec le public grâce à la musique, même si elle est extrêmement personnelle ?

Daniel : Je crois qu’on se concentre sur les choses… sur les points communs qu’on trouve chez tout le monde, tu vois. On a tous grandi dans des milieux très spirituels, ou au moins religieux, genre des églises chrétiennes. Et le simple fait que cette religion soit populaire, c’est parce qu’elle parle aux cœurs de gens qui se posent des questions. Et en tant que groupe, on a toujours été fascinés par les parcours de vie et de foi, quand tu as une vision claire dans ta tête, mais que tu ne sais pas trop par où commencer même si dans ton cœur tu sais que tu peux le faire. Et je crois que c’est juste… Je pense que les gens se retrouvent dans ces idées. On prend ce qui nous relie et on le met dans la musique, et c’est cool de voir ça. Parce que quand tu écris quelque chose de personnel, tu ne peux pas savoir, c’est vraiment… C’est quoi le mot ? C’est quoi ce mot ? J’ai un trou. Tu es vulnérable, pas vrai ? Et tu te demandes : est-ce que les gens ressentent ce que je ressens ? Et je pense qu’un objectif pour rester un bon groupe, c’est de toujours être vulnérable, parce que si tu n’es pas vulnérable et que tu n’es pas honnête, au plus profond de toi, les gens vont le voir. Mais c’est difficile d’être vulnérable parce que tu peux être rejeté. Et après, qu’est-ce que ça veut dire ? Mais je ne sais pas, c’est cool d’être dans une position où les gens viennent nous voir et nous disent que leur musique, notre musique, les a aidés, inspirés, leur a donné l’énergie et le réconfort pour accomplir quelque chose, parce que je pense que pour nous tous, c’est une grande part de ce que la musique nous apporte : elle nous donne de l’énergie. Que ce soit à la salle de sport ou ailleurs… Il y a beaucoup d’albums ou j’ai eu le cœur brisé et je me suis identifié à eux, et clairement ce n’est pas le moment le plus agréable, mais ça reste magnifique. Et, dans ces moments, la musique, même si elle te fait ressentir ce déchirement, elle fait en même temps quelque chose d’incroyable que je ne peux pas vraiment décrire. Elle te réconforte d’une certaine façon, en te laissant faire ton deuil, ou quelque chose comme ça. Je pense que c’est l’un des aspects les plus spéciaux dans ce que nous faisons. Et tu sais, nous sommes chanceux, c’est une bénédiction d’être de ce côté et je voudrais dire merci à tous ceux qui nous écoutent, qui comprennent et apprécient ça, on vous aime.

Gus : Tu parles d’un intérêt pour la religion, ou au moins l’expérience religieuse et la spiritualité, et quelque chose qui fait partie intégrante de l’identité de NOTHING MORE aujourd’hui, c’est l’utilisation de discours d’Alan Watts dans tous vos albums. Comment as-tu réagi à cette idée quand elle a été proposée pour la première fois et est-ce que tu penses que vous allez continuer à l’utiliser de manière aussi intelligente que sur vos albums précédents ?

Daniel : La première fois que j’ai entendu Alan Watts, c’était quand on voyageait en minibus, il y avait toujours quelqu’un qui conduisait et quelqu’un qui s’asseyait à l’avant… Je me souviens que Jonny m’en parlait tout le temps et me donnait ses travaux, ses conférences et quand je les ai écoutés j’ai été époustouflé. J’ai eu une éducation très chrétienne et à un moment je m’en suis éloigné, pour y mettre mes propres mots, et pour moi c’est ce qu’il a fait. Je pense que c’est le chaînon manquant pour beaucoup de gens qui étaient religieux ou spirituels, mais qui avaient l’impression d’y être étrangers, au moins dans l’organisation. Il a été évidemment très important dans ma vie et je pense qu’on a l’intention de continuer à l’utiliser tant qu’on trouve des conférences en lien avec les morceaux. Parce que c’est cool et que j’aime ça. Je ne travaille pas beaucoup sur les instrumentaux des albums, c’est surtout Jonny et Ben, mais je travaille sur l’aspect musical et entendre ça avec Alan Watts dessus, ça m’a déjà touché, c’est un sentiment du genre : « wow, voilà le sermon que j’ai toujours voulu entendre à l’église ».

Gus : Et une autre chose que vous avez faite en lien avec la spiritualité, c’est le « Spirit Quiz » que vous avez préparé pour l’album, et d’ailleurs vous y êtes allé à fond, avec le quiz et même un comics, est-ce que c’est quelque chose que vous allez refaire à l’avenir ?

Daniel : Je pense que oui, on va le refaire. Au minimum on va continuer à le mettre à jour pour qu’il y ait toujours une sorte de cohérence dans le monde de NOTHING MORE. Mais je crois qu’au bout du compte pouvoir se connaître est un atout important pour trouver son bonheur et je trouve ça cool de pouvoir apporter ça à des gens qui aiment le groupe et qui d’habitude ne liraient pas de bouquin de développement personnel ou ne répondraient pas à un test de personnalité, donc oui je pense que c’est une bonne chose.

Gus : Et donc vous êtes encore en tournée aujourd’hui. La première fois que j’ai eu la chance de voir NOTHING MORE en concert c’était au Download Festival ici à Paris, mais j’ai réalisé que vous avez tourné avec beaucoup de groupes différents : vous êtes en tournée avec ELECTRIC CALLBOY, vous avez tourné avec IN THIS MOMENT, DISTURBED, CHEVELLE et SLEEP TOKEN. Tous ces groupes sont extrêmement différents, ma question c’est : est-ce que vous ressentez le besoin de vous adapter à l’énergie des groupes avec lesquels vous tournez ou est-ce que vous êtes plus du genre « voilà qui nous sommes, voilà ce que nous faisons » devant le public ?

Daniel : On s’adapte un peu tu vois, par exemple avec ELECTRIC CALLBOY, c’est un groupe très heavy, mais qui est très dance aussi et après le premier concert on a vu et senti que tout le monde était là pour danser. Donc on a retiré et changé quelques morceaux pour quelque chose de plus direct donc ouais on s’adapte un peu, mais personne ne nous a jamais demandé de ne pas jouer un truc, et si quelqu’un venait nous dire « hey, vous pouvez être moins heavy ? » on l’enverrait se faire foutre. Mais ouais on est là pour conquérir le public aussi donc on leur offre un bon show.

Gus : Pour moi, une grosse part de ce qui rend les concerts de NOTHING MORE spéciaux vient des accessoires comme la scorpion tail ou le drumtron, que tu as créé. Comment te sont venues ces idées ?

Daniel : Oh tu sais, c’est difficile de dire d’où viennent ces idées. La première chose que j’ai vraiment construite c’était drumtron parce que quand Jonny s’est mis au chant j’ai pensé que ça serait cool de lui donner un truc à faire pour qu’il ne soit pas juste là avec son micro, vu qu’il a l’habitude de la batterie et que c’est un excellent batteur. Donc au début j’ai juste mis une grosse caisse sur des pieds, un pied de caisse claire et un charley, un truc vraiment basique. Et c’était cool parce qu’il y a deux batteurs dans le groupe, donc on pouvait faire des interludes cools et d’autres trucs du genre. Partant de là, je me suis dit… J’ai toujours travaillé sur le van et j’aime les machines, j’aime beaucoup les motos et les trucs comme ça. J’ai fait des flights cases en bois dégueulasses une fois. Il fallait que je construise des choses, mais je ne savais pas comment et je n’avais pas beaucoup d’outils. Mais un ami m’a montré comment souder, parce qu’il pensait que je pourrais aimer ça et j’en suis tombé amoureux. Donc la prochaine étape c’était de faire un vrai kit de batterie pour Jonny sur lequel il puisse monter, en mode « ça aura l’air cool ». Et j’avais des chaines de motos et c’est parti comme ça, je n’ai pas fait de recherche sur la soudure ou sur comment fabriquer, vraiment aucune. Donc c’est sorti de mon cerveau, j’ai improvisé, et j’ai senti que j’avais le truc pour ça donc c’est parti de là. Et puis on faisait ce solo de basse à plusieurs, qui commençait par moi qui tenais juste la basse et la guitare et Mark, notre guitariste et notre autre guitariste de l’époque venaient sur ma gauche pour jouer les notes graves pendant que je jouais la mélodie aigüe et ça a évolué jusqu’à ce que Jonny vienne depuis sa batterie pour jouer avec ses baguettes. Ça a évolué en « je veux jouer de la basse comme un piano, en tapping » donc j’ai fabriqué un pied ridicule avec un pied d’enceinte et des bouts de bois puis j’ai eu l’idée de le faire tourner et de lui faire faire un 540 pour la verrouiller la tête en bas à l’avant du kit de Jonny. Et ce pied pour ma basse c’était le premier truc vraiment cool que j’ai construit. Mais je ne sais pas, les idées elles évoluent, c’est « qu’est ce qui rendrait ça plus cool » tu vois le genre… La Scorpion Tail que j’ai construite, c’est une idée qui vient du fait que Jonny avait un équipement MIDI, ça s’appelle un Numark Orbit et c’est un genre de manette qui se connecte à l’ordinateur et qui a pleins de boutons qui ont des fonctions différentes selon leur programmation dans le logiciel audio, donc pour résumer il pouvait faire du dubstep dans ses mains pendant que Mark et moi on jouait de la basse et de la guitare, et ça sonnait super quand on jammait avec ça. Mais ça n’avait pas l’air cool, donc je lui ai construit un grand bras pour qu’il puisse pousser des leviers et des boutons que ça soit spectaculaire. Donc c’est vraiment le cœur du truc, tu vois, rendre le truc plus… Je me souviens quand j’étais gamin et que je voyais un guitariste sauter depuis son ampli et atterrir par terre, cette énergie de voir un humain sauter de quelques mètres et atterrir avec la musique, c’était puissant pour moi. Donc l’idée c’est juste d’amplifier ça, d’avoir un grand morceau d’acier qui se balance sur scène avec une basse dedans et une bande de mecs qui sautent sur un kit de batterie pour apporter de l’énergie.

Gus : Et est-ce que tu travailles sur de nouvelles pièces ?

Daniel : Oui. Je ne peux pas dire quand ça sera prêt ou si ça sera prêt un jour, mais pendant la pandémie j’ai construit une sculpture cinétique de plus de six mètres de haut. À l’heure actuelle elle est faite de six grosses caisses avec une baguette d’un mètre pour pouvoir en jouer. Il y en a six et elles peuvent toutes bouger de trente degrés de haut en bas et de gauche à droite de la grosse caisse voisine, donc elle peut se tordre ou pivoter. Et l’idée c’était d’avoir une sculpture qui danse si tu veux. Donc c’est bien juste debout, ça fait à près sept mètres, mais le tout pivote et se tord pour pouvoir faire de nouvelles formes et l’idée c’était de la décorer avec des LED programmables en plus de tout l’aspect baguettes donc ouais, c’est un gros truc.

Gus : Ça sonne à la fois absolument épique et fou en même temps.

Daniel : Ouais, ça prend du temps à sortir et on va probablement devoir attendre de jouer dans des stades ou peut-être qu’on la prendra en festival ou ce genre de trucs. Mais je ne sais pas d’où m’est venue l’idée et j’ai dû apprendre pas mal de choses. Par exemple je ne savais pas coder et ça fonctionne via Ableton Live, la même chose qu’on utilise pour programmer les claviers MIDI, pour dire comment bouger les grosses caisses et tout. Donc c’était intéressant, mais c’était un projet marrant.

Gus : Et, évidemment, vous ne pouvez pas utiliser des accessoires aussi énormes dans chaque salle de ce côté de l’atlantique, parce que ça doit être difficile à transporter. Est-ce que ça te frustre de ne pas les utiliser ou est-ce que tu vois ça comme une façon de ne pas devenir un groupe à gimmick ?

Daniel : En fait sur les dernières tournées, on a arrêté de les utiliser et c’était étrange, de se demander comment les gens allaient réagir, si ça allait leur manquer ou à quel point c’était important dans l’identité du groupe, mais vraiment, c’est cool. Sur cette tournée, on n’a même pas Drumtron, on n’a rien. On joue juste les morceaux et ça nous a fait du bien de faire une pause avec ça, tu vois. En rentrant à la maison, on va travailler sur un nouveau show, de nouveaux accessoires, de nouvelles parties pour Jonny sur Drumton, un nouveau solo de basse aussi alors ça sera cool de revenir à ça, mais au final, je pense que pour nous et pour les fans, c’était cool d’être juste un groupe de rock pendant un moment et de revenir à ça. Donc j’aime bien.

Gus : J’ai fini avec les questions sérieuses et j’en ai quelques-unes moins sérieuses. Si tu avais le temps, quelle serait la chose que tu ferais dans toutes les villes que vous visitez ?

Daniel : Je prendrais un vélo ou une moto, pour aller dans le centre-ville j’adorerais avoir un vélo sur la route pour simplement visiter la ville. Et pour je ne sais quelle raison pendant la pandémie je me suis mis aux roues arrière. Alors aux US, je prenais un vélo avec moi et je m’amusais à trouver un lieu connu, installer une caméra et taper une roue arrière sur toute la vidéo, c’est un peu mon truc de juste faire de l’exercice comme ça.

Gus : Vous avez fait beaucoup de clips au fil des années et plusieurs d’entre eux ont ce ressenti presque cinématographique. Si vous pouviez travailler avec un réalisateur pour créer un film complet basé sur votre musique, qui prendriez-vous ?

Daniel : Oh, c’est une bonne question. Je veux dire, qui a fait « Inception » ? J’aime beaucoup l’image de ce film. Je me souviens plus du réalisateur, mais je me souviens que c’était phénoménal. C’était Nolan ? Ouais.

Gus : Tu as parlé de l’importance de se connecter à la musique, mais parfois, je trouve que les albums qui dépassent les attentes sont vraiment incroyables. Est-ce qu’il y a un album que tu pensais détester, mais que tu as finalement adoré ?

Daniel : C’est une bonne question. Laisse-moi réfléchir. Je ne sais pas pourquoi je pensais que j’allais détester, mais le dernier album de BAD OMENS, les gens en parlaient tellement que pour je ne sais quelle raison, je me suis dit que c’était surcoté. Ça ne peut pas être aussi bon… Et je ne savais rien du groupe avant de l’écouter. Et quand je l’ai écouté, je me suis dit « c’est un sacré bon album » ; je ne sais pas comment ils ont pensé à ces trucs-là. Et encore une fois je ne savais rien d’eux. Il y avait cette détestation initiale à cause du battage médiatique. Mais ils ont fait un super boulot avec celui-là. Et me mettre à BRING ME THE HORIZON aussi, ça m’a fait ça. Je m’y suis mis tard. J’ai raté leurs premiers albums et tout le monde m’a dit qu’ils avaient changé. Mais il y avait juste tellement de hype autour de l’album avec « Spirit ». Enfin voilà, ça aussi. Peut-être que c’est juste de la jalousie. Je me dis « merde c’est quoi toute cette hype ? » Et puis j’ai écouté et puis je suis devenu fan. C’est cool.

Gus : Et ma dernière question : à part Alan Watts, dont tu as dit qu’il a changé ta vie, quel est l’auteur qui a le plus influencé ta vie ?

Daniel : C’est une excellente question. Il y avait… Ah, je me souviens plus de son nom. En fait c’est peut-être Eckahrt Tolle. C’est une autre philosophe comme Alan Watts, il a écrit « Le pouvoir du moment présent » et c’est un livre qui parle d’être présent, où il explique les mécanismes de l’esprit, d’où viennent le malheur et la négativité et comment les dépasser de manière très concrète, très pragmatique. Et évidemment ce livre a beaucoup changé ma façon de penser.

Gus : Daniel c’était ma dernière question, merci pour ton temps et pour tes réponses à mes questions. As-tu un dernier mot pour nos auditeurs ?

Daniel : Merci à tous de nous écouter et de nous soutenir depuis toutes ces années. Nous sommes très excités par l’album que nous sortons à l’automne « Carnal » et on espère que vous y jetterez une oreille pour lui donner sa chance et que vous viendrez nous voir sur scène. Nous tournons côté US dans les mois qui viennent et on reviendra sûrement en Europe pour la saison des festivals 2025. Donc ouais, merci.

Traduction par S&P Traduction


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