Tous les fans de new wave se souviennent de « Love Like Blood » et tous les fans de NIRVANA connaissent « Eighties » (enfin « Come As You Are »…). Mais ce KILLING JOKE est mort avec les années 80. Les années 90 seront encore plus pourries que la précédente décennie et cela, Jaz Coleman l’a parfaitement compris. Après un « Extremities, Dirt and Various Repressions » nihiliste au possible, le groupe a fait une pause. Et ces 4 ans, il les a passés à faire ça.
Ça, c’est « Pandemonium ». Le nom, basé sur le nom de la capitale des enfers dans le « Paradis Perdu » de John Milton, annonce déjà la couleur : froid, hypnotique, et dansant. Ça tombe bien, ce sont les trois principaux attributs principaux de cet album.
Froid, parce que les anglais n’ont jamais proposé une musique chaleureuse et accueillante (« Whiteout » en est un exemple parfait). Hypnotique, parce que chaque riff finit par se psalmodier (« Millenium »), chaque note de basse est aussi groove que puissante (« Pandemonium »). KILLING JOKE a toujours mixé la basse relativement en avant et cet album ne déroge pas à la règle. Chaque martèlement de fut est simple mais furieusement addictif (« Whiteout »), le tout accompagnant les véhéments rituels vaudous du sieur Coleman.
Car en plus d’une musique fabuleuse, l’atout majeur de la blague tueuse, reste son charismatique chanteur, il suffit de l’écouter sur « Millenium », « Exorcism » et « Communion » pour avoir un aperçu de sa puissance vocale. Tour à tour véhément, délicat, froid et mélodieux, il est le parfait prêcheur, pressenti pour galvaniser la foule et la guider à travers les méandres de la fin des temps.
Enfin, c’est un album dansant, parce que la musique des anglais le sera toujours. Une danse vaudoue et macabre, empreinte ici des influences de musique arabe qui parsèment l’album (Coleman parle d’un concept, je ne pousserais pas si loin). Ne pas avoir envie de bouger sur des titres comme « Mathematic Of Chaos » ou « Jana » est une hérésie, au minimum.
On ne parlera pas de metal indus, coller une étiquette aussi simple à une musique aussi riche ne serait que trop réducteur. KILLING JOKE réussit ici le tour de force de marier à la perfection le punk, la new wave, le metal industriel et énormément d’autres styles. La bande originale de la grande fête de la fin du monde. Ni plus, ni moins.
