Sur scène le batteur Ben Anderson est une machine qui cogne ses futs comme si sa vie en dépendait et on sent autant dans son jeu que dans ses expressions tout le sérieux qu’il met derrière son instrument. Largement plus à l’aise qu’en 2017, sa performance sur « Spirits » est d’une précision incroyable, son solo sublime « Ships In The Night » et il démontrera toute sa puissance sur « Go To War » durant lequel il semble juste vouloir faire s’effondrer le sol sous ses pieds.
À la guitare, Mark Vollelunga passera tout le concert avec un large sourire aux lèvres, et on le sent même un peu bluffé par la réaction du public français sur les premiers morceaux. Égal à lui-même il enchaîne ses parties sans faux pas, avec une constance et une régularité qui ferait rougir un métronome. Avec une émotion visible et contagieuse, il introduit le sublime « Fade In/Fade Out », qu’il dédie à son père et son fils, et les arpèges d’intro du morceau me filent des frissons encore maintenant, frissons virant à la larme quand tout le public reprend en chœur le « you will watch me fade out » du refrain.
Quant à Daniel Oliver, lunettes de soleil vissées sur le nez, il est à l’image de son compère : précis, efficace, discret, mais pourtant omniprésent. Sa basse est certes un peu en retrait dans le mix, mais ses chœurs sont d’une puissance phénoménale. C’est d’ailleurs lui qui, par sa retenue et sa, trompeuse, discrétion, permet de contrebalancer la puissance de Jonny Hawkins. Il est clair que sans lui, l’équilibre de l’ensemble s’effondrerait, notamment sur le puissant et émotionnelle « Jenny » sur lequel il abat un travail monstrueux, sur « Ships In The Night » ou la reprise fait s’envoler quelque mâchoire grâce au duo basse/batterie ou sur les quelques interludes narrés par Alan Watts, où tout repose sur le duo guitare/basse.
Mais l’homme de la soirée, à dessein, c’est évidemment Jonny Hawkins. Le musculeux chanteur, sans chemise et pieds nus a tout donné ce soir. Dès le deuxième morceau, il joue avec un public conquis, en lui faisant chanter des refrains ou certaines parties de couplets. Ses mouvements sont un mélange de dureté mécanique et d’élégance féline, à l’image de son phrasé particulier. Sa voix unique et puissante fait des miracles toute la soirée, quel que soit le registre dans lequel il évolue. Que ce soit sur les montées de « This Is The Time (Ballast) », l’ultra rythmique « Don’t Stop », le très émotionnel « Go To War » ou le final de « Spirits », qui le voit atteindre des notes hautes criées presque avec aisance, il est d’une justesse quasi absolue.
Ce soir le quatuor a fait démonstration de tout son talent et achève de convaincre qu’ils sont une valeur sûre en concert. Avec un nouvel album « Carnal », annoncé pour l’automne et vu la réaction incroyable d’un public exemplaire, nul doute que NOTHING MORE reviendra nous voir bientôt avec, on l’espère, beaucoup de surprises. Un concert de très très haute facture pour un groupe définitivement sous-coté.