NOTHING MORE + VUKOVI + SIAMESE

Écrit par sur 19 mars 2024

LIVE REPORT

Premier concert pour la radio depuis ce qui semble être une éternité, mais vu tout ce qu’on a loupé comme dates depuis cinq ans, il était plus que temps de revenir dans le game. Quoi de mieux pour ça que la tournée européenne de NOTHING MORE, dont l’album « Spirits » est encore bien présent dans mes rotations.

Après une interview fort intéressante avec Daniel Oliver, bassiste de la formation, direction le Trabendo pour une petite soirée sous le signe de la modernité. N’étant pas très familier des deux groupes en ouverture, j’ai profité des dernières semaines pour découvrir SIAMESE et VUKOVI. Vu ce que j’ai entendu, je dois le reconnaître, l’affiche de ce soir est d’une cohérence assez bluffante, ce qui est toujours de bon augure.

SIAMESE

SIAMESE (Trabendo, 27/02/2024)

On arrive juste à temps pour les premières notes de « The Shape Of Water », et malheureusement, certains défauts des salles parisiennes sont toujours là… SIAMESE ne bénéficie pas ce soir d’un son à la hauteur de sa performance. C’est surtout perceptible avec le violoniste Christian Hjort Lauritzen, qui se retrouve complètement noyé sous le reste et, hormis dans ses solos, est quasiment inaudible. Pour le reste, même si le tout tend à s’améliorer au fil du set, on est sur un mur de son assez brouillon du début à la fin.

Et c’est fort dommage, car le quintet danois offre un concert aux petits oignons à ses fans français. Malgré un espace de scène assez réduit, les cinq musiciens se donnent à fond pour faire bouger un Trabendo qui se remplit progressivement et ils y arrivent plutôt bien, vu que même les petits breaks EDM sur « On Fire » (qui passe mieux l’épreuve du live qu’attendu) réussissent à se faire acclamer par le public et que quelques circles pits démarrent çà et là.

La setlist d’ailleurs est très bien construite, sorte de « Best-Of », puisque la quasi-totalité des morceaux joués ce soir ont fait l’objet de clips. Les danois savent parfaitement jouer sur les montées en puissance et le retour au calme (« Holy », « Sloboda ») pour ramener à lui l’attention d’un public de plus en plus unanime. Le batteur Joakim Stilling cogne comme un beau diable tandis que la paire Andreas Krüger (guitare) et Mark Nommesen (basse) est en nage après deux morceaux.

Mais l’homme du concert reste Mirza Radonjica, chanteur très en voix. Ce dernier possède une présence scénique non négligeable, et se donne à fond pour marquer les esprits. Il fait applaudir les quatre autres musiciens, ainsi que les autres groupes présents ce soir, profite des quelques secondes de répit entre chaque morceau pour interagir avec tout le public. Il dédie « Sloboda » au peuple palestinien en fustigeant le génocide, le tout ponctué par un « Fuck Israel » empli d’une colère tout à fait justifiée, surtout quand on sait qu’il est lui-même un réfugié de guerre né en Croatie. L’ultime morceau « Ocean Bed » est quant à lui dédié à tous ceux qui connaissent des problèmes de santé mentale, ce qui rajoute au capital sympathie de la formation.

Le groupe a plus de dix ans d’expérience et cela se sent. Pas de chichis ni de fioritures, 40 minutes de metal moderne offert par une formation qui déroule et casse des bouches dans les règles de l’art. Un groupe qui ne m’avait pas forcément conquis sur album, mais que je reverrais sans problème sur scène.

Setlist SIAMESE :
« Shape Of Water »
« Numb »
« Holy »
« On Fire »
« Can’t Force The Love »
« Sloboda »
« Ocean Bed »
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VUKOVI

VUKOVI (Trabendo, 27/02/2024)

Les changements de plateau sont souvent le moment d’échanges étranges et ce soir ne fait pas exception puisqu’un spectateur vient me demander si un groupe avait déjà joué… avant de repartir l’air déconfit puisqu’il avait raté SIAMESE groupe qu’il attendait le plus sur l’affiche…

Après une petite vingtaine de minutes, VUKOVI est en place. Vu la densité sonore proposée par le duo écossais, qui mélange hyperpop, noise-pop et metal moderne, j’étais très curieux de voir le rendu scénique. VUKOVI se produit ce soir en trio puisque Janine Shilstone et Hamish Reilly sont accompagnés par le batteur Martin Johnston et dont le kit est placé en bord de scène, ce qui laisse à la chanteuse et au guitariste un espace assez large pour se déplacer.

Le concert commence alors sur les chapeaux de roues, malgré un son plus qu’approximatif. Reilly et Johnston annoncent la couleur et aussi bien la guitare que la batterie sont à la fois ultracarrées et ultrapuissantes. Si Martin Johnston est positionné sur le côté, il est loin d’être invisible et abat son boulot de la meilleure des manières. C’est lui qui transforme « Lasso » en rouleau compresseur. Quant à Hamish Reilly, il arbore un jogging et un bandeau pour le moins inhabituel dans un concert de rock, passe le concert à sauter et fait preuve d’une énergie communicative. Mais c’est clairement lui la colonne vertébrale de VUKOVI, et l’équilibre de la musique tient surtout grâce à ses riffs et son touché (« I Exist » est un tube, essayez de vous retirer le riff du refrain de la tête). Il faut bien ça pour tenter de faire bouger des spectateurs qu’on sent un peu moins réceptifs que pour SIAMESE.

Il faut dire que l’abondance de samples et de bandes, destinées à créer un jeu entre elles et les musiciens pour retranscrire toute l’amplitude de leur musique dessert VUKOVI, puisqu’elles semblent poser beaucoup de problèmes côté mixage et que leur volume sera variable tout au long du set. Et ça ne fait pas les affaires de Janine Shilstone…

La chanteuse se démène sur scène, malgré un costume qui a décidé de lui poser des problèmes, et essaie de faire participer un public qui a apparemment du mal avec son accent écossais (pourtant pas si prononcé que ça). Sauf que ce qu’elle apporte en énergie est perdu en précision et qu’elle est souvent au-delà de l’approximatif. Certains départs de samples et jeux vocaux (assez théâtraux et loin d’être inintéressants) avec sa voix préenregistrée sont ainsi un ratage en règle, et laissent à penser qu’elle ne s’entend pas.

La prestation devient alors un peu bancale, mais ils peuvent tout de même compter sur des compos efficaces, entêtantes et une setlist bien construite pour faire le boulot et laisser entrevoir leur potentiel. Après quarante minutes, le groupe termine par « La Di Da » sur lequel Shilstone réussit à redresser la barre et terminer en beauté. Rendez-vous manqué ? Peut-être. Déception ? Clairement. Pour autant j’ai hâte d’écouter leur prochain album et de leur laisser une seconde chance sur scène, le potentiel est là.

Setlist VUKOVI :
« Creep Heat »
« Lasso »
« Hades »
« Kill It »
« Slo »
« Run/Hide »
« I Exist »
« La Di Da »
Lien vers le site du groupe

NOTHING MORE

NOTHING MORE (Trabendo, 27/02/2024)

Nouveau changement de plateau, mais pas d’échange improbable, ma déception est grande. C’est un petit peu long, mais le fan de DR DRE que je suis profite d’un choix pour le moins déroutant de musique d’ambiance. Peu après 21 h, les lumières s’éteignent et le classique absolu qu’est « Take Me Home, Country Roads » de JOHN DENVER retentit tandis que les musiciens entrent sur scène.

Et là, il n’y a clairement pas photo. NOTHING MORE s’est comporté en patron et en rouleau compresseur. Bien aidé par un public en feu total, qui reprend en chœur l’intégrale des paroles de toutes les chansons, le quatuor américain a retourné le Trabendo.

Allez, seulement deux petites ombres au tableau. D’abord « Angel Song », nouveau morceau dévoilé sur cette tournée, bien que convaincant, n’est pas un instantané et n’aurait pas été mon choix de second single. Ensuite et surtout, c’était beaucoup trop court. Voilà, c’est tout, parce que pour le reste… On sent un groupe qui atteint ses vingt ans d’existence et qui maîtrise son sujet. Daniel Oliver nous confiait que le groupe avait arrêté d’utiliser ses accessoires sur scène pour retrouver les sensations d’un pur groupe de rock, on peut lui dire que le pari a été plus que réussi.

NOTHING MORE (Trabendo, 27/02/2024)
NOTHING MORE (Trabendo, 27/02/2024)

Sur scène le batteur Ben Anderson est une machine qui cogne ses futs comme si sa vie en dépendait et on sent autant dans son jeu que dans ses expressions tout le sérieux qu’il met derrière son instrument. Largement plus à l’aise qu’en 2017, sa performance sur « Spirits » est d’une précision incroyable, son solo sublime « Ships In The Night » et il démontrera toute sa puissance sur « Go To War » durant lequel il semble juste vouloir faire s’effondrer le sol sous ses pieds.

À la guitare, Mark Vollelunga passera tout le concert avec un large sourire aux lèvres, et on le sent même un peu bluffé par la réaction du public français sur les premiers morceaux. Égal à lui-même il enchaîne ses parties sans faux pas, avec une constance et une régularité qui ferait rougir un métronome. Avec une émotion visible et contagieuse, il introduit le sublime « Fade In/Fade Out », qu’il dédie à son père et son fils, et les arpèges d’intro du morceau me filent des frissons encore maintenant, frissons virant à la larme quand tout le public reprend en chœur le « you will watch me fade out » du refrain.

Quant à Daniel Oliver, lunettes de soleil vissées sur le nez, il est à l’image de son compère : précis, efficace, discret, mais pourtant omniprésent. Sa basse est certes un peu en retrait dans le mix, mais ses chœurs sont d’une puissance phénoménale. C’est d’ailleurs lui qui, par sa retenue et sa, trompeuse, discrétion, permet de contrebalancer la puissance de Jonny Hawkins. Il est clair que sans lui, l’équilibre de l’ensemble s’effondrerait, notamment sur le puissant et émotionnelle « Jenny » sur lequel il abat un travail monstrueux, sur « Ships In The Night » ou la reprise fait s’envoler quelque mâchoire grâce au duo basse/batterie ou sur les quelques interludes narrés par Alan Watts, où tout repose sur le duo guitare/basse.

Mais l’homme de la soirée, à dessein, c’est évidemment Jonny Hawkins. Le musculeux chanteur, sans chemise et pieds nus a tout donné ce soir. Dès le deuxième morceau, il joue avec un public conquis, en lui faisant chanter des refrains ou certaines parties de couplets. Ses mouvements sont un mélange de dureté mécanique et d’élégance féline, à l’image de son phrasé particulier. Sa voix unique et puissante fait des miracles toute la soirée, quel que soit le registre dans lequel il évolue. Que ce soit sur les montées de « This Is The Time (Ballast) », l’ultra rythmique « Don’t Stop », le très émotionnel « Go To War » ou le final de « Spirits », qui le voit atteindre des notes hautes criées presque avec aisance, il est d’une justesse quasi absolue.

Ce soir le quatuor a fait démonstration de tout son talent et achève de convaincre qu’ils sont une valeur sûre en concert. Avec un nouvel album « Carnal », annoncé pour l’automne et vu la réaction incroyable d’un public exemplaire, nul doute que NOTHING MORE reviendra nous voir bientôt avec, on l’espère, beaucoup de surprises. Un concert de très très haute facture pour un groupe définitivement sous-coté.

Setlist NOTHING MORE :
« Let ’em Burn »
« Do You Really Want It? »
« Don’t Stop »
« If It Doesn’t Hurt »
« Go to War »
« FACE IT »
« Angel Song »
« Tired of Winning »
« Ships in the Night »
« Jenny »
« I’ll Be OK »
« SPIRITS »
« Fadein/Fadeout »
« Ocean Floor »
« This Is the Time (Ballast) (+ jam de fin) »

Lien vers le site du groupe

Photos par Shyanna.


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