AYRON JONES – Child Of The State

Écrit par sur 16 septembre 2021

Ce qui pousse réellement à créer une radio, c’est avant tout le sel de la découverte. Ceux qui écoutent nos émissions le savent, je passe une bonne partie de mes journées à pester contre le fait que malgré l’avènement d’internet, c’est très difficile pour un groupe de s’exporter à l’étranger.

C’est pour cela que rien ne vaut le plaisir de tomber sur un truc venu de loin, comme AYRON JONES, qui me laisse sur le cul et me donne des frissons. C’est jouissif de le passer à Shyanna puis de ne plus avoir de nouvelles pendant des heures parce que ça tourne en boucle à 150 dB dans son bureau.

Sauf que c’est frustrant, parce que je sais que ce mec-là n’aura pas, en France, la visibilité qu’il mérite.

AYRON JONES - Child Of The State

Sorti le 21/05/2021 sur Big Machine Records.

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Tracklist :

01. Boys From The Puget Sound
02. Mercy
03. Take Me Away
04. Supercharged
05. Free
06. My Love Remains
07. Killing Season
08. Spinning Circles
09. Baptized In Muddy Waters
10. Hot Friends
11. Emily
12. Take Your Time

Line-up :

Ayron Jones (Tout)
Bob Lovelace (Basse, Basse Live)
Kai Van De (Batterie, Batterie Live)
DeAndre Enrico (Basse)
Marti Frederikssen (Basse)
Barrett Martin (Batterie)
Ehssan Karimi (Batterie)

AYRON JONES

Child of the Rock’n’roll.

C’est complétement par hasard, en lisant une liste des « meilleures sorties rock et metal » de 2021 que j’ai d’abord vu la pochette. Et j’avoue, j’ai cru à une erreur. Entre la posture, le look et la typographie, j’ai d’abord cru à un album de rap indépendant. Qu’à cela ne tienne, le mélange rock et hip-hop, de nouveau en vogue, est largement meilleur que dans les années 2000, allons donc écouter « Take Me Away », ça peut être sympa.

Et là j’ai pris une gifle en trois étapes. Phase 1 : l’introduction. C’est ultra gras et heavy, ça suinte la crasse, sent le béton et transpire la rage de vivre. Phase 2 : la voix. Le chant bute, y’a rien d’autre à dire, le mec possède une émotion à fleur de peau, des attaques d’une puissance phénoménale, avec ce qu’il faut de mélodie pour faire décoller toutes ses lignes. Phase 3 : la construction du morceau. Il alterne montées en puissances, refrains lourds et couplets plus calmes mais plus hargneux.

Après ce premier morceau, l’écoute de l’album était donc devenue inévitable.

Ayron Jones

D’entrée de jeu « Child Of The State » a un aspect qui peut poser problème : impossible de savoir ou AYRON JONES veut nous emmener. On fait face à un tsunami d’inspirations, d’idées et d’influences qui peut rapidement submerger et fatiguer, à cause de la concentration que requiert une écoute attentive.

Malgré ce déchainement de styles et d’ambiances qui s’entremêlent et se superposent, l’album fait preuve d’une cohérence remarquable. Et ce grâce à un aspect très simple : AYRON JONES est avant tout un bluesman. C’est évident dès qu’on se penche sur son jeu de guitare. Sans jamais faire dans le démonstratif ou le shred à outrance, il s’applique à maximiser l’impact de ses plans et de ses riffs en faisant en sorte de toujours jouer sur la dynamique et les transitions. C’est flagrant sur les morceaux plus calmes de l’album tels que « Take Your Time » ou « My Love Remains ». Et c’est une fois qu’on a compris ça, que la tempête se dissipe et que l’on peut plus aisément admirer la démarche artistique. Car le natif de SEATTLE, s’est donné un but : dynamiter les codes et les étiquettes pour construire son identité, en conservant quoi qu’il arrive ce fil conducteur.

Parce qu’il maîtrise cette base, il peut se permettre d’y intégrer tour à tour de la pop, de la soul, des éléments de funk, du gros metal ultra heavy et des bons gros hectolitres de grunge. Merde quoi, le riff principal de « Emily », on dirait du SABBATH, « Supercharged » est probablement le morceau qui fait le plus penser à LENNY KRAVITZ, tandis que « Mercy » est la rencontre ultime entre ALICE IN CHAINS et MICHAEL JACKSON.

Les compositions sont directes et percutantes avec tout un jeu sur les contrastes et les variations. L’exemple le plus frappant reste « Spinning Circles » et son couplet très doux qui évolue en refrain explosif avant un final où la dynamique entre guitare et voix est complètement inversée pour un résultat du plus bel effet. Un vrai grand huit qui vous fera passer par de nombreuses émotions.

AYRON JONES & THE WAY

En plus de ça, le bougre a eu la présence d’esprit de faire appel à de nombreux invités pour jouer les parties de basse et de batterie. Et bien qu’on soit face à un album solo parfaitement assumé, AYRON JONE leur laisse toujours le champ libre pour s’exprimer. Comble du plaisir, à chaque fois, la sensibilité des musiciens est complémentaire à la sienne, ce qui lui permet d’exploiter au maximum tout le potentiel de sa musique.

En définitive, « Child Of The State » est une réussite. Un album explosif, intense et honnête qui, contrairement à ce qu’on peut croire au début, va bien au delà de la simple récitation d’influences. En créant sa propre voie, AYRON JONES met tout le monde d’accord et s’impose comme un musicien à suivre de très très près. Une expérience sensationnelle qui ne laissera aucun mélomane indifférent.


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