D’entrée de jeu « Child Of The State » a un aspect qui peut poser problème : impossible de savoir ou AYRON JONES veut nous emmener. On fait face à un tsunami d’inspirations, d’idées et d’influences qui peut rapidement submerger et fatiguer, à cause de la concentration que requiert une écoute attentive.
Malgré ce déchainement de styles et d’ambiances qui s’entremêlent et se superposent, l’album fait preuve d’une cohérence remarquable. Et ce grâce à un aspect très simple : AYRON JONES est avant tout un bluesman. C’est évident dès qu’on se penche sur son jeu de guitare. Sans jamais faire dans le démonstratif ou le shred à outrance, il s’applique à maximiser l’impact de ses plans et de ses riffs en faisant en sorte de toujours jouer sur la dynamique et les transitions. C’est flagrant sur les morceaux plus calmes de l’album tels que « Take Your Time » ou « My Love Remains ». Et c’est une fois qu’on a compris ça, que la tempête se dissipe et que l’on peut plus aisément admirer la démarche artistique. Car le natif de SEATTLE, s’est donné un but : dynamiter les codes et les étiquettes pour construire son identité, en conservant quoi qu’il arrive ce fil conducteur.
Parce qu’il maîtrise cette base, il peut se permettre d’y intégrer tour à tour de la pop, de la soul, des éléments de funk, du gros metal ultra heavy et des bons gros hectolitres de grunge. Merde quoi, le riff principal de « Emily », on dirait du SABBATH, « Supercharged » est probablement le morceau qui fait le plus penser à LENNY KRAVITZ, tandis que « Mercy » est la rencontre ultime entre ALICE IN CHAINS et MICHAEL JACKSON.
Les compositions sont directes et percutantes avec tout un jeu sur les contrastes et les variations. L’exemple le plus frappant reste « Spinning Circles » et son couplet très doux qui évolue en refrain explosif avant un final où la dynamique entre guitare et voix est complètement inversée pour un résultat du plus bel effet. Un vrai grand huit qui vous fera passer par de nombreuses émotions.
En plus de ça, le bougre a eu la présence d’esprit de faire appel à de nombreux invités pour jouer les parties de basse et de batterie. Et bien qu’on soit face à un album solo parfaitement assumé, AYRON JONE leur laisse toujours le champ libre pour s’exprimer. Comble du plaisir, à chaque fois, la sensibilité des musiciens est complémentaire à la sienne, ce qui lui permet d’exploiter au maximum tout le potentiel de sa musique.
En définitive, « Child Of The State » est une réussite. Un album explosif, intense et honnête qui, contrairement à ce qu’on peut croire au début, va bien au delà de la simple récitation d’influences. En créant sa propre voie, AYRON JONES met tout le monde d’accord et s’impose comme un musicien à suivre de très très près. Une expérience sensationnelle qui ne laissera aucun mélomane indifférent.