TOP Ten 2020 / Version GUS

Écrit par sur 31 janvier 2021

Les 10 meilleurs albums de l'année Version GUS.

2020 commençait pas trop mal. Plein de projets, pleins de choses à faire, plein de plans, de possibilités et d’attentes… Et puis finalement tout est remis aux calendes grecques, les sorties sont annulées, les concerts disparaissent et on finit par se demander si on aura encore de la musique à se mettre dans les oreilles.

Un bon paquet de groupes a quand même eu le cran de sortir des projets de qualité, et j’ai eu assez de matière pour vous dégager 11 pépites aussi diverses que riches en qualités et en tubes. Et franchement, pouvoir faire ça sans rogner sur la qualité de l’ensemble, c’est un signe que quoi qu’il arrive, le rock est là pour survivre, et c’est cool.

G.

10 / NUCLEAR POWER TRIO

"A Clear And Present Rager"

NUCLEAR POWER TRIO - A Clear And Present Rager

Comme tout le monde, chez Rx3 on a cliqué sur la vidéo, parce qu’une miniature pareille, forcément ça fait sacrément marrer. Puis 3 minutes plus tard on a juste décoincé nos dents du mur parce qu’on a pris une énorme mandale.

Puis on s’est remarrés en regardant les titres des morceaux : « Ukraine In The Membrane », « Mutually Assured Seduction », « Grab ‘Em by The Pyongyang ». Les mecs sont à fond dans leur trip, et c’est ça qui est génial.

Au delà du délire ça défonce complètement, et la virtuosité des musiciens force le respect (et Vlad, c’est complètement le meilleur). Globalement je veux un album complet de ce trio, parce que ça sera totalement grandiose et glorieux. En plus de ça, il parait que Donald, il va avoir du temps pour composer.

Morceaux recommandés : Tous, y’en a 5 et ça fait 20 minutes, c’pas difficile.

9 / AMON SETHIS

"Part 0 : The Queen With The Golden Hair"

AMON SETHIS - Part 0

Véritable bande originale d’un péplum grandiose qui n’a malheureusement pas vu le jour, « The Queen With The Golden Hair » sait y faire avec les orchestrations grandioses et les montées en puissance parfaitement épiques qui vous collent des frissons .

Il faut reconnaître que la formation maîtrise son sujet, avec le chanteur Julien Tournoud, toujours aussi bon et surtout la bassiste Laetitia Bertrand dont la basse fretless 6 cordes est un des points forts de l’album.

Au final c’est une nouvelle réussite pour les français qui réussissent à imposer leur univers, grâce à une maîtrise musicale qui force le respect. Je n’ai absolument pas été déçu, parce que même si j’ai toujours un peu de mal avec la densité de globale de l’album, on est sur du très lourd, et ça valait le coup de s’y plonger. « The Queen With The Golden Hair » a fini par me séduire et j’y revient avec grand plaisir dès que je veux de l’aventure, de l’action et du grandiose.

Morceaux recommandés : “My Sister, My Love, My Pharaoh”, “Lost In The West”, “The Secret Letter”, “Osiris God Of The Dead”.

8 / ARMORED SAINT

"Punching The Sky"

ARMORED SAINT - Punching The Sky

ARMORED SAINT possède cette identité propre qui le rend immédiatement reconnaissable, sans qu’on puisse réellement poser le doigt dessus facilement.

Le duo de guitaristes Sandoval/Duncan qui n’a plus rien à prouver mais continue de s’éclater avec des riffs et des solos qui ne réinventent pas la roue mais font un bien fou. Quant à la section rythmique Gonzo Sandoval / Joey Vera, ils se connaissent tellement que leur association est parfaite en un claquement de doigts.

Et puis il y a John Bush, chanteur toujours sous-estimé, à la voix ultra puissante et au timbre unique et qui encore une fois montre qu’à 57 ans il continue de dominer de la tête et des épaules une bonne partie de ses petits camarades. Il donne tout en permanence, de manière ultra carrée et avec tellement de facilité qu’on se demande si il est réellement à son maximum.

A ce stade, ARMORED SAINT, vous l’avez ou pas. Tout ce que je peux vous dire c’est de leur redonner une chance, vous serez probablement surpris.

Morceaux recommandés : “End Of The Attention Span”, “Never You Fret”, “Missile To Gun”, “My Jurisdiction”.

7 / GREEN CARNATION

"Leaves Of Yesteryear"

GREEN CARNATION - Leaves Of Yesteryear

J’avoue ne pas être familier du groupe, mais j’ai pris une énorme gifle à l’écoute de cet opus. C’est d’une subtilité rare, en équilibre entre le doom, le heavy, le prog néo romantique. Autant d’élément qui colorent leur musique avec une mélancolie presque tragique.

Avec des morceaux longs mais qui sont assez variés et progressent assez pour ne pas devenir chiant, et des musiciens qui savent comment tirer le meilleur parti de la place qu’ils occupent dans le style si particulier du groupe, on peut ressentir chaque note, chaque transition, chaque changement de rythme mais toujours avec délicatesse, voire même une certaine douceur.

Et chapeau à la reprise du « Solitude » de BLACK SABBATH, que le groupe s’est parfaitement appropriée et que j’ai mis un peu de temps à reconnaître, tant elle se fond parfaitement dans l’univers de GREEN CARNATION, sans perdre la magie qui rendait l’original magnifique.

Un grand album pour un groupe que je m’en vais redécouvrir de ce pas.

Morceau recommandé : Tous. Y’en a que 5.

6 / BENIGHTED

"Obscene Repressed"

BENIGHTED - Obscene Repressed

38 minutes de pure intensité et de pur défonçage d’oreilles en règle, ça aide à se détendre. Surtout que BENIGHTED est très loin d’être un groupe bas du front. Les stéphanois savent manier les variations, savent vous prendre de court en partant dans des directions inattendues, là où beaucoup de groupes death/grind confondent violence et bourrinage.

Bien sûr, ça reste aussi gras et sale que l’atelier d’un boucher cannibale de film d’horreur. Mais toujours avec ce petit côté chirurgien fou qui sait couper pile ou ça fait le plus mal. Genre l’intro de « Brutus », toute douce mais où tu sers les dents parce que tu sais que ça va exploser ou la présence de Jaime Jasta de HATEBREED qui vient gueuler sur « Implore The Negative ».

La production est ultra claire et dynamique, ce qui renforce ce sentiment d’oppression permanente, d’un assaut auditif permanent. Le tout avec des morceaux courts et efficaces, pour un rendu optimal. Comme quoi la France et le metal extreme, c’est toujours efficace.

Morceaux recommandés : « Muzzle » pour son break jazz totalement WTF, « Brutus » pour la transition intro/couplet, « Scarecrow » pour son côté jusqu’au-boutiste, « Nails » pour son intensité continue.

5 / SEPULTURA

"Quadra"

SEPULTURA - Quadra

SEPULTURA fait un album sur le Quadrivium, les 4 arts mathématiques antiques : arithmétique, géométrie, musique, astronomie. 12 morceaux, divisés en 4 parties de 3 morceaux, chacun explorant une facette de l’histoire du groupe. La période thrash des débuts, la phase tribale de la fin des années 90, le côté plus expérimental de « Machine Messiah » et une dernière partie plus mélodique, qui marque la suite de leur son et l’une des directions qu’il est possible de prendre.

Et ça déglingue, de A à Z. Kisser est monumental à la guitare et ses compositions sont une nouvelle fois irréprochable, Derrick Green au chant fait l’effet d’un boxeur poids lourds qui y va à fond tout le long, Paul Jr est certes en retrait mais sa basse groove toujours autant. La révélation c’est Eloy Casagrande jeune batteur de 29 ans, qui envoie des parpaings par paquets de 25 et qui insuffle une énergie cathartique à l’ensemble.

Morceaux recommandés : « Means To An End » pour la mandale, « Capital Enslavement » parce que le moshpit c’est bien, « Guardians of Earth » pour sa puissance et sa complexité, « Agony Of Defeat », pour sa montée en puissance et son intensité.

4 / CIRCA WAVES

"Sad Happy"

CIRCA WAVES - Sad Happy - Small

Le single « Sad Happy » j’ai dû l’écouter 23 fois en deux jours et qu’il m’est resté dans la tête pendant des semaines. Il faut dire qu’un morceau qui parle de mélancolie et de lassitude avec douceur et délicatesse, c’était précisément ce dont j’avais besoin.

L’ensemble est très cohérent au niveau du son, du mix et de la méthode de composition, mais les deux faces sont très légèrement différentes, comme si la tristesse et le bonheur n’étaient finalement jamais très loin l’un de l’autre.

Au final, je ne vois pas quel morceau j’aurais pu retirer ici, parce que j’ai fini par tous les aimer et que chacun d’entre eux me permet d’aller chercher un sentiment bien précis et en fermant les yeux, de me plonger dedans.

Curieusement, une fois terminé, cet album ne rend pas triste, ni même vraiment joyeux. Il laisse l’auditeur dans un entre-deux un peu bizarre, mais clairement positif et qui donne envie de mettre un pied devant l’autre pour voir ou l’univers nous porte. Une très grande découverte et un groupe qui fera fondre même les plus réticents.

Morceaux recommandés : « I Wanna Be Your Drug » parce que c’est l’excitation, « The Thnigs We Knew Last Night » parce que c’est le bonheur simple et pur, « Sad Happy » parce que c’est la mélancolie et un tube absolu, « Birthday Cake » parce que la nostalgie parfois c’est beau.

3 / CHRONUS

"Idols"

CHRONUS - Idols

On écoute le premier morceau, on conclue sur un « mouais, c’pas dégueu ». Sauf que quand 3 heures plus tard on en est encore à fredonner le riff et la ligne de chant, c’est qu’il y a un truc. Et ce truc, c’est que « Idols » c’est un album de purs tubes.

Porté par des riffs de tueurs et une section rythmique aussi affûtée que percutante, les 36 minutes de l’album filent à toute vitesse sans qu’on s’en rende vraiment compte.

Les compositions sont assez simples et directes, les fioritures n’ont pas leur place ici, mais CHRONUS ne tombe pas dans le piège de la facilité ou de la redite, ce qui permet à l’ensemble d’explorer de nombreux territoires, qui vont du revival 70s moderne au KISS le plus assumé.

Ils savent aussi transformer cette simplicité en force, puisqu’elle permet de libérer leur plus grande force : un chanteur dont la voix est un subtil mélange entre Ozzy Osbourne et Brent Hinds de MASTODON. Pas une chanson ou je n’ai pas immédiatement voulu chanter en chœur, pas un refrain qui ne me soit pas resté dans les oreilles pendant des heures.

Avec cet opus, CHRONUS devient une formation à suivre à la loupe, et « Idols » mérite à nouveau toute votre attention.

Morceaux recommandés : « Shepherd », « Heavy Is The Crown », « Idols », « Memories My Heart Is Longing For You ».

2 / THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA

"Aeromantic"

THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA - Aeromantic

Je peux désormais le dire parce que des singles qui repompent ouvertement les 80s j’en bouffe 250 par mois : ça reste hyper compliqué de bien le faire.

La musique de TNFO c’est avant tout un savant dosage de kitsch, de too much, de synthés flamboyants, de tenues bariolées, de composition millimétrées, de fun, de riffs qui butent, de refrains immédiats, de chœurs parfaitement placés et surtout d’influences parfaitement digérées.

Je cite souvent TOTO en les écoutants parce qu’ils ont la même façon d’écrire un morceau : comment faire le plus simple possible, sans tomber dans la facilité. Mais vous avez aussi du ABBA pour les harmonies, du KISS sur les guitares, du BOSTON sur les lignes de chant…

C’est un incroyable patchwork extrêmement bien agencé qui a la même fonction qu’un énorme gâteau au chocolat : se faire plaisir et en faire profiter les autres. C’est généreux, riche mais pas écœurant, parce que ce n’est ni trop gras, ni trop sucré, ni trop chocolaté.

Finalement TNFO c’est juste une bande de potes qui ne se prennent pas au sérieux mais qui le font sérieusement, parce qu’ils aiment ça, et qu’ils ont envie de nous transmettre se plaisir. Et moi, je ne refuse jamais un cadeau.

Morceau recommandés : « Divinyls » parce que c’est un tube absolu, « Transmission » parce que le solo de violon bute, « Golden Swansdown » parce qu’on a tous besoin d’une ballade too much dans la vie, « Sister Mercurial » parce que j’ai mis du temps à l’apprécier mais qu’il est une bonne synthèse de l’album.

N° 1 /ex aequo

CODE ORANGE

"Underneath"

CODE ORANGE - Underneath

Un album dont le seul but c’est de prendre l’intégralité du négatif de l’univers pour te le balancer dans la gueule, jusqu’à ce que physiquement ça en devienne douloureux, c’était probablement ce qui pouvait m’arriver de mieux.

Il faut dire qu’entre le chant beuglé et bourré d’effet agressifs de Jami Morgan, qui veut juste t’éclater la gueule à coup de batte et le chant clair de Reba Meyers, qui te dit juste que c’est normal d’avoir envie de vomir sur ce monde de connards, on n’est pas sur un registre de la gentillesse et de l’amour universel.

En voulant repousser les limites de son propre son, via les expérimentations électroniques, les samples et l’accent mis sur les aspects indus, CODE ORANGE réussit à surprendre à chaque seconde de chaque morceau, sans jamais faire dans le what the fuck gratuit.

Pour autant, le groupe n’oublie pas la mélodie, et bien qu’ici on soit sur de la mélodie vicieuse et malfaisante, elle n’en reste pas moins infectieuse et redoutablement accrocheuse.

C’est d’ailleurs ce qui fait la force et de sa lourdeur de ce « Underneath », cette volonté absolue de ne jamais faire de compromis, de tenir le cap coûte que coûte. CODE ORANGE surprend, parce que CODE ORANGE va exactement là où on ne l’attend pas.

En jouant perpétuellement sur le contraste entre la froideur de l’indus et de l’electronique et la colère brûlante du hardcore, et en proposant un univers ultra cohérent et intelligent, CODE ORANGE, s’affirme encore une fois comme la formation montante du moment et il est grand temps que sa popularité sur notre sol soit enfin en adéquation avec son talent.

Morceaux recommandés : Tout. Ça va être difficile et intense, mais chaque morceau a son importance et est assez dense pour vous occuper des heures.

N° 1 /ex aequo

RUN THE JEWELS

"RTJ4"

RUN THE JEWELS - RTJ4

J’aime profondément le rap, même si je viens du rock et même si j’avais adoré certains albums ces dernières années, je trouvais toujours une raison de ne pas les mettre dans mes tops albums.

Mais la, c’est juste impossible RTJ4, quatrième album de Run The Jewels est une tuerie d’un niveau tel que pour moi rien n’a pu le détrôner de ma playlist. Je veux dire : depuis juin, j’en parle à Shyanna tous les deux jours.

J’ai lu les paroles, je les ai traduites, pendant des heures. C’est magistral. A quel moment une punchline comme « N’oubliez jamais, dans l’histoire de Jésus c’est l’état qui l’a tué. » ça ne vous décolle pas une claque magistrale.

Et c’est comme ça sur tout l’album, qui est ultra sombre et heavy, avec des prods qui suintent les basses et l’appel à la révolte. EL-P et Killer Mike ne cachent pas leur amour de la musique heavy, et j’avoue avoir entendu du MINISTRY, du DEFTONES ou du RAGE AGAINST THE MACHINE au fil des morceaux.

C’est un grand album qui parce qu’il n’a pas peur de se confronter à la réalité du monde qui l’a vu naître sait aussi comment donner de l’espoir en rappelant à l’auditeur qu’il n’est pas fou, qu’il n’est pas le seul à trouver que le monde est à chier. Et surtout, quoi qu’il arrive, à la fin, on peut compter les uns sur les autres et on l’aura notre grande fête à la fin.

C’est d’une intensité rare, d’une puissance à faire chialer et sans déconner, au milieu du bordel ambiant, c’était salvateur.

Evidemment tout est recommandé, avec une explication de texte parce que ce n’est pas toujours évident. Mais à la fin, vos oreilles, votre culture, et surtout vous-même, en sortirez grandi.

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