THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA – Aeromantic

Écrit par sur 29 janvier 2021

La première fois que j’ai eu une conversation sérieuse avec Shyanna sur le rock, on en est venus à nos groupes favoris. Quand est venu son tour, sans sourciller, elle balance : « J’adore TOTO ». Incrédulité. Elle confirme : « Oui, TOTO ». Ce sextet totalement has been de soupe radiophonique avec des titres chiants comme « Rosanna », « Hold The Line » et surtout, l’infâme « Africa » ? J’ai ri. Beaucoup.

Sauf que là on est dix ans plus tard. Et c’est elle qui rit. Beaucoup. Parce qu’elle avait raison, TOTO ça déboîte. Aujourd’hui je place, à juste titre, « Africa » parmi les meilleures chansons de tous les temps. C’est même grâce à mon jugement révisé que j’ai enfin pu m’ouvrir à tout un pan de la musique, revenir aux plus grandes heures de l’AOR des années 80 et juste kiffer comme jamais. Et surtout, j’ai pu apprécier THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA. Comme quoi, parfois avoir tort c’est cool.

THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA Aeromantic album cover

Sorti le 28/02/2020 sur Nuclear Blast.

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Tracklist :

01. Servants Of The Air
02. Divinyls
03. If Tonight Is Our Only Chance
04. This Boy’s Last Summer
05. Curves
06. Transmission
07. Aeromantic
08. Golden Swansdown
09. Taurus
10. Carmencita Seven
11. Sister Mercurial
12. Dead Of Winter

Line-up :

Björn « Speed » Strid (Chant)
David Andersson (Guitare)
Sebastian Forslund (guitare)
Richard Larsson (Claviers)
Sharlee D’Angelo (Basse)
Jonas Källsbäck (Batterie)
Anna-mia Blonde (Chœurs)
Anna Brygård (Chœurs)

THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA

Vol direct en partance pour 1985.

Le groupe nait en 2007 sous l’impulsion de Bjorn « Speed » Strid et David Andersson de SOILWORK. L’idée des deux musiciens est simple : remonter dans le temps entre 1977 et 1985 et se bloquer à cette époque. Un peu par nostalgie, mais surtout parce que, et je cite : « il s’agit d’un art de la composition et de l’interprétation de chansons qui a été perdu depuis pas mal de temps, or nous croyons que c’est intemporel, et très organique. ». Ils sont ensuite rejoint par le bassiste Sharlee D’Angelo (ARCHE ENEMY), le batteur Jonas Källsbäck (MEAN STREAK), le multi instrumentiste Sebastian Forslund (KADWATHA) et le claviériste Richard Larsson (VON BENZO), remplacé en 2020 par John Lönnmyr.

« Aeromantic » est leur cinquième album, et si le principe de la recette est toujours le même, les différences avec son prédécesseur sont quand même suffisamment présentes pour qu’on évite la redite facile.

Premier point positif : le mix est absolument parfait. Rien à redire, c’est du grand art. Rien n’est oublié et chaque nouvelle écoute vous fera découvrir un nouvel élément de cet album dont vous ne pourrez plus vous passer par la suite.

Parce que oui, en plus d’un son parfait, l’album, comme ceux de TOTO, regorge d’énormément de couches qu’il faut découvrir au fur et à mesure. Il suffit d’écouter « Servants Of The Air » et « Divinyls » et de se concentrer sur la basse une fraction de seconde pour réaliser qu’une basse aussi fluide, présente et claire, dans ce type de rock c’est extrêmement rare. Et l’entendre comme ça est un réel plaisir, parce que Sharlee D’Angelo, déroule des rythmiques qui tuent à chaque fois et viennent appuyer autant la batterie que les guitares sans jamais se contenter de copier l’une ou l’autre. Sans lui, pas sur que « If Tonight Is Our Only Chance » soit aussi efficace ou que « Sister Mercurial » marque autant les esprits.

THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA Full band

Je suis d’ailleurs surpris de voir que la plupart des morceaux reposent plus sur le duo basse/claviers que sur l’habituel duo guitare/claviers qu’on trouve d’habitude sur ce type d’AOR. Il faut dire que la débauche de claviers est souvent moquée dans le son des années 80, quand c’est bien utilisé, c’est absolument fabuleux. Notamment sur le beaucoup trop sucré « Golden Swansdown », qu’on croirait tout droit sorti d’un best of de SURVIVOR ou de FOREIGNER. Ou encore les couplets de « Taurus », qu’on imagine sans aucun problème dans la bande originale de « Footloose » ou « Flashdance », au moment où l’un des personnages principaux, confronté à un dilemme capital pour le reste de sa vie décide de claquer sa danse la plus stylée, parce qu’en 1985 tout peut se résoudre par une chorégraphie passionnée.

On pourrait croire la recette éculée, mais en se renouvelant juste ce qu’il faut, la formation arrive à nouveau à surprendre. Les influences de YES, KANSAS et BOSTON, sont ici mises en retrait pour un résultat encore plus grandiloquent et radiophonique que son prédécesseur : « Divinyls » est un tube absolu, immédiat et imparable, « Golden Swansdown » est une de ces ballades sirupeuse à souhait, tellement kitsch qu’elle en devient géniale, « Sister Mercurial » et sa rythmique irrésistible vous restera dans les oreilles pendant des jours, « If Tonight’s Our Only Chance » est un hymne porté par un refrain fédérateur et épique comme il faut.

Même les morceaux un peu plus faibles que sont « Carmencita Seven » ou « Curves », possèdent leur petit truc bien particulier qui les rend appréciables (pour le premier, sa batterie, pour le second ses claviers chelous à chaque fin de refrain).

Mais la pièce maîtresse de l’ensemble reste le magistral « Transmissions », délicatement mélancolique, ou la guitare se manifeste au moment parfaitement opportun et qui monte en puissance jusqu’à exploser dans un solo de violon absolument génial, joué par la violoniste Rachel Hall, qui font de ce morceau un moment hypnotique presque intemporel que vous vous repasserez bon nombre de fois.

Après tout ça, il faut néanmoins le reconnaître, le vrai commandant de bord, celui par lequel la magie opère, c’est bel et bien Bjorn Strid, qui une nouvelle fois est absolument irréprochable. On commence à avoir l’habitude de l’entendre en faire des tonnes histoire de montrer qui c’est le patron, mais vu que ça continue de marcher et que le bougre à l’air de s’éclater là-dedans, il aurait tort de se priver. Surtout qu’il est maintenant soutenu par les choristes Anna-Mia Blonde et Anna Brygård, et que les quantités industrielles d’harmonies présentes sur « Aeromantic » contribuent à lui donner cette touche TOTO/ABBA qui lui donne tout son charme.

Évidemment, on peut lui trouver des défauts : moins hard rock que ses prédécesseurs, une batterie un peu en retrait, des riffs qui gagneraient à être un poil moins noyé dans le mix… Mais au final, cet album est une friandise, un moment de douceur, d’évasion et de plaisir dont j’avais clairement besoin en 2020. Et malgré ses petits défauts, j’y suis revenu encore et encore tout au long de l’année à tel point que je fus obligé de me soumettre et d’admettre que cet album défonce.

L’ultime niveau du plaisir total et décomplexé et un groupe qui continue son parcours sans faute, pour le meilleur et le too much.


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