Que ça soit le couplet de Killer Mike sur “Walking In The Snow”, avec le glaçant « Until my voice goes from a shriek to whisper “I Can’t Breathe »” (4), ou l’ambiance globale est à la colère, la rage de vivre et d’exister face à une machine à broyer ceux qui lui ressemblent. Ou bien EL-P qui s’inquiète de l’avenir de l’environnement : « Fuck y’all got, another planet on stash? Far from the fact of the flames of our trash? » (5), tout y passe et avec talent.
Le message de cet album, à travers l’histoire de Yankee & The Brave, c’est celui d’une révolution. Vivre libre ou mourir. Et pour ça, pas de meilleur final que l’incroyablement puissant « A Few Words For The Firing Squad », générique de fin qui voit nos deux héros délivrer deux intenses couplets juste avant de se faire fusiller. L’album se termine alors, sur le générique de « Yankee & The Brave » pour venir reboucler sur le premier morceau, comme si tout ça n’était finalement qu’un cercle vicieux à briser.
« RTJ4 » est un immense album. Point barre. Il vous touchera, vous hantera, vous fera rire, pleurer, vous emplira de rage, vous calmera et vous donnera surtout envie de péter le système. Comme le dit l’intro du clip de « Ooh La La » : un jour la longue bataille entre l’humanité et les forces de l’avidité et de la division prendra fin, et ça jour là on fera une putain de fête. En attendant, « RTJ4 » reste la bande son parfaite dans le chaos ambiant.
Notes :
(1) « Regarde tous ces esclavagistes qui posent sur tes dollars ». Il faut savoir que Georges Washington (billet de 1 dollar), Thomas Jefferson (billet de 2 dollars), Andrew Jackson (billet de 20 dollars), Ulysses S. Grant (billet de 50 dollars) et Benjamin Franklin (billet de 100 dollars) ont tous possédés des esclaves.
(2) « Comment peut-on être la paix quand la bête se prépare à aller au pire ? »
(3) « J’ai une grenade dans le cœur, et la goupille est dans leur paume ». Ici elle explique que toute la colère, la frustration des afros américains a été libérée par les actions de la police et des dirigeants, qui ont dégoupillé cette grenade. Oui ça a été enregistré en 2019.
(4) « Jusqu’à ce que dans un cri ma voix hurle « je ne peux plus respirer » », écrit suite au décès d’Eric Garner en 2014 suite à une interpellation avec clé d’étranglement.
(5) « Merde, vous avez une autre planète sous la main vous ? Loin de toutes les flammes de nos déchets ? »