… Si un canadien fou n’avait pas jugé bon de poser sur la table un titan de 74 minutes.
Alors je vais être honnête : je suis un fan hardcore de DEVIN TOWNSEND. Mais même en tempérant mes réactions de fanboy total rien à faire : « Empath » est mon album de l’année. Et ce, après approximativement 250 écoutes.
Déjà parce qu’il faut admirer le courage du mec qui décide de lâcher sa poule aux œufs d’or (le DEVIN TOWNSEND PROJECT) pour décider d’aller faire son album (sur les conseils de Chad Kroeger de NICKELBACK en plus). Et pas juste un album solo : un album où il est véritablement le seul maître à bord, et où sa créativité peut exploser dans son intégralité. Et bordel quelle explosion…
« Empath » est un incroyable mélange de tous les styles possibles et imaginables, un incroyable exercice dans l’art de la transition. Prenons le premier vrai morceau : « Genesis ». Le niveau de précision et de minutie qu’il faut pour ne pas faire d’un truc aussi dense une purée incompréhensible et indigeste est dantesque. On passe de bruits de chatons, à du djent, à du symphonique, puis du disco en 30 secondes. C’est comme ça tout le long de l’album, ça part dans absolument tous les sens, mais pourtant la cohérence est toujours respectée, ce qui permet à des chansons comme « Spirits Will Collide » ou « Hear Me » de cohabiter sur un album, alors que normalement les deux n’ont rien à faire ensemble.
Au-delà de la créativité il y a le talent. « Why ? » est certainement l’une de ses meilleures performances vocales (et démontre que Disney devrait lui faire écrire une bande originale). Les trois batteurs (Morgan Agren, Samus Paulicelli et Anup Sastry) sont phénoménaux, les invités sont parfaitement intégrés et les chœurs sonnent enfin comme des vrais chorales, pas juste des pistes de voix multipliées. Après une trentaine d’écoutes, je trouve encore des détails que j’avais ratés, des variations qui se révèlent enfin et je sais que je n’ai pas encore fini.
« Empath » est un chef d’œuvre. Le cri de liberté d’un génie musical, un tsunami sonore qui flirte avec le too much sans jamais tomber dedans. En cherchant à répondre à la question : « C’est quoi une émotion ? » Devin Townsend finit par toutes nous les faire ressentir et on assiste en direct au processus de gestion et de maîtrise de ce flux, qui se termine par les 22 minutes glorieuses de « Singularity ».
Un album de l’année qui pourrait concourir pour le titre d’album de la décennie. Et quiconque dira le contraire n’a aucune idée de ce qu’est la musique. Point.
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