Le top 15 de Gus (2019)

Écrit par le 15 février 2020

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Les 15 meilleurs albums de l'année selon Gus.

Oui d’accord, je suis un peu à la bourre. Mais en même temps, c’était assez dur de classer tout ça, donc ça a beaucoup bougé. Et puis il fallait bien que je vous dise autre chose que « Ça défonce. Écoutez. » Surtout que 2019 a encore une fois été un très bon cru pour le rock sous toutes ses formes. Et bon ok j’avoue, avec le retour des émissions, j’ai refait pas mal de découvertes qui m’ont un peu distrait dans mes recherches. Mais ça vous allez l’entendre sur tout 2020. Alors merci de nous suivre, on vous prévoit tout plein de choses. Stay rock’n’roll bitches !

G.

15 / ELECTRIC MARY

"Mother"

ELECTRIC MARY Mother

Toujours difficile de résister à du bon gros hard rock Australien, surtout que ça fait un bon moment qu’on attendait des nouvelles d’ELECTRIC MARY.

Et force est de constater que « Mother » reprend les choses très précisément là où « The Last Great Hope les avait laissées. Un hard rock pétri de blues, tanné par le soleil et la chaleur de l’Australie.

La voix de Rusty Brown se bonifie avec le temps et le chanteur réussit à être le compromis parfait entre Bon Scott et Glenn Hughes, entre émotion, mélodie et puissance (« It’s Alright », « How Do You Do It »). Derrière ça riffe avec groove, sans jamais se prendre la tête ou chercher à se compliquer la vie pour rien. Le travail des guitares finit, au fil des écoutes, par vous rentrer dans la tête tant et si bien que vous n’allez jamais réussir à oublier les riffs de tubes comme « The Way You Make Me Feel » ou « Gimme Love ».

Petite tuerie d’à peine 35 minutes, « Mother » confirme tout le bien qu’on pensait d’ELECTRIC MARY, et provoquera des petits frissons à tous les amoureux de ce hard classique toujours aussi jouissif. A espérer qu’on n’attende pas 8 ans pour le prochain (il me faut ma dose moi).

Morceaux recommandés : “Gimme Love”, “Sorry Baby”, “It’s Alright”, “Woman”.

14 / RPWL

"Tales From Outer Space"

RPWL Tales Outer Space

Avec le temps, j’ai développé une affection très particulière pour un type d’album : ceux qui, en à peine quelque notes réussissent à m’emmener dans ma “happy place”. Et il s’avère que grâce à ses sonorités très gilmouriennes, RPWL y arrive très bien.

Avec ses claviers éthérés et cotonneux, sa production chaude et ronde, c’est le genre d’album qui vous invite à vous plonger dans un état contemplatif. Vous profiterez des longues mélodies déployées à travers des morceaux dont l’apparente simplicité, toujours au service de la musicalité et de la chanson, rappelle un MARILLION des années 80. Notamment avec des guitares qui ne jaillissent qu’après plusieurs écoutes, pour un résultat qui emplit l’auditeur d’un calme et d’une paix redoutablement efficaces.

Alterner les pièces courtes à tiroir, avec des morceaux plus longs, permet à RPWL de jouer sur les émotions et les styles avec une dextérité et une précision (la section rythmique est discrète mais redoutable pour ça) qui donnent envie de prolonger l’expérience encore et encore en passant « Tales From Outer Space » en boucle.

Un album de rock progressif sucré et délicat, qui n’aura de cesse de ravir les oreilles de quiconque aime les mélodies calmes et élégantes.

Morceaux recommandés : “A New World”, “What I Really Need”, “Welcome To The Freak Show”.

13 / FIRE FROM THE GODS

"American Sun"

FIRE FROM GODS American Sun

J’avoue avoir mis un peu de temps à rentrer dans ce deuxième opus de FIRE FROM THE GODS. La faute à des compositions un peu moins immédiates que sur le précédent et à une production un poil moins percutante.

Mais une fois ces deux points digérés, il faut rendre au quintet Texan ce qui lui appartient : il réussit parfaitement son coup avec ce deuxième opus, plus diversifié mais qui continue à faire la part belle à la voix incroyable d’AJ Channer. Le chanteur est clairement la star ici, et tout est fait pour mettre en valeur son étendue vocale, depuis le puissant « Right Now », jusqu’au rap de « All My Heroes Are Dead ».

Si la production paraît effectivement moins percutante, c’est parce que les compositions se sont affinées et la subtilité est donc de mise. Elle fait parfaitement ressortir toutes les nuances qui donnent leur force aux morceaux. Chapeau à Erik Ron sur ce coup-là.

Avec des riffs qui passent facilement du djent, au metalcore, voir au nu-metal du début des années 2000 (l’excellent « They Don’t Like It », en duo avec Sonny Sandoval de P.O.D.), des ambiances plus travaillées et des refrains qui butent à chaque fois. « American Sun » réussit à pousser sa teneur politique sans jamais faire dans le caricatural.

L’essai est donc transformé pour FIRE FROM THE GODS qui confirme son potentiel, et mérite toute votre attention.

Morceaux recommandés : “Truth To The Weak”, “Right Now”, “Out Of Time”, “Another Level”.

12 / SUM 41

"Order In Decline"

SUM 41 Order Decline

Si on m’avait dit en début d’année que SUM 41 serait capable de sortir un album de ce calibre j’aurai un peu ri. Certes, « 13 Voices » marquait un retour en forme pour les canadiens, mais rien ne me préparait à cette claque.

Le groupe va plus que jamais au delà du son auquel il est traditionnellement associé, en tirant très fortement du côté du metal, des influences de MUSE (notamment sur la section rythmique) et en alternant les gros riffs qui tachent avec des passages plus calmes (« A Death In The Family »). La voix de Deryck Whibley fait ici des merveilles et le chanteur n’avait pas été aussi efficace depuis « Chuck ».

Une par une, les chansons démontrent toute la force d’un groupe qui n’a jamais aussi peu mérité une étiquette pop-punk, chez qui la légèreté et l’innocence laissent place à une introspection et une maturité qui jamais ne tombe dans le cynisme. Avec des paroles qui alternent charges politiques et moment plus intimes, « Order In Decline » est magnifiquement construit, avec en point d’orgue la sublime ballade « Never There ».

Un album surprenant d’intensité et d’émotion, mais qui achève la mue d’une formation sur laquelle il faut de nouveau compter. Et c’est très bien comme ça.

Morceaux recommandés : “Turning Away”, “Heads Will Roll”, “Never There”, “The New Sensation”.

11 / SWANN VALLEY HEIGHTS

"The Heavy Seed"

SWAN VALLEY HEIGHTS Heavy Seed

J’avoue que la première fois que j’ai été confronté à cet album, j’en suis sorti après très exactement 50 secondes. Sauf que j’y suis revenu. Encore et encore. En fait pratiquement à chaque fois que j’avais besoin de quelque chose pour remettre de l’ordre dans ma tête.

Parce que « The Heavy Seed » est un voyage initiatique, un labyrinthe de fuzz et de riffs dont on ne peut sortir que lorsqu’on a atteint un équilibre parfait. Exactement comme celui qu’ils ont atteint sur cet opus, entre puissance, mélodie, complexité et accessibilité.

Avec les bons ingrédients au bon moment, notamment une utilisation très intelligente du chant, ils guident l’auditeur à travers une musique de prime abord complexe mais qui se met à couler de source sans qu’on comprenne vraiment ce qui a changé dans nos oreilles. En ayant pas peur d’explorer les limites de leur son, le trio ne se repose jamais sur ses lauriers et on se laisse aisément prendre au jeu, happés par les ambiances et le plaisir qu’on ressent à travers les morceaux.

Avec en prime un son d’une clarté exemplaire (total respect à Mr Dango (TRUCKFIGHTERS) pour son travail de mix et mastering), le dosage entre stoner heavy, fuzz et psyché est toujours parfait pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Un futur grand des scènes européennes.

Morceaux recommandés : Tout. (en même temps, avec 5 morceaux…).

10 / LES SALES MAJESTES

"Overdose"

SALES MAJESTES Overdose

S’il y a bien un style dans lequel la France a toujours été au-dessus du reste du monde, c’est le punk. Sans qu’on sache vraiment pourquoi, la simplicité et la violence du genre se marie parfaitement bien avec la langue de Didier Wampas. Alors quand on sait que plus le climat politique est rance, meilleur est le punk, la qualité est forcément au rendez-vous.

Et vu l’accélération des derniers mois, on peut dire que LES SALES MAJESTES tiennent parfaitement leur rôle de tontons du game. Avec des textes aussi acérés et justes, que simples et efficaces, ils cognent sans relâche sur toute la merde de notre société, les dominants, leur égoïsme et leur autoritarisme primaire. Des paroles qu’on mémorise en un clin d’œil et qu’on peut brailler sans problèmes dès la deuxième écoute (et pour les 3000 suivantes).

Avec des durées oscillantes entre 2 minutes et 3 minutes 30, pas le temps de chipoter, ça cogne fort, vite et bien. Certaines compos flirtent même avec le métal pour une puissance à laquelle on ne s’attendait pas de leur part.

Du punk à l’ancienne qui fonctionne toujours aussi bien, invite tout le monde dans le pogo et devrait faire des ravages en concert. Et certainement la meilleure réponse à tous ces artistes « rebelles » devenus vieux cons…

Morceaux recommandés : Tout.

9 / SLIPKNOT

"We Are Not Your Kind"

SLIPKNOT WANYK

Bon alors d’entrée de jeu le truc qui fâche : Pas de « All Out Life » sur l’album. C’est nul. Sans déconner, ce titre est LE tube ultime de SLIPKNOT et détrône « Duality », rien que ça. Voilà, ça c’est dit.

Parce que pour le reste, il n’y a pas grand-chose à redire à « We Are Not Your Kind », ce sixième album des américains. Il y avait longtemps que je n’avais pas autant pris une claque sur les enchaînements de morceaux et la cohésion de l’ensemble. Soixante-trois minutes de musique qui filent sans encombre, aidé par des intermèdes (« Death Because Of Death », « What’s Next ») parfaitement placés.

Mais même avec ça, cet opus est un sacré morceau qui démontre que sans jamais perdre son identité et sa force (avec « Unsainted » ou « Nero Forte » qui tabassent) SLIPKNOT est capable de se renouveler et de repousser ses propres limites. Notamment sur le magnifiquement glauque « Spiders » et son refrain insidieux qui vous reste dans le crâne pendant des jours ou sur le tragique « Not Long For This World » qui sonne presque comme un aria d’opéra dans sa construction.

A noter que le batteur, Jay Weinberg, abat un travail titanesque et fait taire ceux qui doutaient encore de lui. C’est son jeu ultra métronomique qui fait de « Solway Firth » l’un des moments les plus mémorables de cet opus.

Un album de plus pour démontrer qu’après vingt ans, SLIPKNOT est devenu l’un des fers de lance du metal actuel. Et vu la qualité, on ne peut que s’agenouiller pour lui prêter allégeance.

Morceaux recommandés : “Unsainted”, “Critical Darling », “Spiders”, « Solway Forth ».

8 / THE HU

"The Gereg"

THE HU The Gereg

Bon, c’est donc ferme, définitif et officiel, une loi internationale est passée pour interdire le folk rock mongol d’être autre chose que génialement cool et badass. Je ne vois aucune autre explication possible. Osez me dire que vous n’avez pas l’impression de chevaucher une harley au côté des grands khans en écoutant « Wolf Totem » ?

En quelque notes superposant guitares et morin khuur (vièle à deux cordes mongole, dont le son ressemble au hennissement du cheval), on se trouve plongé dans les grandes steppes vides et superbes de la Mongolie. Tout au long de l’album, les paysages, les histoires se succèdent sans se ressembler. Ils savent être sombres et solennels sur « The Great Chinggis Khan », fiers sur « Yuve Yuve Yu », groovy et redoutablement accrocheurs sur « Shoog Shoog ».

Il faut dire que même si on ne comprend rien, on se retrouve quand même à chanter les refrains en levant le poing avant la fin de la première écoute. C’est là d’ailleurs la plus grande force de THE HU, proposer des compositions impressionnantes de profondeur mais toujours facile d’accès, ce qui permet de s’y replonger de nombreuses fois pour toujours y découvrir de nouveaux éléments.

Un premier album de très haute volée, pour un quatuor (si si) qui marque les esprits partout où il passe, et qui le mérite clairement. Par contre évitez d’aller piller l’appartement de votre voisin après écoute, ça fait mauvais genre.

Morceaux recommandés : “Wolf Totem”, “The Great Chinggis Khaan”, “The Legend Of Mother Swan”, “Shoog SHoog”, “Shireg Shireg”.

7 / KORN

"The Nothing"

KORN The Nothing

Si les deux dernières offrandes de KORN avaient mis fin à 10 ans de traversée du désert, il était assez clair que les plus grandes heures de KORN étaient derrière nous. Jusqu’à ce tragique 12 août 2018, ou Deven Davis, deuxième épouse de Jonathan Davis est décédée d’une overdose accidentelle. Et GOJIRA nous l’a montré en 2016, un décès change tout.

« The Nothing » est l’un des albums les plus cathartiques que j’ai jamais entendu. Dès l’intro, Jonathan Davis pose les bases : “Why did you leave me?”. Le chanteur a également tenu à laisser toutes ses réactions à vif pendant l’enregistrement (les pleurs de l’intro, la rage finale de “You’ll Never Find Me ») et on a souvent l’impression d’entendre non pas un album mais une séance de thérapie particulièrement violente, marquée par des paroles où la tristesse se la dispute à l’incompréhension.

Surtout que derrière, on sent des musiciens plus unis que jamais et qui déploie tout leur arsenal pour soutenir leur ami. Notamment Ray Luzier qui se montre toujours plus incroyable en martyrisant ses fûts et qui semble canaliser toute la colère de Davis sur sa batterie. La production fait d’ailleurs la part belle à ce contraste entre la voix du chanteur et le mur sonore sur lequel elle s’appuie.

« The Nothing » est d’une honnêteté et d’une franchise rare. Beau dans sa souffrance et sa colère brute, il est une expérience unique, un deuil qui se fait en direct, une lettre d’adieu qui réalise ce qu’elle dit pendant son écriture. Un grand album, qui se place tout de suite au sommet de la discographie de KORN.

Morceaux recommandés : “You’ll Never Find Me”, “Idiosyncracy”, “Can You Hear Me?”, “H@rd3r”.

6 / RAMMSTEIN

"Rammstein"

RAMMSTEIN Rammstein

L’album avec lequel je me suis le plus tapé la tête contre le mur en 2019. Non pas à cause de la musique, mais à cause des « fans » de RAMMSTEIN. Parce que c’est très très con un fan.

Il faut oser dire que cet album « est fade », quand on a des tubes à la pelle, du riff gras et des claviers putassiers porté par des grosses rythmiques de bourrin et de la testostérone à la tonne comme sur « Deutschland », « Weit Weg » ou « Sex ». Parlons en tiens de ce morceau là… Découvrir en 2019 que RAMMSTEIN parle de cul en mode bas du front fallait quand même oser. Surtout que le morceau sera une mandale en live vu la batterie de tueur.

Ah oui mais c’est du RAMMSTEIN « qui fait du RAMMSTEIN ». Ça tombe bien : « Radio », « Auslander » et “Puppe » (qui s’essouffle après quelques écoutes certes) sont là pour modifier la recette. Surtout que ces deux titres démontrent toute la puissance des paroles de Till Lindemann. Et après un début facile d’accès, la seconde moitié est bien moins évidente à maîtriser, et nécessite bien plus d’attention, jusqu’à « Halloman », le meilleur final d’album de 2019.

Donc, très cher « fan », si tu ne trouves pas ton compte dans cet album, je te suggère d’aller te racheter des oreilles, parce que les tiennes sont complètement cassées là. Ça bute et c’est exactement ce que RAMMSTEIN devait sortir.

Morceaux recommandés : « Deutschland », « Auslander », « Weit Weg », « Hallomann ».

5 / SKRAECKOEDLAN

"Earth"

SKRAECKOEDLAN Earth

Bon bah oui, encore une sortie Fuzzorama… Mais en même temps je suis censé faire quoi moi ? Dire non à un album de stoner qui tire sur le prog avec des riffs de tueurs tout le long ? Surtout quand c’est un album concept avec une histoire Lovecraftienne et tout… A l’impossible nul n’est tenu.

Chanté intégralement en Suédois (ce qui est inhabituel mais passe crème), “Eorþe” (“Earth”, donc) est une incroyable aventure musicale. A la frontière entre prog, psyché, doom, stoner classique avec par ci-par là des petites touches de synthwave (on vous voit les claviers de “Kung Mammut”), il arrive à alterner les tons, les ambiances et les styles sans jamais se montrer incohérent ou brouillon (les 3 dernières minutes de “Creatures Of Doggerland”). A tel point qu’on ne réalise souvent même pas qu’on est resté dans le même morceau.

La production est parfaite, avec un relief incroyable, une délicatesse et une précision qui raviront n’importe quel amateur de gros son fuzz et subtil à la fois. Tous les ingrédients font parfaitement honneur à l’histoire de Nils Håkansson (que je ne vous spoile pas, mais c’est grave stylé). SKRAECKOEDLAN confirme donc le talent de Fuzzorama pour dénicher des putains de talents et “Earth” est incontournable pour tous ceux qui veulent un peu plus de stoner dans leur MASTODON.

Morceaux recommandés: “Kung Mammut”, “Creature Of Doggerland”, “Elfenbenssalama”.

4 / YEAR OF THE GOAT

"Novus Orbis Terrarum Ordinis"

YEAR OF GOAT Novis Orbis

Alors déjà non, ce n’est pas parce que j’ai peur que Shyanna m’essorille à la petite cuillère rouillée que j’ai mis YEAR OF THE GOAT aussi haut (même si le risque est réel, j’en conviens). C’est avant tout parce que le niveau de maturité montré par la formation sur ce troisième opus est à couper le souffle.

Parce qu’il faut quand même être très fort pour sonner plus BLUE OYSTER CULT que jamais, tout en réussissant à affirmer son identité. En maîtrisant à la perfection la formation à trois guitaristes, les suédois propulsent un mur sonore fait de longs riffs de pur hard blues des années 70 qui se montrent aussi efficaces qu’addictifs.

Je dois le confesser, j’ai été réticent à ce nouvel album, mais au fil du temps, je me suis surpris à avoir mémorisé, à mon insu, pratiquement toutes les mélodies et les lignes de chant. Car malgré son apparente simplicité, « N.O.T.O. » affiche presqu’une heure au compteur et prend le temps de bien développer tout ce qu’il a à dire en alternant rock 70s, blues, hard rock, le tout avec un chant irréprochable. Qu’on soit sur le très direct « Acedia », le magistralement mélancolique « Ira », ou le prêche majestueux d’ »Avaritia » (qui, au passage, contient mon riff favori de l’année), la voix de Thomas Sabbathi est phénoménale et c’est elle qui laisse régulièrement bouche bée.

Clairement le meilleur album de la formation, un troisième opus qui les met dans le haut du panier de leur style, et une lancée sur laquelle on espère les voir continuer.

Morceaux recommandés : Tout.

3 / MONKEY3 - "Sphere"

MONKEY3 Sphere

Le nouvel album des suisses de MONKEY3 est une énorme tuerie que tous les amateurs de stoner / space rock / rock psyché doivent se procurer. Voilà, c’est dit.

C’est un opus incroyable, extrêmement riche et complexe, fruit d’un travail d’orfèvre qui gère tout au millimètre près. On alterne gros riffs, lignes de basses envoûtantes, moment purement planants si bien qu’on a le sentiment d’avoir affaire à un voyage initiatique plus qu’à un album. Mettez-vous au calme, en position pour méditer et laissez-vous porter par une musique qui va pénétrer tous les pores de votre peau et vous donner l’impression de vous ouvrir brutalement à l’intégralité de l’espace. Vous allez même traverser une nébuleuse calme avant de pénétrer dans une ceinture d’astéroïdes pour assister à la naissance d’une étoile (« Axis »).

Jamais MONKEY3 n’aura sonné aussi grand et majestueux. La construction des morceaux, avec les thèmes qui se répondent, les montées qui explosent dans des solos à couper le souffle (« Mass ») est prodigieuse. Mais surtout il y a les ambiances qui se suivent sans jamais se ressembler ou se recycler (« Prism ») et les nappes de claviers qui guident l’auditeur et le mettent en sécurité le temps du voyage.

« Sphere » est un aboutissement pour MONKEY3 en étant à la fois synthèse et prolongement de toute leur discographie. Les suisses nous offrent ici un chef d’œuvre dont on espère pouvoir profiter sur scène

Morceaux recommandés : Tout (mais surtout « Mass »).

2 / ECLIPSE - "Paradigm"

ECLIPSE Paradigm

Erik Mårtensson a déclaré en interview : « Quand je vais voir un groupe, je veux entendre des chansons qui me font lever le poing et chanter en chœur et je veux que tout le monde autour de moi fasse pareil. » Bon bah voilà : le contrat est rempli.

ECLIPSE continue à vouloir totalement plier le game du hard rock type années 80. En enchainant les tubes et les hymnes aussi facilement que Bjorn Borg les revers fond de court, les suédois s’imposent comme mètre-étalon dans le domaine. On chantera en chœur tous les refrains dès la première écoute (« The Masquerade »), on tapera du pied grâce à une section rythmique toujours aussi redoutable (« Viva La Victoria »), on se prendra au jeu des chœurs (« Delerious ») et on levera le poing sur des pépites qui tiennent autant du hard fm que du heavy à la suédoise (« .38 & .44 »).

Shyanna a d’ailleurs déclaré : « Nan mais en vrai, Eclipse ça tient surtout par son chanteur… » ce qui est vrai (en plus de lui avoir permis de remporter le Captain Obvious d’Or pour 2019). Erik Martensson est une nouvelle fois l’homme à tout faire : la composition, une partie des guitares, le chant et la production. Et s’il chante de mieux en mieux à chaque album, c’est bien au niveau de la production et du mixage que son talent reste bluffant.

Le son est cristallin mais jamais plat, puissant sans être bourrin. Ça sonne à la fois années 80 tout en étant très moderne, ce qui rend « Paradigm » particulièrement agréable dans un secteur trop souvent bloqué en 1982.

En poursuivant sur la lancée de « Monumentum »,  tout en se renouvelant juste comme il faut, ECLIPSE livre un nouvel album qui le place au sommet de son style et qui aurait facilement pu prendre la tête du classement…

Morceaux recommandés : Tout.

N° 1

DEVIN TOWNSEND

"Empath"

DEVIN TOWNSEND Empath

… Si un canadien fou n’avait pas jugé bon de poser sur la table un titan de 74 minutes.

Alors je vais être honnête : je suis un fan hardcore de DEVIN TOWNSEND. Mais même en tempérant mes réactions de fanboy total rien à faire : « Empath » est mon album de l’année. Et ce, après approximativement 250 écoutes.

Déjà parce qu’il faut admirer le courage du mec qui décide de lâcher sa poule aux œufs d’or (le DEVIN TOWNSEND PROJECT) pour décider d’aller faire son album (sur les conseils de Chad Kroeger de NICKELBACK en plus). Et pas juste un album solo : un album où il est véritablement le seul maître à bord, et où sa créativité peut exploser dans son intégralité. Et bordel quelle explosion…

« Empath » est un incroyable mélange de tous les styles possibles et imaginables, un incroyable exercice dans l’art de la transition. Prenons le premier vrai morceau : « Genesis ». Le niveau de précision et de minutie qu’il faut pour ne pas faire d’un truc aussi dense une purée incompréhensible et indigeste est dantesque. On passe de bruits de chatons, à du djent, à du symphonique, puis du disco en 30 secondes. C’est comme ça tout le long de l’album, ça part dans absolument tous les sens, mais pourtant la cohérence est toujours respectée, ce qui permet à des chansons comme « Spirits Will Collide » ou « Hear Me » de cohabiter sur un album, alors que normalement les deux n’ont rien à faire ensemble.

Au-delà de la créativité il y a le talent. « Why ? » est certainement l’une de ses meilleures performances vocales (et démontre que Disney devrait lui faire écrire une bande originale). Les trois batteurs (Morgan Agren, Samus Paulicelli et Anup Sastry) sont phénoménaux, les invités sont parfaitement intégrés et les chœurs sonnent enfin comme des vrais chorales, pas juste des pistes de voix multipliées. Après une trentaine d’écoutes, je trouve encore des détails que j’avais ratés, des variations qui se révèlent enfin et je sais que je n’ai pas encore fini.

« Empath » est un chef d’œuvre. Le cri de liberté d’un génie musical, un tsunami sonore qui flirte avec le too much sans jamais tomber dedans. En cherchant à répondre à la question : « C’est quoi une émotion ? » Devin Townsend finit par toutes nous les faire ressentir et on assiste en direct au processus de gestion et de maîtrise de ce flux, qui se termine par les 22 minutes glorieuses de « Singularity ».

Un album de l’année qui pourrait concourir pour le titre d’album de la décennie. Et quiconque dira le contraire n’a aucune idée de ce qu’est la musique. Point.

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