DOWNLOAD FESTIVAL FRANCE 2018

Écrit par sur 2 juillet 2018

Après les quelques améliorations observées sur son édition de 2017, le Download Festival France repose ses miches à la Base Aérienne 217 de Brétigny Sur Orge pour sa 3ème édition. A l’époque, j’avais conclu mon report en pointant du doigt ce qui restait à faire et j’espérais donc secrètement avoir été entendu. Malgré plusieurs annonces que je qualifierai de douteuses, (comme l’ajout d’un 4ème jour pour 3h de concert des GUNS’N’ROSES par exemple), je ne me suis quand même pas laissé démonter vu que dans l’ensemble l’affiche semblait plutôt intéressante et je passais outre.

Après avoir anticipé l’horaire d’arrivée et donc d’éventuels bouchons, nous voici prêts à récupérer nos précieux sésames, c’est l’œil vif et le pas léger, certain de la volonté du festival à tout faire pour enfin révéler son potentiel, que je pénètre sur le site avec dans l’idée de passer 4 jours tranquilles pour profiter plus que d’habitude.

Sauf que ça ne s’est pas vraiment passé comme prévu…

15, 16, 17, et 18 juin 2018 - B.A. 217 Brétigny-Sur-Orge

Vendredi 15

BILLY TALENT

15h55 – 16h35 – Main Stage

Je suis toujours surpris de voir des groupes très connus dans leurs pays ouvrir des scènes dans nos contrées, mais vu le public clairsemé qui se presse devant la scène, on comprend ce choix un peu étrange. C’est avec un superbe backdrop aux couleurs de leur album « Afraid Of Heights » que BILLY TALENT, qui joue à fond la carte d’un look hommage à Jeanne Mas (comprendre : en rouge et noir), entre sur scène. Le riff ultra efficace de « This Is How It Goes » fait monter la pression alors que Ian D’Sa se voit ovationné par des fans déjà électriques. Si le morceau peine un peu à démarrer, malgré l’envie déployée par le quatuor, lorsqu’ils envoient « Devil In A Midnight Mass » tout décolle. Le public se réveille, harangué par un Benjamin Kowalewicz en très grande forme, au chant incisif et puissant. Malgré un mix qui alterne entre aucune basse et trop de basse, la section rythmique Jonathan Gallant / Jordan Hastings fait des merveilles. On est porté par un groove qui donne envie de se lâcher complétement et de se balancer en totale insouciance. Si le groupe reste très statique, D’Sa et Gallant assurant les chœurs sur tous les morceaux, il compense par une détermination à toute épreuve et une intensité qu’on se doit d’applaudir. Le pourtant calme « Rusted From The Rain » prend une dimension incroyable sur scène. On se rend compte au fil des morceaux que les canadiens réussissent à créer une ambiance très particulière, qui sonne comme un appel à accepter sa propre étrangeté et celle des autres. Tout est parfaitement en place et le quatuor déroule un véritable best-of, orientant intelligemment son set pour satisfaire les fans et les néophytes. Chaque musicien se passe le lead pour créer un moment spécial et inonder le public d’une énergie positive et communicative. Lorsque résonne l’intro du tube « Fallen Leaves » on comprend que 40 minutes viennent de passer en un clin d’œil et que c’est déjà fini. Alors on se lâche, on braille le refrain et on en redemande, parce que c’était vraiment trop bien. A revoir d’urgence et plus longuement.

Setlist BILLY TALENT :
« This Is How It Goes »
« Devil in a Midnight Mass »
« This Suffering »
« Big Red Gun »
« Rusted from the Rain »
« Surprise Surprise »
« Devil on My Shoulder »
« Viking Death March »
« Red Flag »
« Fallen Leaves »

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POWERWOLF

17h15 - 18h05 – Main Stage

Shyanna m’en est témoin, ça fait 1 mois que j’ai mémorisé tous les refrains de POWERWOLF en préparation de ce concert. Premier regard sur la scène pour observer le décor. Quoique sommaire, il est présent et le groupe se paye même le luxe d’avoir deux claviers décorés et disposés comme des ambons, ce qui surprend, vu qu’il n’y a qu’un seul claviériste. Si le site s’est un peu rempli, on tique devant un public visiblement à fond mais moins nombreux que l’année précédente à la même heure. Pas le temps de se poser des questions, les frères Greywolf entrent en scène suivi par le reste des musiciens. Après une brève intro, Attila se présente sur scène, tout sourire et les romano-teutons nous balancent le tube absolu qu’est « Blessed And Possessed ». Armé d’un refrain de tueur que les spectateurs connaissent par cœur, le groupe se met tout le monde dans la poche instantanément. On comprend que tout ira à fond, à l’image d’un Falk Maria Schlegel possédé qui manque de se détruire le cou (même si on ne l’entend pas du tout sur les trois premiers morceaux).

On enchaine directement avec « Army Of The Night », toujours sans claviers mais avec un Attila à la voix monumentale et surtout sur un refrain qui poutre lui aussi. Bon c’est vrai que c’est plus facile quand on a deux monstres de puissance aux cordes. Chaque riff balancé par les Greywolf est un ordre donné à nos corps de fans de metal de montrer des cornes ou de headbanguer en rythme. On récupère enfin le sieur Schlegel, au bout de trois morceaux. Il se donne à fond et en fait des caisses, passant d’un clavier à l’autre dès qu’il peut.

On a droit aujourd’hui à tout ce qui fait le charme de POWERWOLF : les ambiances quasi sacrées et le décorum qui va autour. Les sons d’orgues font de « Demon’s Are A Girl’s Best Friend », single extrait de « Sacrament Of Sin », une tuerie absolue que le groupe joue aujourd’hui en exclusivité mondiale.

Derrière tout ça il faut dire que la puissance de Roel Van Helden, archétype du batteur allemand de metal (uber-puissant, uber-carré), fait complètement le taf pour énergiser le public. Mais clairement, l’homme du jour reste Attila, qui s’exprime dans un français quasi parfait entre les morceaux, pour jouer avec les fans, nous faire chanter, entre autres sur le refrain d’« Armata Strigoï » ou nous apprendre ce qu’on va devoir reprendre dans le morceau qui va suivre… Il transforme son groupe en sextet le temps d’un concert et démontre toute l’importance du show et de la communication dans ces moments.

Tout le monde se donne à fond, joue le jeu et se lance à chœurs perdu dans le mythique « Resurrection By Erection ». Cinquante minutes de pur bonheur, clôturé par le génial « We Drink Your Blood » avec un groupe qu’on se doit de voir en live.

Setlist POWERWOLF :
Setlist complète non disponible.

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SIDILARSEN

18h15 –19h05 – Spitfire stage

Un coup d’œil vers la Main Stage 2, un canard géant sur scène et je comprends qu’ALESTORM a totalement abandonné son délire pirate. Ca résout donc mon premier dilemme du week-end, j’irais voir SIDILARSEN, et retrouverais la Spitfire dont j’avais apprécié l’an dernier la programmation et ce malgré sa petite taille…

Et… je ne suis pas dépaysé elle est exactement la même. On a toujours l’impression qu’elle a été rajoutée à l’arrache et qu’elle n’a rien à faire là. Ce qui pour un festival de cet envergure est quand même ridicule. Mais attends, déjà l’an dernier à quatre les mecs avaient pas la place de bouger, et quand je compte SIDILARSEN c’est… Oh merde !

Parce que oui, on ne va pas chercher midi à quatorze heures, ce concert fut une énorme déception. Pourtant ça commençait plutôt bien avec l’accrocheur et dansant « Retourner La France » balancé devant un public amorphe au-delà du second rang. Turbo fait bitcher tout le monde avec son jeu de batterie percutant comme jamais. Sauf qu’en avant-scène, les quatre autres zicos sont collés les uns aux autres et sont visiblement à l’étroit. Dès « Back to Basics » cette gêne se fait ressentir. Aucun d’eux ne peut réellement s’exprimer comme il le voudrait parce qu’il doit faire autant attention à son voisin qu’à ce qu’il est en train de jouer. Malgré tous les efforts d’un groupe qui ne démérite pas, notamment Didou, perpétuellement en mouvement sur son petit espace, impossible pour eux de transmettre l’énergie souhaitée. Pourtant le public se réveille doucement, et on voit de plus en plus de spectateurs se masser devant la scène, certains se mettant même à danser en suivant le rythme.

Si la setlist est bien faite, elle est complètement bousillée par un ingé son qui confond « sonorités électroniques » avec « toujours plus de basse », ce qui par moment donne une bouillie inaudible, notamment sur « Walls Of Shame » sur lequel on n’entendra pas la guitare.

On ressent progressivement la frustration des musiciens, même si l’arrivée d’Arno et Poun de BLACK BOMB A (7 zicos sur scène ?! sérieusement ???) sur l’énorme « Guerres A Vendre » calmera tout le monde. Plus on avance, plus le duo vocal Didou/Viber est sonorisé avec le cul, si bien qu’on ne distingue par moment plus de différence entre les deux malgré qu’ils se dépensent sans compter. Le groupe s’obstine et tel un rouleau compresseur continue de se donner à fond, avec l’énergie d’une formation qui sait ce qu’elle a à offrir tout en ayant pleinement conscience de ce qui est en train de se passer.

Si le public, reste tragiquement épars, on se laisse absorber par une telle flamme intérieure et on danse autant qu’on peut, pour tenter de dépasser tout ça en s’envoyant un « Comme On Vibre » bien plus rageur que jamais.

Mais quand arrive la fin de « Des Milliards », on reste sur notre faim, et on a qu’une seule envie : revoir SIDILARSEN dans de meilleures conditions. Parce que quand on veut être un grand festival, un aussi grand groupe sur ce genre de scène, c’est juste pas POSSIBLE !

Setlist SIDILARSEN :
« Retourner La France »
« Back To Basics »
« Guerres A Vendre »
« Le Meilleur Est A Venir »
« Walls Of Shame »
« Dancefloor Bastards »
« Fluidité »
« Comme On Vibre »
« La Morale De La Fable »
« Des Milliards »

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On profite de loin d’OPETH, qui souffre aussi clairement d’une sonorisation aux fraises et d’un mix infâme, mais une absence d’accès au camping et une urgence nous oblige à quitter le site. Tant pis pour OZZY, une prochaine fois sans doute.

Samedi 16

Après une arrivée sur site bien plus rapide qu’attendue, surtout vu les emmerdes de l’an passé, je me prépare mentalement, à un programme plus chargé que celui de la veille, que j’attends avec impatience.

CROSSFAITH

14h40 – 15h20 – Main Stage

Voilà pas moins de 4 ans que je fais chier mon monde avec CROSSFAITH, parce qu’en live ça bute. Après un petit compte à rebours, Tamano Terufumi entre sur scène, le regard conquérant et déterminé, suivi d’Amano Tatsuya, visiblement déjà à 200%. Ils sont rejoints par Kazuki Takemura (et un second guitariste dont je ne trouve pas le nom), Hiroki Ikegawa et enfin, Kenta Koie, chanteur tout sourire vu l’accueil du public.

Dès que « Xeno » démarre, on se prend un tsunami en pleine gueule. Les japonais sont à fond et à voir la tête de Tatsuya derrière ses fûts on se demande comment ils vont tenir. Le batteur est un monstre scénique, avec un jeu à couper le souffle, ou chaque geste semble pensé pour atteindre l’ultime équilibre entre démonstration, précision et puissance.

En à peine deux morceaux, l’hydre à deux têtes formée par Koie et Terufumi, qui fait peur à monter sur ses claviers pour haranguer la foule, met tout le monde d’accord. Ils assurent un show de malade avec des lignes vocales ultra efficaces, taillées pour juste donner envie de tout péter sur son passage. Les claviers sont un poil trop en retrait sur les premiers morceaux, mais on profite bien vite de pléthore d’effets et de samples conçus pour casser des culs à la chaîne.

Il faut dire que devant, le boulot abattu par les grattes, qui riffent sévères, est phénoménal. Si vous ajoutez un bassiste au magnétisme incroyable (je suis un peu amoureux maintenant) qui possède une légèreté de jeu inattendue dans ce style (à l’intro groovy de « Freedom, j’ai joui) et vous obtenez une combinaison redoutable qui mettra le feu à une foule présente mais clairement trop clairsemée.

En tapant dans leurs morceaux les plus dansants, CROSSFAITH s’assure un succès inévitable, malgré un wall of death miteux sur « Countdown To Hell », mais j’ai abandonné l’idée de voir des beaux wall of death en France depuis quelques années. Pourtant malgré un concert monstrueux, marqué par une énorme reprise de « Omen » (THE PRODIGY) il manque un petit quelque chose pour faire de ce concert le bijou qu’il aurait pu être. M’enfin c’était quand même génial hein.

Setlist CROSSFAITH :
« Xeno »
« Monolith »
« Freedom »
« Omen » (THE PRODIGY)
« Jägerbomb »
« Countdown to Hell »
« Leviathan »

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TURBONEGRO

16h00 – 16h50 – Main Stage

Bon autant vous le dire tout de suite je fais partie de la moitié du public de TURBONEGRO qui a totalement adhéré au délire « RocknRoll Machine », c’est donc plein de bienveillance que j’attendais ce concert avec impatience… Et au final ce fut mi-figue, mi-raisin.

On commence direct avec la suite « RockNRoll Machine », sur laquelle on peut observer les nouveaux costumes du groupe (sauf Runne Rebellion, toujours habillé en pécore) et le tube « Hurry Up And Die », sur lequel le Tony Sylvester assure des petits pas de danse avec la grâce qui le caractérise.

Le chanteur se montre d’ailleurs très en forme et met toute son énergie à réveiller un public endormi. On enchaîne les titres du nouvel album, qui s’avèrent tous plus efficaces les uns que les autres, notamment « Hot For Nietszche » et « John Carpenter Powder Ballad ». Surtout qu’ils ne font pas pale figure au milieu des grands classiques de la formation : « All My Friends Are Dead », « Age Of Pamparius » et surtout le mythique « I Got Erection » repris par… les trois premiers rangs (la Turbojugend, en fait) alors que le reste du public reste totalement amorphe pendant 50 minutes… bravo Paris ta culture rock me fait rêver.

Ma surprise est grande de voir le groupe se cantonner à une petite moitié de scène, pour finalement se retrouver les uns sur les autres. Pourtant Crown Prince Haakon-Marius en fait des tonnes derrière ses claviers et son tambourin et Tommy Manboy martyrise ses futs pour réveiller les gens mais rien n’y fait. Certes Happy Tom donne pas mal l’impression de se faire chier, ou du moins de ne pas être aussi à fond que les autres, et Euroboy se montre un peu timide malgré des solos toujours aussi inspirés, mais quand on voit que Tony Sylvester est parfait dans son rôle de docker prostitué traînant dans des bars très spécifique, on peut au moins s’attendre à une certaine invitation à la décadence.

Après un bref coup d’œil alentour, je constate que malgré ce que je pensais, le site est encore très vide et on remplit à peine la fosse jusqu’à la régie. Cette même régie qui apparemment fait grève, vu qu’on est au niveau d’un BABYMETAL en 2016. Le mix est aléatoire : tout sonne plat, tantôt on n’entend pas les claviers, sur le début d’ « Age Of Pamparius » on perd la basse, pendant au moins 1/3 du concert c’est carrément les voix qui passent à la trappe. Déjà que programmer TURBONEGRO à 16h00, c’est discutable (sans déconner, ça mérite au moins une tête d’affiche de main stage 2 ça), si c’est pour oublier de mixer le truc avec une sono fadasse à mort, devant un public qui s’en branle complètement, c’est pas la peine. La colonne « A revoir dans de meilleures conditions » se remplit une nouvelle fois .

Setlist TURBONEGRO :
Setlist complète non communiquée

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NOTHING MORE

17h00 - 17h40 – Spitfire Stage

Je profite du changement de scène pour mater le premier morceau du set de BETRAYING THE MARTYRS. Après « Lost For Words », je dois admettre que si le dernier album du combo m’avait convaincu, l’énergie déployée sur scène d’entrée de jeu fait un peu envie (notamment le duo de voix). La prochaine fois promis, c’est eux que je choisirai.

On arrive donc sur la Spitfire stage pour l’un des concerts que j’attends le plus du week-end. Depuis que j’ai écouté « The Stories We Tell Ourselves » (NdG : le meilleur album que vous n’avez pas entendu en 2017), j’ai encore plus envie de voir NOTHING MORE. Maintenant je peux le dire, NOTHING MORE a fait ce que peu de groupes font : ils ont surpris absolument tout le monde. Comment ? Je vais vous le raconter tout de suite, du calme. Ben Anderson prend place derrière ses fûts. Il entame « Do You Really Want It ? » et est rejoint par ses trois complices. Johnny Hawkins l’accompagne sur un petit kit de percussions présent sur scène, avant que Mark Vollelunga et Daniel Oliver ne balancent l’énorme riff de la chanson et que Hawkins ne hurle « DO YOU REALLY WANT IT ? » pour littéralement couper le souffle du public.

La grandeur déployée par le quatuor sur ce premier morceau est phénoménale, le frontman est particulièrement en voix et bouge autant que possible dans un espace restreint. Le solo de Mark Vollelunga est intense et colle des frissons à un public composé majoritairement de fans pour le moment. A la fin du morceau Hawkins se jette au sol pour s’emparer de son contrôleur midi et balancer la boucle d’intro de « Don’t Stop », appuyé par la précision de frappe de Ben Anderson. Après une montée en puissance qui tient le public en haleine (même si encore une fois, la sono est à la peine), tout le monde explose après le premier refrain pour faire monter l’énergie d’un cran. Le final du morceau est prétexte à une démonstration de puissance et de mélodie par Daniel Oliver et sa 4 cordes. On se dit que c’est génial, sans se douter que c’est là que tout commence. Hawkins arrive avec un support qu’il fixe sur son kit de percussion puis Oliver vient y fixer sa basse et se lance dans un solo endiablé. Il est soutenu par un Anderson qui cogne encore plus fort et applaudi par un public qui se garnit de curieux. Il fait faire un tour complet à son instrument sur les deux axes et est rejoint par Vollelunga pour un moment à 4 mains… Puis par Johnny Hawkins armé de baguettes pour un solo 4 mains, 2 baguettes… Après 5 minutes de l’exercice (qui poutre au niveau musical, au passage) les spectateurs sont tellement choqués qu’ils en oublient presque d’applaudir.

Le concert reprend son cours de plus belle, chaque musicien se donnant à 300%, surtout Johnny Hawkins, qui joue avec le micro, sa gorge et les effets midi pour retranscrire au mieux le son unique des compositions. Chaque chanson apporte une émotion propre (« Go To War », « Fade In / Fade Out » en tête), que chacun retranscrit à la perfection. Et quand on se dit que c’est fini… Le kit de percussion, monté sur support hydraulique se déplie pour révéler une forme proche d’un guidon de moto que Johnny Hawkins utilise pour torturer le son des guitares et de la basse en direct. Perché sur cet assemblage de métal et d’électronique, il envoie « First Of The Year (Equinox) », reprise de SRILLEX, dans un visuel proche d’un Mad Max Fury Road, pour un final incroyable, point d’orgue d’une performance qui aurait tellement mérité une scène plus grande… A voir, revoir, encore et encore. NOTHING MORE est un futur géant à ce rythme-là.

Setlist NOTHING MORE :
Setlist complète non communiquée

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ULTRA VOMIT

19h30 - 20h30 – Warbird Stage

Après une interview avec Ben Danielson, il est temps d’aller enfin assister à une représentation des grands malades d’ULTRA VOMIT sous la tente de la Warbird. Enfin sous la tente… C’est assez vite dit, parce que vu le public ultra nombreux, les deux tiers des gens ne voient rien. Donc à celui qui a géré la programmation, félicitations, c’est incroyable de planter le truc à ce point. C’est donc parce que je dépasse le mètre quatre-vingts dix que je peux me débrouiller.

Premier point positif, la sono est au poil et le mix est excellent, ce qui fut rare dans le festival, et on peut simplement se poser pour profiter d’une heure de spectacle. Parce que oui, un concert d’UTLRA VOMIT tient autant du spectacle d’humoriste, que du cabaret, que du concert tel qu’on l’entend traditionnellement.

On commence sur les chapeaux de roues avec « Les Bonnes Manières » qui déclenche immédiatement un paquet de slam, au grand dam des photographes qui se mangent des pompes dans la gueule et les appareils. Ça confirme à quel point cette pratique est pénible pour tout le monde. Bref… C’est sous une ovation générale que Nico rejoint le groupe pour une version boostée d’ « Un Chien Géant », ce qui fait plaisir, tant le chanteur de TAGADA JONES semble prendre son pied avec des potes.

Le trio Fétus/Flockos/Mathieu Bausson est redoutable d’efficacité et se montre particulièrement affuté tout au long du concert, notamment dès qu’il s’agit de balancer des petites tueries comme « Takoyaki », « Mountains Of Maths » ou le glorieusement kitsch « Calojira ». Les blagues fusent à la chaîne, notamment lorsque Fétus oublie son bassiste lors des remerciements, ou qu’il se la joue MAXIMUM THE HORMONE avec les chœurs très « idol » de Flockos (qui cache bien son jeu sous sa crète).

Malgré tout, l’extrait de « Zombie » des CRANBERRIES pendant « Je ne t’es jamait autans aimer » était un poil limite vu le contexte. On ne leur en tiendra pas rigueur, tant le reste est nickel chrome. « La Ch’nille » fait toujours son petit effet (Flockos en profitera pour tenter de « gagner » face au circle pit de MASS HYSTERIA attendu le lendemain), même si seul les fans sous la tente en profitent réellement. « Mountains Of Maths » fonctionne toujours autant après 10 ans tout comme les délires plus corporels à la « E-TRON (Digital Caca) » où le conflit éternel symbolisé par cet hymne « Pipi Vs Caca » théâtre d’une guerre sans merci entre l’armée de Flockos et celle de Mathieu Bausson, pour un Wall of death moins dégueulasse que la moyenne, mais toujours pas ouf…

Et au milieu de tout ça il y a Manard, impeccable batteur, qui réussit autant à faire marrer qu’à plomber l’ambiance en une vanne tellement avant-gardiste qu’elle en devient légendaire (« Sont-ce des sceptiques que je vois dans la fosse ? » et tout est dit). Et le final « Kaamthar » / « Quand J’étais Petit » / « Evier Metal » de mettre tout le monde d’accord : c’était quand même vraiment cool. Merci UV !

Setlist ULTRA VOMIT :
« Darry Cowl Chamber »
« Les bonnes manières »
« Un Chien Géant »
« E-TRON (digital caca) »
« Mechanical Chiwawa »
« Je ne t’es jamait autans aimer »
« Mountains of Maths »
« Calojira »
« Takoyaki »
« Boulangerie Pâtisserie »
« Une souris verte »
« La Ch’nille »
« La Bouillie IV »
« Keken »
« Pipi VS Caca »
« Outro »
« Je Collectionne Des Canards (vivants) »
RAPPEL:
« Kammthaar »
« Quand J’Etais petit (feat. Lemmy) »
« Evier Metal »

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THE OFFSPRING

20h35-22h00 – Main Stage 2

Si j’ai toujours eu l’impression d’aimer le punk, je n’oublierais jamais que mon premier amour dans le style fut l’album « Americana » de THE OFFSPRING. Autant vous dire que j’avais complétement hâte de les voir, même si leur dixième album commence à prendre des allures d’arlésienne…

Dès les premières notes d’ « Americana », on ne peut que sourire, Dexter Holland est en grande forme vocale et son timbre n’a pas beaucoup perdu depuis toutes ces années. A ses côtés le sous-estimé et toujours aussi groovy Greg K à la basse redonne à ces titres leur attrait adolescent et démontre qu’il était l’un des artisans importants de leur efficacité de l’époque (les lignes de « All I Want » n’ont pas pris une ride). Le toujours aussi étrange Noodles, vissé derrière sa guitare, débite sans accroc tous les riffs des tubes joués ce soir, parfaitement appuyé par Todd Morse et le jeu de batterie millimétré de Pete Parada.

En quelques morceaux, on comprend qu’on va assister à un véritable best of du groupe (aucun extrait de « Days Go By » n’est joué ce soir). Alors que les classiques défilent, on a l’impression que le groupe se contente de dérouler sans grande conviction, toujours pas aidé par un son fade à mort qui ne projette rien au-delà du 4eme rang. Même la reprise, pourtant visuellement énergique, de « Whole Lotta Rosie » tombe à plat. Ce n’est qu’à partir des deux tiers du concert, lorsque Dexter se place derrière un piano pour une version intense et superbement arrangée de « Gone Away » que tout ce petit monde (y compris une grosse partie du public, attentiste au possible) se réveille et passe à la vitesse supérieure.

Le chanteur se montre d’ailleurs phénoménal, à la limite de l’écorché pour une performance qui rattrape une partie du reste. La fin du concert reprend tous les plus gros tubes des californiens, se succèdent alors « Why Don’t You Get A Job », « Can’t Get My Head Around You », « Pretty Fly For A White Guy » que le download reprend à gorges déployées. Et puis enfin il y a « The Kids Aren’t Alright », morceau emblématique d’une génération, sur lequel Fat Mike (NOFX) viendra chanter les refrains, et qui met tout le monde d’accord.

Le groupe quitte la scène, et une partie des spectateurs qui ne connait apparemment pas le principe du rappel commence à s’en aller, avant de se raviser lorsque retentit « You’re Gonna Go Far Kid », morceau trop peu connu, et surtout l’ultime « Self Esteem », chanté par tout le monde sur le site. Un concert plombé par cette sono vraiment pas à la hauteur de l’image que se donne le Download et des musiciens clairement en pilotage automatique sur la moitié des morceaux mais qui est quand même rattrapé par son final grandiose.

Setlist THE OFFSPRING :
« Americana »
« All I Want »
« Come Out And Play »
« It Won’t Get Better »
« Original Prankster »
« Genocide »
« Staring at the Sun »
« Want You Bad »
« Whole Lotta Rosie » (AC/DC)
« Hit That »
« Bad Habit »
« Gone Away »
« Why Don’t You Get A Job? »
« (Can’t Get My) Head Around You »
« Pretty Fly (For a White Guy) »
« The Kids Aren’t Alright » (feat. Fat Mike)
RAPPEL:
« You’re Gonna Go Far, Kid »
« Self Esteem »

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Une autre journée s’achève donc, sur une note positive. Pourtant elle laisse un arrière-gout un peu amer, avec des aberrations incompréhensibles (AVATAR et son feu d’artifice en plein jour, sérieusement quoi…) et des semi-déceptions à la chaine (ULTRA VOMIT sous une tente 3 fois trop petite, le son de TURBONEGRO…). Il apparaît de plus en plus clair que cette édition est bancale, sans qu’on puisse vraiment savoir pourquoi. Un retour dans nos pénates, un gros câlin au chat (ndG : elle s’appelle Mabel et c’est la purge la plus trognone du monde) et au dodo, vu le programme chargé de dimanche. Ah oui, et le concert de MARILYN MANSON fut exactement ce à quoi vous vous attendiez. Ni plus, ni moins..

Dimanche 17

Toujours pas de bouchons en vue pour une journée qui s’annonce comme la plus énorme proposée par le festival, que des gros trucs en approche et surtout deux têtes d’affiche qu’on attend au tournant. Ça va chier grave.

GRAVEYARD

15h30 - 16h10 – Warbird Stage

Mais bon, avant que ça chie, on a quand même le droit de se détendre un peu devant la performance de GRAVEYARD, combo de stoner bluesy à l’histoire compliquée et récemment reformé.

Sans se soucier d’aucunes fioritures, à part un « merci » de temps en temps, le quatuor laisse uniquement la musique parler, devant un parterre dégarni mais composé de fans attentif à chaque aspect du son des suédois. Ils souffrent de balances un peu poussives en début de set, qui écrase complètement leur côté blues et groove et on se retrouve devant un groupe de hard rock assez générique.

Heureusement, tout rentre dans l’ordre pour le tube « Hisingen Blues ». Sur ce morceau désormais culte, on assiste à une démonstration du batteur Oskar Bergenheim, qui joue du contretemps et des accents avec une aisance et une force assez déconcertante et qui gardera cette lancée pour les deux derniers tiers du show.

Au niveau du chant, c’est toujours un plaisir de retrouver ce romantique torturé qu’est Joakim Nilsson. Ce mec incarne parfaitement l’image qui vient quand on prononce les mots « bluesman suédois », avec sa dégaine un peu gauche et ses cheveux blond platine. Il a surtout cette voix particulière qui oscille entre le rugueux sur les morceaux énergiques et un côté chaleureux plus développé qu’avant sur les morceaux extraits du dernier album « Peace ». A ma grande surprise, ce sont d’ailleurs ces chansons qui laissent la meilleure impression sur scène : je me suis surpris à être proche de la danse sur « The Fox » et à manquer de me décrocher la nuque sur un « Please Don’t » plus puissant que jamais. Il faut dire que la basse de Truls Morck est redoutablement bien affutée ce soir. Sa place prédominante dans le mix donne à tout ça un ronronnement et une force qu’on ne soupçonne pas sur le coup mais dont on prend conscience dès qu’il ne joue plus.

Pour la guitare de Jonatan Larocca-Ramm c’est en revanche exactement le contraire. Il se met un peu en retrait sur les morceaux, où le duo qu’il forme avec Nilsson reste sacrément efficace, mais s’illumine complètement dès qu’arrive le moment de ses soli lumineux et envoûtants. Ces derniers font visiblement l’unanimité auprès d’un public qui mange dans la main du groupe. Malgré tout, il se dégage de tout ça une certaine nonchalance, et la formation donne l’impression de se limiter à bien faire sans trop se fouler. C’est dommage, parce qu’il n’en fallait pas beaucoup plus pour faire passer le tout de « très bien » à « excellent ». Une prochaine fois peut-être.

Setlist GRAVEYARD :
Non communiquée

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DEAD CROSS

17h50 - 18h50 – Mainstage 2

Après une petite pause et une interview avec Fétus et Flockos d’ULTRA VOMIT, je cours sur la mainstage 2 pour assister au concert de DEAD CROSS, vu qu’il s’agit de ma première fois avec Mike Patton, pour lequel ma vénération n’est plus à prouver.

Et là Download, on va commencer à sérieusement se fâcher. Bon on va commencer par le positif : putain comment c’était génial. Quarante-huit minutes d’un hardcore sans concession, habité par une énorme quantité d’expérimentations sonores (surtout sur la voix) et des morceaux qui n’excèdent que très rarement les 3 minutes.

Sur l’ensemble de son set, DEAD CROSS a juste déversé une succession de parpaings monumentaux sur le festival. Dès que l’un des quatre se met à jouer, on se retrouve face à un mur de bruit corrosif et violent, auquel on n’échappe pas. Forcément, qui dit Mike Patton, dit chant dérangé et hurlements stridents mais aussi attitude ambivalente, parsemée de phrases obscures tirées d’un discours de sociopathe (« Bonjour, nous sommes DEAD CROSS, je crois. », « C’est la dernière fois que je prononce des mots devant vous, à part peut-être au revoir »). Chacun de ses mouvements fait peur, et on se demande s’il ne va pas descendre dans la fosse juste pour péter la gueule à un mec random.

En même temps quand on est appuyé par le jeu de Dave Lombardo, c’est pas difficile. J’ai déjà vu le bonhomme plusieurs fois, mais la aujourd’hui plus que jamais auparavant, il m’a laissé sur le cul. Imaginez une pieuvre épileptique qui tenterait de massacrer à la fois ses fûts mais aussi la scène sur laquelle elle est entrain de jouer et vous aurez une petite idée de ce qu’il est pendant ce concert. Sur l’intro de « Obedience School », son martelage est si monumental qu’on entend que lui, sur « Shillelagh » ses cassures rythmiques donnent l’impression d’être dans un bolide qui freine d’un seul coup et son groove sur « Church Of The Motherfuckers » est imparable.

Sinon vous avez aussi un fou furieux comme Michael Crain, qui torture sa guitare dès qu’il en a l’occasion, et transfère au public une intensité telle qu’on se dit qu’à la fin c’est lui ou nous (« The Future Has Been Cancelled » m’a fait peur). En plus, on a l’impression qu’il va se péter la gueule tous les deux morceaux tellement son headbanging est hardcore. Où Justin Pearsons, bassiste tout aussi fou dans sa tête. Son sens rythmique et sa capacité à racler ses cordes pour en tirer des sonorités plus lourdes et écrasantes que jamais, rendent le truc encore plus jusqu’au boutiste et bruitiste que ce qui est humainement possible.

Moment marquant : la géniale reprise de « Bela Lugosi’s Dead » : plus vicieuse que sur album, qui ne sonne comme aucun autre titre mais trouve sa cohérence dans le set. Bref, ce concert fut magistral de A à Z… C’est dommage que le public du jour n’en ait rien eu à foutre et qu’il n’y ait eu personne devant eux. Mais bon, c’est récurrent ce week-end, une grande partie des spectateurs, moins nombreux, que l’an passé n’est clairement pas là pour découvrir de nouvelles choses ou écouter de la musique. C’est triste, mais symptomatique de l’évolution du public de festival de ce type…

Shyanna, over saoulée, a quant à elle déjà préféré jeter l’éponge et quitter le site accompagnée de son « joli tote bag »… En tout cas, moi j’ai passé un putain de bon moment. A revoir.

Setlist DEAD CROSS :
Non communiquée

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THE HIVES

18h50 - 19h50 – Main Stage

Dire que j’attendais le concert de THE HIVES tient de l’euphémisme. Précédé par sa réputation de bulldozer scénique et avec une carrière blindée de tueries garage rock tendance punk, les suédois amènent devant la main stage un public un peu plus conséquent que les autres groupes de la journée. Tout ça reste quand même trop clairsemé par rapport à ce qu’on pourrait attendre.

Dès que le groupe monte sur scène, l’énergie dégagée par les musiciens se répand doucement à travers le public. Affublés de leurs magnifiques costumes à damier ils prennent place sur scène, acclamé par les premiers rangs. Les premières notes de « Come On ! » retentissent et on comprend qu’ils sont déjà à fond. En une minute les rôles sont fixés, on sait qui est qui, qui fera quoi, on n’a plus qu’à rester debout, sauter, danser et se laisser porter par THE HIVES.

Il faut dire que la section rythmique, Chris Dangerous (Batterie) et The Johan And Only (Basse) est l’une des meilleure que j’ai jamais vue. Métronomique, puissante, groovy et efficace comme pas deux, son boulot est irréprochable pendant une heure. C’est grâce à eux que les autres membres du groupe peuvent s’exprimer avec autant de talent et de liberté.

Comprenez bien : on est ici devant un groupe typique des sixties, avec un frontman qui assure le show à lui tout seul et un groupe derrière qui n’est là que pour une chose : accentuer tous ses faits et gestes tout en ne relâchant jamais la pression. Le chanteur en question c’est « Howlin’ » Pelle Almqvist, qui en moins de trois morceaux est devenu l’un de mes vocalistes favoris. A grand coup de slogans provocateurs (« Vous aimez le rock’n’roll ? Je crois que non ! », « Vous êtes prêts pour FOO FIGHTERS ? NON ! » etc etc…), de discours jamais trop longs et de jeux avec un public qu’il viendra saluer sur les barrières à deux reprises, il se met tout le monde dans la poche. A part peut être plusieurs groupes de gens autour de moi qui préfèrent taper la discute en parlant super fort plutôt que de suivre ce qui se passe sur scène… Il faut dire que même entre les morceaux, quand il parle, il se passe toujours quelque chose, ça joue des boucles, ça prépare un lancement énergique, ça bouge, ça transpire. C’est bien souvent à l’initiative du guitariste Nicholaus Arson qui est trempé de sueur après deux morceaux. Il ne faiblit jamais et laboure son instrument pour en tirer des riffs et des solos mémorables qu’on chantonne immédiatement. Son compère Vigilante Carlstroem assure sa guitare rythmique et ses chœurs avec une force tranquille incroyable.

Une heure de pur rock’n’roll qui fait de chaque spectateur un membre à part entière de THE HIVES. Le groupe réussit même à s’affranchir de cette sono toujours faiblarde rien qu’avec son énergie brute et honnête. Un quintet au sommet de son art qui enchaîne facétie sur facétie pour le plus grand plaisir de tout le monde. Par exemple à un moment ils se figent tous en plein morceau et ne recommencent à jouer que lorsqu’ils sont satisfait du volume du public. Impossible de bien résumer tout ce qui se passe autrement qu’avec des sourires nostalgiques, tant on a envie d’y retourner dès la dernière note.

THE HIVES est grand. THE HIVES est à voir dès que possible. Assurément le concert du week-end.

Setlist THE HIVES :
« Come On! »
« Walk Idiot Walk »
« Main Offender »
« Paint a Picture »
« Go Right Ahead »
« Take Back the Toys »
« Die, All Right! »
« Hate to Say I Told You So »
« Won’t Be Long »
« Tick Tick Boom »
« Stick Up »
« Return The Favour »

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MASS HYSTERIA

19h50-20h50 – Mainstage 2

MASS HYSTERIA - Download 2016 PARIS

En pleine préparation de son nouvel album MASS HYSTERIA se lance dans les « out of the studio » et donne au Download l’un de ses deux seuls concerts pendant cet enregistrement.

Immédiatement on sent qu’on va assister à un truc un peu particulier vu l’immense rideau, frappé de leur logo, qui masque la scène. Celui-ci se détache pile à l’heure pour laisser apparaître une scène décorée simplement, avec plusieurs plateforme surélevées en avant-scène et d’autres encore plus élevées derrière sur lesquelles sont perchées la batterie et deux wadaiko décorés. On voit également deux autres de ces tambours, plus gros, à gauche et à droite. Les percussionnistes prennent place et on remarque immédiatement les manches de pioches caractéristiques des TAMBOURS DU BRONX qui s’abattent pour envoyer une introduction énorme. Ils restent sur « Vae Soli » et « Vector Equilibrium » apportant leur force et leur puissance à ces deux morceaux pourtant déjà incroyables.

Après cet élément inattendu, le groupe va dérouler un set bien rodé mais toujours aussi phénoménal. Bon vous l’aurez compris à force, il faut s’approcher pour réellement en profiter. Mais malgré ça, MASS HYSTERIA reste une machine de guerre sur scène et le show se déroule sans accroc. Chaque membre du groupe est à sa place, et assure sa partition de main de maître pour permettre à chaque moment de devenir un instant unique et spécial. Le traditionnel circle pit avec le groupe au milieu est toujours aussi impressionnant, même si on l’a vu plusieurs fois. Le wall of death est impeccable, (bravo à tout le monde !)… Mention spéciale à Yann Heurtaux et Fred Duquesne qui ce soir sont impériaux dans leurs styles opposés mais complémentaires (même si Yann Heurtaux fait toujours aussi peur).

Côté setlist, si le set ressemble bigrement à celui de 2016, on a quand même droit à la petite rareté qu’est « L’Homme S’Entête » extrait de « L’Armée Des Ombres » plus jouée depuis 2013, excellent moyen de rappeler à quel point cet album est sous-estimé. Ce titre permet à Jamie Ryan, arrivé en 2017 dans la formation, de briller un peu. Le reste du temps il se met un peu trop en retrait, ce qui est dommage parce que j’ai adoré son jeu.

A côté de ça, mené par un Raphael Mercier toujours aussi précis dans sa frappe et un Mouss moins loquace qu’à son habitude, MASS donne à son public tout ce qu’il faut pour le rendre toujours plus électrique. Bon, il faut quand même l’admettre, les pompom girls sur « Respect To The Dancefloor » et les danseuses brésiliennes sur « Furia » ça fait un peu cheap et ça tranche avec l’image habituelle du combo.  Ça n’enlève rien à une prestation électrique et puissante, marquée par des hymnes qui résonnent de plus en plus juste dans le contexte actuel (« Chien De La Casse » en tête). Les fans ne s’y trompent pas et se donnent à fond pour eux aussi faire leur part du boulot. Tout juste pourra-t-on regretter l’absence d’un aperçu du futur album, si on veut vraiment faire chier son monde.

Ce soir on est obligé de confirmer à quel point MASS HYSTERIA mérite son rang au sein du metal français. Ce concert aura donc remplit sa mission : j’ai vraiment hâte de poser mes oreilles sur ce prochain album.

Setlist MASS HYSTERIA :
« Vae soli ! »
« Vector equilibrium »
« Une somme de détails »
« Chiens de la casse »
« Positif à bloc »
« L’homme s’entête »
« P4 »
« Contraddiction »
« L’Enfer des Dieux »
« Plus que du metal »
« Respect to the Dance Floor »
« Furia »

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FOO FIGHTERS

21h00 - 23h30 Main Stage

Sur ce coup-là, je sais que beaucoup ne seront pas d’accord avec moi. Mais je maintiens que le concert de tête d’affiche de ce soir fut une déception proportionnelle à la hype qui l’entourait. Premièrement, au niveau du décor de scène, un simple écran géant qui reprend le motif de la pochette de « Concrete And Gold » et un lightshow moyen à base de laser, c’est bien trop léger pour un groupe de cette envergure. Ensuite, la sono ne les a clairement pas aidés. En deux morceaux il est clair que les FOO FIGHTERS se connectent avec le public par la musique, sauf que là, je suis installé près de la régie et je ne ressens rien, aucune énergie, aucune puissance tout est plat et fade. Le public est également un problème : si les premiers rangs ne ménagent pas leurs efforts et boivent absolument toutes les notes de leur groupe favori, on ne peut que constater que dès qu’on s’éloigne un peu, la foule diminue drastiquement. Le constat est simple il y a vraiment moins de monde que pour GREEN DAY ou SOAD l’an passé. Les spectateurs qui ne sont pas juste devant sont au mieux passifs, au pire en train de regarder le match sur leur téléphone, ce que personnellement je n’arrive pas à comprendre. Ainsi « The Sky Is A Neighborhood » avec toute sa puissance contenue, son intensité vocale et son côté minimaliste est chiante à mourir, « The Pretender », l’un de mes morceaux favoris, sonne creux au possible et « Monkey Wrench » voit son impact diminuer d’au moins trois quarts. Mais sur scène ça donne quoi ? Bah c’est pas glorieux non plus. Ce n’est qu’après 4 morceaux que je réalise que Pat Smear est sur scène tant le guitariste est transparent sur une grande partie du concert. De son côté Nate Mendel semble n’en avoir rien à foutre de jouer et mettra plus d’une heure à montrer qu’il a quand même envie d’être là, mais c’est fugace. Rami Jaffee aux claviers essaie tant bien que mal de s’impliquer mais vu qu’on ne l’entend quasiment pas, c’est peine perdue. Bon, Dave Grohl rattrape un peu les choses : il en fait des caisses sur chaque morceau et se montre tout sourire, confirmant ainsi que ce qu’il préfère au monde c’est jouer et partager sa musique. Il est pour ça épaulé par Chris Shifflet, qui bien que trop discret à la guitare lead, assure des chœurs sympathiques. Mais c’est surtout Taylor Hawkins, avec qui il n’aura de cesse d’échanger et de jouer, qui l’aide à sauver ce concert. Le batteur est impérial en toute circonstance, et son solo sur une plateforme hydraulique qui s’élève à au moins 4m est sympathique à défaut d’être très original. Côté setlist, si on reste dans un set efficace et sans surprise, la phase d’introduction des musiciens, prétexte à un medley casse le rythme par sa longueur excessive. Son seul véritable intérêt réside dans l’excellente version d’ « Imagine » avec les paroles du « Jump » de VAN HALEN. Mais les deux reprises de « Under My Wheels » chanté par Chris Shiflett et « Under Pressure » chantée par Taylor Hawkins (en duo avec Luke Spiller de THE STRUTS, qui lui vole complétement la vedette) avec Dave Grohl à la batterie, rallongent inutilement ce moment qui aurait du être mieux réparti dans le concert. Au final après « Monley Wrench » je jette l’éponge tant la déception est grande. Je ne saurais dire réellement ce qui s’est passé, mais ce soir FOO FIGHTERS n’y était pas.

Setlist FOO FIGHTERS :
« All My Life »
« Run »
« Learn to Fly »
« The Pretender »
« The Sky Is a Neighborhood »
« Rope »
Solo de batterie
« Sunday Rain »
« My Hero »
« These Days »
« Walk »
« Under My Wheels » (ALICE COOPER) (Chris Shiflett au chant)
« Another One Bites the Dust / It’s So Easy / Imagine / Jump / Blitzkrieg Bop »
« Under Pressure » (QUEEN) (Tauylor Hawkins et Luke Spiller au chant, DAve Grohl à la batterie)
« Monkey Wrench »
« Wheels »
« Breakout »
« Dirty Water »
« Best of You »
RAPPEL :
« Times Like These » (intro de Stariway To Heaven)
« Everlong »

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C’est donc avec une certaine incompréhension et un goût assez amer dans la bouche que j’enclenche le retour au camp de base, avant une dernière journée au programme allégé.

Lundi 18

A peine arrivé, je constate que mon intuition était la bonne : 95% de t-shirts GUNS AND ROSES, un site qui reste logiquement vide vu qu’on est lundi, et surtout des fans hardcore vissés à la main stage dès 15h00 (à tel point que deux adolescentes viennent me demander sur quelle scène jouent les GUNS pour pouvoir se placer et ne rien louper…). Je sens que ça va être long…

BARONESS

15h20 - 16h00 – Main Stage

Point positif d’un site vide : j’ai pu profiter concert de BARONESS collé à la scène, sans être gêné par qui que ce soit. Bon la sono est toujours plate, mais au moins à cette distance, impossible de ne pas kiffer. Le groupe occupe une toute petite partie de la scène, pour ne pas empiéter sur l’équipement des GUNS. Les quatre musiciens n’en ont cure et vont faire parler la poudre pendant 40 minutes intenses et mémorables.

John Baizley est en très grande forme vocale et on profite parfaitement de son timbre unique sur l’ensemble des morceaux. Côté batterie, le groove de Sebastian Thomson est redoutable et donne un côté aérien à tous les morceaux, notamment « Chlorine And Wine » et « Isak ». Il est contrebalancé par le jeu sourd et gras de Nick Jost, qui se démène comme un beau diable avec sa quatre cordes et s’affirme comme le garant des origines sludge de la formation.

Mais la révélation du jour c’est Gina Gleason. La guitariste est juste incroyable. Elle arrive à compléter les parties de Baizley tout en s’appropriant chaque riff qu’elle balance. Toutes ses attaques sont féroces et permettent au reste du groupe de passer à la vitesse supérieure. Les duels de six-cordes avec Baizley sont ultra-précis et on sent que les deux musiciens s’éclatent ensemble. C’est particulièrement flagrant lorsqu’ils partagent le micro, lui avec son côté mélodique, elle hurlant autant qu’elle peut.

Cette énergie et ce plaisir sont communicatifs et atteignent leur paroxysme sur l’instrumental « Green Theme », sur lequel on les sent parfaitement en symbiose. Le public présent lui rend d’ailleurs bien sa bonne humeur et applaudit dès qu’il en a l’occasion. La setlist est plutôt orientée sur la facette mélodique de BARONESS, notamment avec les tubes « Shock Me » et « Take My Bones Away », chacun gratifiés de soli savoureux. Les américains déroulent jusqu’au moment où John Baizley annonce le dernier morceau… avant d’être repris par Sebastian Thomson qui lui indique qu’il en reste deux, pour le plus grand plaisir de tout le monde.

Quarante minutes qu’on n’a pas vu passer, mais qui ont fait du bien. BARONESS a convaincu aujourd’hui, grâce à son honnêteté. A revoir rapidement, parce que c’était quand même bien trop court !

Setlist SUICIDAL TENDENCIES :
« Take My Bones Away »
« The Sweetest Curse »
« March to the Sea »
« Green Theme »
« Morningstar »
« Shock Me »
« Chlorine & Wine »
« Isak »

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JONATHAN DAVIS

16h40 - 17h20 – Main Stage

N’ayant pas eu l’occasion d’écouter en entier l’album solo du frontman de KORN, c’est l’esprit libre de toute attente que j’aborde ce concert. Et bon dieu que j’ai bien fait. Parce qu’on est à des années lumières de ce que peut offrir un KORN. Aucune reprise n’est jouée sur ces quarante minutes de prestation. Le chanteur se concentre uniquement sur son répertoire et sur la BO de la reine des damnés, avec le titre « Forsaken ». On profite donc de 8 des 13 titres de l’album « Black Labyrinth », que certains spectateurs connaissent déjà par cœur.

La configuration du groupe est aussi surprenante : on retrouve Ray Luzier à la batterie, Chris Nix à la guitare, Sven Marti aux claviers, Brian Allen à la contrebasse et Emilio China au violon, à la guitare rythmique et aux chœurs. On a donc droit à des sonorités inattendues mais rafraichissantes, sur lesquelles les musiciens tissent des ambiances complexes et sombres. C’est flagrant sur le limite pop « Basic Needs » dont les samples et la partie orientale résonnent comme une longue complainte, jusqu’à un refrain épique et magnifique. Chaque musicien possède une personnalité propre, qu’il laisse exprimer par son instrument, et c’est la réunion de l’ensemble qui fait que ça marche à ce point.

Luzier est surpuissant, comme toujours, China est redoutable de précision et de concentration, Nix enchaine les riffs avec une dextérité à saluer, Marti est là pour assurer la cohésion entre tous les membres du groupe et Allen, tout sourire, enchaine les mimiques pour le plus grand plaisir du public. Devant, Jonathan Davis se nourrit de cette énergie. Constamment en mouvement, habité par une musique dont on sent à quel point elle compte pour lui, il éblouit tout le monde de sa présence. Il nous gratifie d’une performance au top, malgré quelques problèmes de souffle compensés par le masque à oxygène présent en fond de scène. Sur la plupart des morceaux il démontre à quel point il est capable de sortir de la case dans laquelle on l’avait rangé.

Encore une fois on ne voit pas le temps passer et on se retrouve immergé dans un océan d’émotions conflictuelles pour un long moment purificateur et intime, qui confirme à quel point JONATHAN DAVIS est un excellent frontman. Son album solo est donc à découvrir d’urgence, pour pouvoir chanter les refrains la prochaine fois qu’on le voit !

Setlist JONATHAN DAVIS :
« Underneath My Skin »
« Everyone »
« Forsaken »
« Final Days »
« What You Believe »
« Basic Needs »
« Walk on By »
« What It Is »
« Happiness »

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Je patiente encore un peu sur le site du festival, pour boire une dernière bière, puis je me dis que je vais profiter de VOLBEAT… qui démarre son set dans une bouillie sonore infâme et indigne. N’ayant aucune envie de voir les GUNS, je remballe donc mes affaires et rentre tranquillement chez moi, après une journée trop courte… et sans tote bag.

Alors que dire de cette troisième édition du festival ? Bah que c’était pas hyper glorieux, malgré des concerts de bonne facture. Le site faisait toujours vide à de nombreux endroits même si il ne fait aucun doute que l’affluence n’était pas à la hauteur des attentes. La Spitfre stage, même si elle fut le théâtre de très bon concerts, doit clairement être repensée, parce que sa taille est ridicule pour un festival de cette ampleur (conseil déjà donné en 2017). La quatrième journée avec son programme réduit à deux scènes mais des concerts ultra courts n’est clairement pas une réussite même si la raison de son existence ne fait aucun doute. Sur certains concerts, il était devenu évident qu’une partie du public n’y était pas, entre ceux qui papotent sur THE OFFSPRING et THE HIVES en tournant le dos à la scène, ceux qui mattent les matches de foot sur FOO FIGHTERS ou tout simplement les fosses vides sur DEAD CROSS, BARONESS ou JONATHAN DAVIS. C’est quand même con de payer sa place 200 euros pour ne pas voir des bons groupes… On passera aussi sur une programmation incompréhensible, avec des groupes qui méritaient une mainstage sur des petites scènes et des groupes sur mainstage qui auraient surement profité de scènes plus intimistes. Mais surtout, là clairement en tant que fan de musique, je dois m’insurger contre la sonorisation minable sur les quatre jours. C’était juste ridicule et ça a complétement tout plombé. Une troisième édition très décevante donc avec le sentiment d’avoir récupéré une partie des défauts de 2016 sans avoir progressé par rapport à 2017. C’est dommage, on avait cru que le potentiel n’était pas loin.

Live Report : Gus. Photos : Shyanna et photos du site du Download festival fr
Setlists : setlist.fm


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