Après une petite pause et une interview avec Fétus et Flockos d’ULTRA VOMIT, je cours sur la mainstage 2 pour assister au concert de DEAD CROSS, vu qu’il s’agit de ma première fois avec Mike Patton, pour lequel ma vénération n’est plus à prouver.
Et là Download, on va commencer à sérieusement se fâcher. Bon on va commencer par le positif : putain comment c’était génial. Quarante-huit minutes d’un hardcore sans concession, habité par une énorme quantité d’expérimentations sonores (surtout sur la voix) et des morceaux qui n’excèdent que très rarement les 3 minutes.
Sur l’ensemble de son set, DEAD CROSS a juste déversé une succession de parpaings monumentaux sur le festival. Dès que l’un des quatre se met à jouer, on se retrouve face à un mur de bruit corrosif et violent, auquel on n’échappe pas. Forcément, qui dit Mike Patton, dit chant dérangé et hurlements stridents mais aussi attitude ambivalente, parsemée de phrases obscures tirées d’un discours de sociopathe (« Bonjour, nous sommes DEAD CROSS, je crois. », « C’est la dernière fois que je prononce des mots devant vous, à part peut-être au revoir »). Chacun de ses mouvements fait peur, et on se demande s’il ne va pas descendre dans la fosse juste pour péter la gueule à un mec random.
En même temps quand on est appuyé par le jeu de Dave Lombardo, c’est pas difficile. J’ai déjà vu le bonhomme plusieurs fois, mais la aujourd’hui plus que jamais auparavant, il m’a laissé sur le cul. Imaginez une pieuvre épileptique qui tenterait de massacrer à la fois ses fûts mais aussi la scène sur laquelle elle est entrain de jouer et vous aurez une petite idée de ce qu’il est pendant ce concert. Sur l’intro de « Obedience School », son martelage est si monumental qu’on entend que lui, sur « Shillelagh » ses cassures rythmiques donnent l’impression d’être dans un bolide qui freine d’un seul coup et son groove sur « Church Of The Motherfuckers » est imparable.
Sinon vous avez aussi un fou furieux comme Michael Crain, qui torture sa guitare dès qu’il en a l’occasion, et transfère au public une intensité telle qu’on se dit qu’à la fin c’est lui ou nous (« The Future Has Been Cancelled » m’a fait peur). En plus, on a l’impression qu’il va se péter la gueule tous les deux morceaux tellement son headbanging est hardcore. Où Justin Pearsons, bassiste tout aussi fou dans sa tête. Son sens rythmique et sa capacité à racler ses cordes pour en tirer des sonorités plus lourdes et écrasantes que jamais, rendent le truc encore plus jusqu’au boutiste et bruitiste que ce qui est humainement possible.
Moment marquant : la géniale reprise de « Bela Lugosi’s Dead » : plus vicieuse que sur album, qui ne sonne comme aucun autre titre mais trouve sa cohérence dans le set. Bref, ce concert fut magistral de A à Z… C’est dommage que le public du jour n’en ait rien eu à foutre et qu’il n’y ait eu personne devant eux. Mais bon, c’est récurrent ce week-end, une grande partie des spectateurs, moins nombreux, que l’an passé n’est clairement pas là pour découvrir de nouvelles choses ou écouter de la musique. C’est triste, mais symptomatique de l’évolution du public de festival de ce type…
Shyanna, over saoulée, a quant à elle déjà préféré jeter l’éponge et quitter le site accompagnée de son « joli tote bag »… En tout cas, moi j’ai passé un putain de bon moment. A revoir.