Sauf que ça c’est la première lecture, d’un non initié. Parce qu’à y regarder de plus près, ça ne rend pas forcément l’album bon, ça veut juste dire qu’il m’a parlé. Regardons dans ce cas d’un côté purement technique.
Déjà la production, réalisée par Jeremy Wagner lui-même. On est sur un mix impeccable. On sent derrière chaque morceau toute la recherche sonore du musicien pour atteindre un son bien spécifique. Tout est dosé à la note près et permet donc de réaliser en un instant qui fait quoi et dans quel but. On se prend donc d’un seul bloc toute l’expérience du groupe qui sait où il va. Cela permet donc d’avoir une grosse sensation de cohérence. La production reste le liant de l’album et ça fonctionne.
Maintenant l’écriture, peut-être le seul vrai problème de l’album. En recherchant à tout prix à rendre « Mutilated And Assimilated » homogène, BROKEN HOPE perd en spontanéité. Au fil de l’écoute on réalise qu’on est obligé de se reposer sur les interludes pour comprendre qu’on a changé de morceau. Hormis une ou deux, les chansons restent assez peu mémorables. Par contre, l’ensemble reste suffisamment intelligent pour être réécouté et nous permettre de repérer les éléments qu’on a raté les fois précédentes et il y en aura forcément, croyez-moi. On est donc là sur un résultat un peu plus mitigé.
Au niveau stylistique, l’album ne réinvente en aucun cas le Brutal Death mais ce n’est vraiment pas son objectif. On reste clairement dans les thèmes classiques, sexe, horreur, mort qui sonne exactement comme vous l’imaginez, qui laisse toujours cette impression de malaise façon « il a pas osé dire ça, si ? », mélangée à un sentiment de coolitude transgressive. Un schéma attendu de vitesse, de double pédale, de blasts beats (pas omniprésents non plus, on peut donc respirer) et de growl death plutôt dans les canons ricains de ces dernières années. Selon ce qu’on recherche, on pourra donc y trouver son compte.
Si on fait la synthèse, qu’est-ce qu’on peut dire ? Si vous cherchez le nouveau classique qui redéfinira le brutal death et que tout autre démarche vous ennuie, passez votre chemin. Si vous cherchez à découvrir le style, par curiosité, allez-y, vous y trouverez votre compte. Enfin, si vous êtes un adepte du genre et que vous êtes à l’affut d’une sortie solide qui suinte la passion, la détermination et l’amour du death metal, clairement on est sur votre came.
En conclusion qu’est-ce qui rend un album bon ? Finalement je ne sais pas. C’est un mélange d’attente, de ressenti, de qualités inhérentes à chaque genre. A son niveau le plus fondamental, « Mutilated And Assimilated » est bon. Après 30 ans de carrière, le travail du groupe de Jeremy Wagner, frappe comme il faut là où il faut sans chercher à tout réinventer. L’objectivité ayant ses limites, subjectivement, on a là une découverte que je ne regrette absolument pas, qui mérite qu’on lui prête une oreille et que je recommande vivement. 40 minutes généreuses, pour un groupe qui n’a clairement pas fini de surprendre.