Challenge donc, pour GREEN DAY que de passer après ça. Surtout que le combo doit assurer deux heures et demi de concert. La foule massée devant la scène est conséquente, bien que moins nombreuse que la veille alors que retentissent successivement « Bohemian Rhapsody » / « Blitzkrieg Pop » puis « The Good, The Bad, The Ugly » pour faire monter la pression. Tre Cool apparait, sous l’ovation du public, suivi de Mike Dirnt, également ovationné et que surgit Billie Joe Armstrong, remonté comme jamais, pour entamer « Know Your Enemy », acclamé avec une énergie phénoménale et inhabituelle pour une tête d’affiche de troisième jour de festival. Armstrong semble se nourrir de cette énergie et vouloir la décupler, car il fait monter un fan sur scène pour chanter avec lui, fan qui bien que chantant faux, y met tout son cœur et aura probablement vécu son plus beau souvenir. Le chanteur ne s’arrêtera pas là, et fera monter de très nombreuses personnes sur scène qui s’éclateront en compagnie de leur groupe favori. D’ailleurs le meilleur qualificatif que l’on puisse employer pour décrire ce concert reste « fédérateur ». N’ayant de cesse de rallonger les morceaux avec ses discours sur la différence, la nécessité d’être solidaire, de s’accepter soi même, et sa reconnaissance continue pour ceux qui les soutiennent depuis bientôt 30 ans, Billie Joe Armstrong donne autant l’impression d’être un précheur qu’un chanteur de punk et ça fonctionne, parce qu’on sent que tout ce qu’il dit est honnête et vient du cœur. Le frontman, qui en prime s’empare d’un canon à t-shirt et en propulse plusieurs sur les spectateurs, est absolument déchainé et met une ambiance de folie. Il reste également un chanteur brillant et sa prestation est sans faille, notamment sur « Boulevard Of Broken Dreams », ou l’émotion est palpable dans l’air ou sur le nouveau standard qu’est « Revolution Radio » grâce à son refrain à la mélodie ravageuse. Il reste par ailleurs un excellent guitariste, en témoigne « Holiday » qui défonce tout sur son passage, mais se repose beaucoup sur Jason White, qui prend le relais régulièrement et s’avère tout aussi versatile. On a tendance à oublier l’intelligence d’écriture de GREEN DAY mais des titres comme « 2000 Lightyears Away », et son urgence dansante, « Minority » et son énergie communicative, sont là pour le rappeler. Surtout que Tré Cool possède toujours cette touche de folie dans son jeu qui rend globalement toute ses parties incroyablement jouissives, le batteur montrant qu’il s’éclate à chaque instant (il est limite à danser derrière ses fûts sur « Holiday »). L’indétronnable Mike Dirnt assure derrière sa basse et propose un groove et une profondeur sonore qui rendent « complète » la musique de GREEN DAY, sa ligne ultra minimaliste mais belle à pleurer sur « Boulevard Of Broken Dreams » est toujours magistrale et sur « Basket Case » il vient compléter la guitare de la plus belle des manières. C’est sur ce morceau rendu une nouvelle fois explosif par des fans qui décidemment ne faiblissent pas, que nos forces nous lâchent et que nous commençons à rentrer. Nous profitons donc de loin de la fin du concert, agrémentée par d’autres discours, toujours plus de classiques et des acclamations qui n’en finissent pas. Ce soir GREEN DAY a su démontrer qu’il était revenu au sommet de sa forme et qu’il restait une figure majeure du rock. Un groupe qui mérite clairement sa place, et qu’on a également hâte de revoir.