Le principal intérêt de bosser pour une radio rock, c’est qu’on a souvent l’occasion de faire de nombreuses découvertes, surtout dans le rock Français qui, ces derniers temps, présente un visage de plus en plus riche et intéressant. Ayant suivi MR PINK depuis leur EP 5 titres en 2013, j’ai été plus que bluffé par « Road Is Home » leur premier album sorti le 24 Février dernier. J’avais honnêtement pensé qu’il leur serait impossible de reproduire la complexité et la diversité des morceaux sur scène.
Alors quand j’ai appris qu’ils passaient à la Dame De Canton, une péniche parisienne, j’ai évidemment sauté sur l’occasion.
MONSIEUR PINK + THE LUDES
Écrit par Gus sur 23 mars 2015
Il pleut des hallebardes sur la capitale alors que THE LUDES, quatuor parisien, entame son set. Et ce groupe me rappelle pourquoi j’aime les premières parties puisqu’on a le droit ce soir à une très bonne mise en bouche. Multipliant les influences, THE LUDES propose une musique qui fait bouger et sourire dès la première note. Malgré un mix de voix un peu en retrait, Ludo s’avère être un frontman et un guitariste de grande qualité, enchainant les morceaux avec une aisance et un plaisir communicatifs. Et ses compagnons ne sont pas en reste, délivrant une prestation carrée et très énergique. Mention spéciale à Georges Tom véritable homme à tout faire derrière ses claviers, dont les ajouts de percussions sont souvent bienvenus. Fred assure sa batterie sans faillir, malgré quelques rythmiques parfois un peu répétitives. Quant à Fabien, bassiste dont le retrait peut s’expliquer par sa récente arrivée dans la formation, il délivre des lignes groovy et entrainantes grâce à son jeu déjà très bien intégré. Les morceaux sont un subtil mélange de rockabilly, de pop élégante et de touches de garage rock, ce qui lui donne une personnalité immédiate et plutôt originale.
Toutefois, il manque à la performance un léger grain de folie, un petit quelque chose pour la faire décoller et la rendre particulièrement mémorable. Mais ne boudons pas notre plaisir, THE LUDES nous a fait passer un moment plus que sympathique en démontrant un potentiel intéressant.
Après un entracte permettant à MONSIEUR PINK de mettre son matériel en place, les choses sérieuses commencent. Et dès le premier morceau, j’ai dû ramasser ma mâchoire. Moi qui pensais que jamais les franco-irlandais du Jura n’arriveraient à reproduire la complexité de l’album, j’ai dû ravaler mes aprioris. Les morceaux sont complétement adaptés à la scène, canalisant leur énergie brute directement sur le public. La setlist s’avère donc être un sans-faute : « Golden Child », « Road Is Home », « Back On The Ground » et le génial « I Am A Stone » en clôture sont autant de bonnes raisons de sauter, taper des mains, hocher la tête, battre la mesure et partager un vrai moment de rock en communion avec le groupe qui donne tout ce qu’il a, et plus encore. Chacun des membres possède une identité propre et forte. Anthony, derrière ses futs, est un maitre d’orchestre dont l’approche est simple « rien ne sert de cogner, il faut frapper à point », oscillant entre thèmes classiques, jazz, rock et changements de rythme, c’est un plaisir que de le voir poser les fondations pour ses camarades (mention spéciale à « Back On The Ground » et ses petits breaks). Et ce général mène ses troupe secondé par Julien et sa six-cordes, savant tisserand de mélodies intrigantes, envoutantes, aidé par une pléthore d’effets tous précisément maitrisés. Ensemble ils envoient des riffs sachant passer de la douceur à la puissance en un instant, et c’est un plaisir que d’être surpris par des morceaux que l’on croit connaître.</
Si la dynamique guitare-batterie est impressionnante, elle se trouve magnifiée par l’ajout d’un vrai bassiste, dont le rôle n’est pas que de soutenir la guitare. Johann, assure incomparablement ce rôle, en se lâchant dès qu’il a l’occasion de prendre le lead sur un morceau et en alternant des jeux funks, grunge, et presque metal sans efforts. La précision et la méticulosité de ces trois musiciens permettent donc de profiter d’un concert très bien exécuté, mais la touche de génie vient de cet Irlandais qui a surement du se paumer le jour où il a débarqué dans le pays des lacs. Kevin Twomey, subtil mélange d’Elvis (pour l’attitude), Mick Jagger (pour l’énergie) et Joe Cocker (pour l’intensité), cours partout tout le temps, ne tenant en place que lorsqu’il doit prendre sa guitare. Il faut le voir traverser le bateau et jouer avec le public en arborant un sourire radieux, qu’il refile à tout le monde, tout étant juste de bout en bout. Et l’unité de ces quatre garçons dans la bise n’est jamais plus visible que dans des chœurs géniaux et jamais superflus. En leur compagnie on oublie le temps qui passe, la pluie et le froid pour ne vivre que leur musique, qui ce soir aura su convaincre tout le public. Cerise sur le gâteau, un nouveau morceau, « House Of Time » est joué ce soir, il est déjà quasi parfait et s’incruste dans le show sans aucun problème.
En définitive, les absents auront eu tort. Si l’album m’avait mis une claque, je ressors de la Dame de Canton conquis, persuadé que ce quatuor mérite d’aller loin. Le « pink rock » a fait très fort et je repars un peu déçu que cela soit déjà fini. Mais j’ai la certitude que ce soir, j’ai vécu quelque chose de spécial, l’expérience d’un groupe qui démontre définitivement que le rock Français écrit encore ses lettres de noblesses.
Setlist MONSIEUR PINK :
Non communiquée
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