DAVID TMX – Le Bonhomme Bretzel

Écrit par sur 8 mars 2015

« Le Core Et L’Esprit » marquait la fin d’une ère, à tel point qu’il aurait dû être le tout dernier enregistrement de DAVID TMX. Vu ma chronique précédente, vous savez que j’aurais sacrément regretté que ça se termine comme ça, tout simplement parce que je déteste voir un musicien que je respecte et j’admire s’arrêter. C’est con, et purement égoïste, mais c’est mon naturel de fan que je n’arrive pas à réprimer. Et c’est la raison pour laquelle l’annonce du « Bonhomme Bretzel » m’a rempli d’une joie extatique que même l’année de daube ultime que fut 2014 (que 2015 va tenter de surpasser d’entrée de jeu apparemment) n’a pas ébranlée.

Et cette fois-ci je n’ai eu absolument aucune appréhension, grâce à trois morceaux partagés avant la sortie et qui ont donné le ton sur ce qui allait venir.

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Sorti le 14/01/2015 sur Jamendo.

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Tracklist :

01. Je Ne Suis Pas
02. Rendez Vous Service
03. Je Marche Mal
04. D’après Toi
05. La Prière Du Bretzel
06. Dans Le 55
07. Je M’en Irai
08. T’en Veux Du Hardcore
09. C’est Surement Les Manouches
10. La Montée Vers Le Front
11. J’ai Parlé A Dieu
12. Pepinot
13. Le Hippie Électrique
14. L’Oie Blanche
15. Mon Chat Est Mort
16. Le Bidule A Jean-Mi
17. Grafenberg Mon Amour
18. Ö Grand Murin
19. La Mort De L’Homme Bretzel

Line-up :

David TMX (Tout)
David Guetto (Claviers)
Lady Hardcore (Chant)

davidtmxban

ADORAMUS BRETZELUM, GLORIA TMXUM

DAVID TMX est avant tout un projet introspectif. Et ses trois derniers albums (« Quadragénaire De Quoi J’ai L’air », « Renaissance », « Le Core Et l’Esprit ») étaient truffés de pépites à l’écriture magnifique. Mais là, un cap a été franchi, une nouvelle étape a été atteinte. Ici, les paroles sont parmi les plus touchantes, les plus justes et les plus intenses que j’ai entendues depuis longtemps. Il suffit de prendre un morceau comme « Je M’En Irai » et d’en disséquer le texte pour réaliser qu’on a affaire à un grand moment de poésie, parce que sérieusement une phrase toute simple comme : « Je m’en vais à la campagne, je mens car je m’en vais surtout afin que ton absence me soulage et t’épargne de découvrir mes plus mauvais atouts », arrive à me réconcilier avec le chant en Français de par sa beauté ingénue. Et ce n’est pas la seule, « Je Marche Mal », « Je Ne Suis Pas », « La Montée Vers Le Front », « J’ai Parlé A Dieu »… Tous ces morceaux démontrent que le temps a un impact bénéfique sur les talents de parolier du trappeur.

Ces titres nous permettent de dégager une certaine tendance : oui, « Le Bonhomme Bretzel » est sombre. Bien plus sombre que ces prédécesseurs, autant du point de vue des paroles que de celui de la musique. La frappe de batterie est rageuse, puissante dès « Je Ne Suis Pas », morceau vindicatif par excellence, sur lequel même les lignes de claviers ne sont qu’ un prémice au déchainement des guitares et de la voix rocailleuse qui ne demande qu’une seule chose : qu’on lui foute la paix. L’identification est immédiate, instantanée, tant la colère qui émane de ce morceau est palpable et directe. Tout comme dans l’excellent « D’Après Toi » ou le riff galopant vous décrochera le cou à grand renforts d’une ligne de batterie ravageuse et d’un break monumental. Que dire du final « La Mort De L’homme Bretzel », avec son clavier glauque à souhait et ses paroles déclamées par une voix funeste ? Tout simplement que ce morceau donne la chair de poule à chaque écoute. « Je Marche Mal » avec ses petits accords sautillants, sa basse ronde et son rythme presque nonchalant ou les arrangements mélancoliques font particulièrement ressortir des paroles d’une profonde tristesse qui marqueront l’auditeur dès la première écoute.

La petite introduction du disque nous annonce aussi ironie et sens de l’humour, constante de la discographie Tmxienne, qui sont elles aussi présentes, mais très différemment de ce qu’il nous a proposé par le passé. « Dans Le 55 », hymne à la gloire de ce département rural qu’est la Meuse, est truffé de références à d’anciens morceaux et s’avère bourré de petites trouvailles (« les corbeaux volent à l’envers, mais enfin la comme d’habitude on exagère ») qui vous feront au minimum sourire, « Grafenberg Mon Amour » est une perle metalcore de grivoiserie (vous chercherez le nom du monsieur pour comprendre). « C’est Surement Les Manouches » avec son ironie saignante et corrosive et « O Grand Murin » description conviviale et légère de ce qui ressemble au paradis du trappeur restent deux temps forts, affichant tour à tour toutes les qualités esthétiques et musicales de TMX, avec les claviers un peu cheap mais délicieux, et surtout une diversité stylistique sans faille qui passe du hardcore le plus bourrin à du reggae (« Pepinot »), de la variété, du jazz manouche en passant par de la musette… Le tout dans un esprit rock perpétuel. Bref un pot-pourri entraînant et accrocheur qui se savoure sans aucune forme de modération.

Il faut également noter la performance de David Guetto aux claviers et la présence de Lady Hardcore dont la voix ajoute beaucoup à un univers musical déjà riche.

« Le Bonhomme Bretzel » est un opus difficile à appréhender et très déroutant pour ceux qui recherchaient avant tout la déconne chez l’émigré normand. Très sombre, très riche et magnifiquement écrit, il est impressionnant de voir qu’avec ce seizième album, DAVID TMX est encore capable de nous donner des morceaux fabuleux (« La Prière Du Bretzel » et « Le Hippie Electrique » oui c’est bon j’arrête de tous les citer). Toujours musicalement au top, DAVID TMX propose ici l’une de ses toutes meilleures sorties, qu’il est impératif que vous écoutiez, un point c’est tout.


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