SAINT VITUS + ORANGE GOBLIN

Écrit par sur 7 novembre 2014

J’ai souvent dit que j’admirais les artistes intègres, ceux qui ne dévient jamais de leur ligne de conduite, qui ne faisaient que ce qu’ils voulaient quand il le voulaient. Plus ils ont de bouteille, plus je les respecte. Donc lorsque SAINT VITUS fête ses 30 ans, je me suis prosterné en hurlant que je n’étais pas digne. Mais comme je suis aussi le premier à vouloir fêter ça et que vous rajoutez les bucherons d’ORANGE GOBLIN en ouverture, et bien je campe devant la salle.

C’est dans un froid qui s’installe et une petite bruine que nous pénétrons donc dans la flèche d’Or, petite salle de l’Est parisien. Installée dans une ancienne gare, la scène est minuscule, face au bar et au stand de merchandising, bref c’est sobre. Un petit achat de t-shirt, me permet de voir un petit panneau très subtil faisant état de possibilité de troc, et je me dis qu’on est pile poil dans l’ambiance et j’en profite pour aller me placer au second rang juste au milieu de la scène. Il n’y a aucun espace pour les photographes. Bonne chance les mecs, bien fait pour Shyanna mouahaha.

ORANGE GOBLIN

Après une longue attente, la lumière s’estompe et ORANGE GOBLIN prend possession de la scène. Enfin, Ben Ward, prend possession de la scène. Je savais qu’il était grand, mais en fait cet homme est un vrai colosse, avec des battoirs à la place des mains. D’entrée de jeu, la salle explose au son d’un « Scorpionica » toujours aussi jouissif en ouverture. Le son est gras, lourd, puissant et pourvu d’un groove phénoménal. Mention particulière au duo Martyn Millard (basse) et Chris Turner (batterie) qui roule sur tout le monde à la manière d’un char d’assaut. Mais sur une scène aussi petite, et surtout vu ma position, c’est Ben Ward himself qui m’en collera plein la vue. Ce mec est un pirate, menant son bateau d’une main de fer. Haranguant la foule dès que possible, se brisant le coup à force de headbanging, alignant pose de psychopathe sur sourire carnassier, l’anglais enflamme la flèche d’or et provoque pogo sur pogo, en s’appuyant sur Joe Hoare, son fidèle second aux riffs acérés et aux soli redoutables, qu’il vient exécuter juste devant le public. Malgré un léger désagrément (un mec vissé devant la scène, avec une veste en jean aussi vieille que lui et qu’il n’a, vu l’odeur qu’il dégage à chaque mouvement, jamais lavé, hurlera tout le concert que ça joue trop vite et qu’ « on n’est pas là pour écouter MOTORHEAD », comme si ORANGE GOBLIN ne maitrisait pas son sujet et devait lui obéir) on est devant un quatuor qui maitrise sa partition, en offrant une setlist parfaitement équilibrée qui maintient la fosse dans un état d’ébullition constant. Les pits déchainés s’enchainent alors que l’on revisite toute la carrière des anglais, « Saruman’s Wish », « Sabbath Hex », « The Fog » et un « Red Tide Rising » pour un final monstrueux. Bref, que des tubes heavy/doom/stoner en puissance qui font presque oublier le temps pourri sur la capitale. Une heure intense, pleine de sueur, de bière et de metal, bref un début de soirée quasi-parfait.

Setlist ORANGE GOBLIN :
« Scorpionica »
« Acid Trial »
« Saruman’s Wish »
« Sabbath Hex »
« Heavy Lies The Crown »
« Blue Snow »
« Cities Of Frost »
« Into the Arms Of Morpheus »
« The Devil’s Whip »
« The Fog »
« They Come Back (Harvest Of Skulls) »
« Quincy The Pigboy »
« Red Tide Rising »
Lien vers le site du groupe

SAINT VITUS

Et je profite de la pause pour un message d’intérêt public à l’encontre de mes congénères metalleux : une veste à patch, ça se lave. Souvent. Parce que la ce soir, la salle pue la sueur rance et la bière pas fraiche (surtout certains fans «trve » qui se collent à l’avant de la scène) ce qui rend certains moments assez désagréables et difficiles à passer. Mais bon, il n’est pas dit qu’on me fera louper un concert de VITUS facilement. Après 20 minutes de pause, ou j’ai eu l’occasion de voir le montage de batterie le plus roots de l’univers, c’est chose faite. Les quatre américains foulent les planches.

Et il leur faut exactement une note et demi pour démontrer la raison principale de leur longévité, en entament par un enchainement « Living Backwards »/ « I Bleed Black » à se décrocher la nuque pour tenir le rythme. Dave Chandler est déchainé comme jamais, avec sa tête de psychopathe, ses cheveux de fous et ses mimiques dignes des meilleurs films d’horreur. Il maltraite sa guitare pour en tirer des sons inhumains lors de soli à rallonge. Le morceau d’âme d’Hendrix qu’il a absorbé un jour se fait sentir. Le guitariste est définitivement le cerveau de SAINT VITUS, portant le poids de composition iconiques et de riffs cultissimes, entre doom vicieux et hardcore énervé. Le cœur du groupe c’est indéniablement sa section rythmique : Henry Vasquez est un batteur/ours/bucheron qui cogne tellement fort que son micro de grosse caisse doit être replacé entre chaque morceau, et que sur un énorme « Saint Vitus », joué en rappel, la salle menace de s’effondrer, quant à Mark Adams, si son jeu tout en subtilité, en discrétion et en lourdeur, le fait un peu disparaitre derrière ses camarades, sa contribution à la puissance d’un « Blessed Night » ou d’un « Dying Inside » est capitale par le relief qu’elle leur donne. Et enfin, dans un contraste quasi parfait avec Dave Chandler, se trouve l’unique Scott « Wino » Weinrich. Ce type aux épaules larges et à la gueule burinée, ce chanteur iconique du doom au regard magnétique qui vous transperce dès qu’il vous capte. Sa performance est irréprochable ce soir, tandis qu’il canalise une fosse aux aguets, ne la laissant s’exprimer et se lâcher que lorsque la musique ne le permet (il calmera d’ailleurs mon joyeux drille de plus tôt en lui posant simplement la main sur la tête), l’entendre chanter « Born Too Late » donne l’impression qu’il s’adresse à l’âme de chacun des spectateurs.

Pour célébrer 35 ans de carrière, le combo puise dans toute sa discographie (à l’exception de « C.O.D. ») et enchaine tuerie sur tuerie. Mais évidemment, c’est le mythique « Born Too Late » qui se taille la part du lion, puisque 6 des 9 morceaux sont joués dans l’ordre inverse de l’album, ce qui en plus d’être surprenant, démontre que le tout se tient aussi dans ce sens-là (et faire précéder cette surprise de « The Troll » est assez hilarant). Et plus la soirée avance, plus la descente dans la folie est palpable, plus la puissance et la mélancolie qui émane de la paire Chandler/Wino est étouffante, faisant finir le concert par « Clear Windowpane » qui voit le gratteux descendre dans la foule et utiliser les têtes des fans du premier rangs pour appuyer sur ses cordes (ce qui lui vaudra une ovation de la part d’une partie de la fosse) et surtout un « Born Too Late » monumental, sur lequel on s’époumone en ayant la chair de poule. Ce soir SAINT VITUS a une nouvelle fois affirmé sa position de prophète du doom, en délivrant une performance magistrale, parfaite de bout en bout, qui me fait espérer le meilleur pour un possible album en préparation. 35 ans… Je suis définitivement né trop tard.

Setlist SAINT VITUS :
« Living Backwards »
« I Bleed Black »
« Blessed Night »
« Let Them Fall »
« White Stallions »
« The Troll »
« The War Starter »
« The Lost Feeling »
« H.A.A.G. »
« Dying Inside »
« Clear Windowpane »
« Born Too Late »
Rappel:
« Saint Vitus »

Lien vers le site du groupe

Les photos utilisées proviennent des sites suivants : le Parisien, www.concertandco.com www.lyricloungereview.co.uk/www.facebook.com fr.metalship.org/


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