AVATAR + KILLUS + HENCHMAN

Écrit par sur 1 mai 2014

Si organiser un concert un dimanche soir un week-end de Pâques peut relever de l’épreuve de force, l’organiser à 30km de Paris peut relever de l’inconscience pure et dure. Pourtant, c’est le choix qu’à fait AVATAR, qui se produit ce soir au Covent Garden Studio à Eragny-sur-Oise, et nous offre ainsi l’occasion de les revoir, après leur concert plus que remarqué au Zénith de Paris en Novembre dernier.

Premier constat, le Covent Garden est une petite salle à la décoration parfaitement minimaliste. Une petite scène, une porte pour les coulisses, une console et c’est tout. On ne fait pas plus simple en fait. Pourtant cette simplicité dissimule une petite salle de très très grande qualité. L’accueil y est impeccable (les gens sont sympathiques et disponibles, ce qui est finalement plutôt rare), la buvette propose de la bonne bière pas chère, des sandwiches avec un excellent rapport qualité/prix, des sodas VRAIMENT frais. Bref, déjà de supers bons points marqués pour la soirée.

HENCHMAN

On attaque avec le régional de l’étape, puisque le trio Français HENCHMAN débute les hostilités dans une ambiance superbement roots, puisque le guitariste arrive totalement à l’arrache pour des balances qui dureront à peu près 35 secondes… Si je peux comprendre la présence de KILLUS sur la même affiche qu’AVATAR, celle d’un groupe de punk/noise/hardcore me paraît un peu plus étonnante. Et effectivement, dès la première note, on comprend que HENCHMAN n’usurpe pas du tout son style. Le punk provient d’un batteur absolument barbaresque qui démonte ses fûts sans sourciller et possède une frappe aussi impressionnante qu’étrangement saccadée, ce qui limite clairement l’énergie qu’il dégage. Le hardcore provient de la basse ronflante, qui propose des riffs accrocheurs incitant au démontage de cou en direct, et du chant, à la frontière entre le chant des RAMONES et les éructations d’Henry Rollins, qui peut être difficile à appréhender pour les non-amateurs. Quant à la noise, elle est fournie par l’utilisation importante de bends, d’assonances et de dissonances dans la guitare… qui, si elle remplit le boulot, noie un peu le reste de la musique, tout simplement parce que le bruit occulte trop souvent les riffs et empêche de rentrer dans les morceaux. Et c’est le principal problème du trio : si les éléments sont assez facilement identifiables, tout cela manque un peu de cohérence et d’unité. Un groupe avec beaucoup de potentiel donc, mais clairement pas à sa place ce soir.

KILLUS

Une toute petite pause, un changement de matériel et on a l’arrivée sur scène des espagnols de KILLUS, que j’ai découvert juste avant ce concert et que j’avais un peu hâte de voir sur scène, essentiellement à cause de leurs costumes et de leurs maquillages. Et je ne suis pas déçu, on a droit à un mélange entre MARILYN MANSON, les MISFITS et PUNISH YOURSELF avec des maquillages noirs et blancs, des lentilles de contacts et des cheveux que ne renierait pas Michale Graves (et j’arrête avec le name dropping, promis). Un sample indus bien groovy, et c’est parti pour quarante minutes d’un show décadent et délicieusement bourrin, marqué essentiellement par la capacité du quatuor à galvaniser la foule et faire le show. Et finalement tout est dit… La musique des espagnols est un pur moment de plaisir, ça rentre dans une oreille pour ne plus sortir de la tête, c’est simple sans jamais être basique, c’est hyper entraînant et accrocheur, un subtil mélange de metalcore à riff et d’indus bien gras pour bouger son boule. Le jeu de scène ultra communicatif du bassiste qui se met la main dans le fut, ouvre des yeux hallucinés la plupart du temps et finira par cracher sur son chanteur marche hyper bien avec un public qui, malgré un léger étonnement sur le premier morceau, adhère totalement à KILLUS et son chanteur fou furieux qui arpente l’avant de la scène en haranguant la foule. La section rythmique est également impitoyable enchainant les motifs rythmiques précis, carrés et surtout ultra percutants, la batterie est en total contraste avec celle de HENCHMAN et démontre une énergie continue sur toute la durée du set. Ajoutez à cela un guitariste qui enchaine riffs plombés et soli instantanés pour achever les hymnes indus imparables, et vous obtenez une excellente surprise à revoir rapidement.

Setlist KILLUS :
Non communiquée
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AVATAR

Après une courte pause, et une centaine d’aller-retour d’un technicien dont le bandana façon Rambo me fait absolument rêver, les lumières s’éteignent à nouveau, et à la clameur du public il devient apparent que celui-ci n’est venu que pour profiter d’AVATAR. Et honnêtement la vision de 4 des 5 membres du combo (Johannes Eckerström étant encore en coulisses) debout, poings levés, face au public me donne des frissons…Ce sentiment de puissance et d’unité qui se dégage de la formation est définitivement impressionnant. Mais même avec tout ça, l’arrivée du vocaliste, tout de cuir vêtu, portant un immense masque sur le visage, provoque une acclamation unanime de la foule qui galvanisera encore plus le quintet.

Et dès le début de « Let Us Die », ça ne fait plus aucun doute, le Zénith n’était pas un bug dans la matrice, on tient là une formidable machine de guerre live. Johannes est très en voix, et son chant est aussi marquant que sur album, ses changements de registres sur « Vultures Fly » et le chant clair de « Paint Me Red » donnent la chair de poule, ce d’autant que les nombreux changements de costumes et les interventions au micro dévoilent une autre facette de son personnage, et même si le public lui était dévoué avant le concert, son aisance et sa capacité à le faire bouger à sa convenance force le respect.

Toutefois résumer AVATAR à son chanteur serait manquer de lucidité par rapport à ce qui se passe sur scène. Parce qu’ici aucun musicien n’est inutile et chacun connait et maitrise parfaitement son rôle. Le trio Küngen, Tim Öhrström aux guitares et Henrik Sandelin à la basse est absolument impérial et délivre riff sur riff avec une précision et une puissance implacable. « Napalm », « Let It Burn » mais surtout le monstrueux « Hail The Apocalypse » et son riff d’intro monumental qui achève de me convaincre de la solidité du prochain album ainsi que le surpuissant « Blöd » qui assène coup de latte après coup de latte. Les soli de Küngen font systématiquement mouche et offrent une nouvelle dimension à certains morceaux ce qui renforcent encore leur qualité.

Mais il est vrai que si ces quatre hommes peuvent évoluer aussi aisément dans des morceaux pas si évidents que ça, c’est surtout grâce à la performance royale de John Alfredsson qui martèle ses futs comme si sa vie en dépendait. La taille de la salle met forcément la batterie en avant mais là on est à un niveau d’énergie qui détruit tout sur son passage. Véritable moteur de la formation, celui-ci allie parfaitement force pure et un feeling parfait qui permet de profiter de l’ensemble des tubes issus de « Black Waltz » et de 2 extraits du « Hail The Apocalypse » dont la sortie imminente me fait piaffer d’impatience.

Ce soir AVATAR n’a pas joué au Covent Garden Studio, mais devant un stade en folie, profitant de chaque instant pour communiquer avec un public déchainé qui s’imposera comme le sixième homme de la soirée. Energique, puissant, intense… les qualificatifs ne manqueront pas pour décrire ce concert, mais en définitive tout ce qu’il faut dire c’est que la prochaine fois qu’AVATAR se produit près de chez vous foncez, vous ne le regretterez pas.

Setlist AVATAR :
Non communiquée

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Crédit photos : Shyanna


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