Deuxio : une batterie métronomique. On ne fait pas du rock pour jouer de la batterie de façon technique. On ne le redira jamais assez, une bonne rythmique bien basique mais frappée avec les tripes vaut tous les changements de rythmes de l’univers. C’est pour ça qu’on mémorise un morceau comme « Highway Rebel » en un quart de seconde et qu’on va taper du pied pendant tout cet album. Dolphin a un rôle : faire vibrer ses toms suffisamment fort pour vous faire instantanément remuer votre corps, et il le fait à la perfection. C’est mécanique autant que c’est efficace et on en redemande. En plus, il réussit à combiner un aspect très appuyé de son jeu avec une légèreté assez inattendue, grâce à une utilisation maitrisée du charley et de la caisse claire pour marquer le temps.
Tertio : une basse qui sert de doublure à la guitare rythmique. Certes, le style pratiqué implique souvent que la basse soit utilisée de cette façon, mais chez ’77 contrairement à de nombreux groupes, la basse trace une ligne sans faille qui jalonne l’ensemble de l’album. Si celle-ci s’avère redoutable de discrétion, la première fois qu’on la remarque on se rend compte qu’il est impossible de l’oublier après ça. Raw ne fait pas d’esbroufe ni de prouesse technique mais abat sans sourciller un travail de fond qui lui permet de porter ses trois comparses.
Quatro : Un chanteur au timbre nasillard qui balance une sauce animale et presque nonchalante dans nos chtites noreilles. C’est sur ce point vraiment que ’77 affiche son amour inconditionnel pour le quartet Australien. Armand Valeta a dû être nourri aux gènes de Bon Scott tant son timbre rappelle celui de l’écossais. Intonations, attaques de couplets… Sur l’intro de « Don’t You Scream » on croirait vraiment que le chanteur est ressuscité juste pour un album. Ce d’autant qu’on a ici droit à une performance impeccable, jamais ennuyeuse et toujours enjouée.
Mais tout ça c’est bien beau, et si vous vouliez écouter un album complet d’AC/DC… Vous écouteriez un album d’AC/DC, forcément. C’est là que l’alchimie de ’77 prend tout son sens, parce que malgré une forte influence, le jeune quatuor développe une personnalité qui lui est propre et il ne vous faudra que quelque écoutes pour réussir à les identifier et à les séparer de leurs ainés. Le morceau « Maximum Rock’n’roll » par exemple, tire aussi des influences des ROLLING STONES et de ZZ TOP, qui se marient parfaitement au reste, pour une parfaite entrée en matière qui ronronne comme une vielle Cadillac sur les routes américaines des années 60. La force des quatre musiciens réside dans leur volonté apparente de trouver leurs propres marques en piochant dans tous les groupes de rock bluesy des années 60 et 70, voire même dans le son blues des années 50 (le très WTF « Stay Away From Water ») pour développer son univers musical. Ajoutez à cela une production vraiment surprenante de clarté et de rondeur qui permet à chaque instrument d’avoir une place parfaitement définie (« Virtually Good » est une merveille) et l’on tient là l’une des grosses surprises de la fin 2013, pour un groupe qui semble progresser d’année en année.
Si on veut chipoter, on peut leur reprocher un rythme qui ne décolle que trop rarement et quelques hymnes plus punchy n’aurait surement pas fait de mal à « Maximum Rock’n’Roll ». Mais ne boudons pas notre plaisir, les très nombreuses qualités de cet enregistrement étant suffisante pour une recommandation plus qu’honorable. Dans l’attente de nouveaux concerts en France, qu’il ne faudra pas rater, c’est une évidence.