ANDI DERIS & THE BAD BANKERS – Million Dollar Haircuts On Ten Cent Heads

Écrit par sur 16 novembre 2013

J’aime bien les albums comme ça… J’aime bien les albums que je ne sais pas par quel bout prendre. C’est toujours facile d’écrire une introduction. Après une dizaine d’essai généralement, je sature. J’en peux plus et je m’énerve, et comme je m’énerve je me mets à ne pas aimer l’album… Vous avouerez que c’est idiot quand même. Non parce qu’à la limite si c’est parce que l’album est mauvais, ça va, on peut le détester, ça ne fera de tort à personne. Mais quand il est bon, riche, complexe et beau, et qu’en plus il a réussi à accaparer les oreilles de Shyanna pendant ces trois dernières semaines, c’est profondément scandaleux de lui faire subir ça, à ce pauvre disque.

Parce qu’il est inutile de tourner autour du pot, ce troisième album solo d’Andi Deris est une perle, une merveille, une vraie surprise que je n’attendais absolument pas.

ANDI-DERIS-Million-Dollars-Pochette

Sorti le 22/11/2013 sur earMUSIC.

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Tracklist :

01. Cock
02. Will We Ever Change
03. Banker’s Delight (DOA)
04. Blind
05. Don’t Listen To The Radio (TWOT 1938)
06. Who Am I
07. Must Be Dreaming
08. The Last Days Of Rain
09. EnAmoria
10. This Could Go On Forever
11. I Sing Myself Away

Line-up :

Andi Deris (Bad chant, bad guitare)
Jezoar Marrero (Bad Basse)
Nico Martin (Bad Guitare)
Nasim López-Palacios (Bad Batterie)

ANDI-DERIS-Band

Au moins, la crise apporte de grands albums.

Quatorze ans sépare « Million Dollar Haircuts On Ten Cent Heads » de « Done By Mirrors » le précédent album solo du blond chanteur et vu son activité dans HELLOWEEN (cf. l’interview ici) c’est à peu près normal. Mais l’effet positif de l’espace énorme qui existe entre ces deux albums, c’est la richesse qui en découle. Véritable synthèse de la carrière du chanteur, on passe de PINK CREAM 69 à HELLOWEEN en traversant tout ce qui a pu l’influencer de près ou de loin (KISS, FREE, KORN…). Sur le papier ça peut donner un album bordélique, et d’une certaine façon c’est le cas : « EnAmoria », « Don’t Listen To The Radio », « Cock »… On passe vraiment d’un style à l’autre à chaque nouveau morceau. Mais pourtant tout s’enchaine parfaitement bien, sans que l’on ne soit jamais déstabilisé.

Il faut dire que le concept, basé sur l’aversion d’Andi Deris pour les banquiers et les managers du monde entier, n’est pas omniprésent mais permet un fil conducteur que tout le monde peut suivre aisément. En effet la progression est logique, et parfaitement maitrisée. Partant du morceau le plus agressif de l’album (« Cock »), pour se terminer sur le magnifiquement délicat « I Sing Myself Away » en oscillant entre les ambiances et les couleurs musicales aussi naturellement que possible.

Mais ce n’est pas seulement la musique qui oscille entre les couleurs et les ambiances… And Deris n’a jamais chanté aussi bien de manière aussi variée. Ceux qui l’ont vu en live connaissent une partie de son talent, mais ici il est tout simplement impressionnant, faisant la démonstration de toute sa palette vocale du début à la fin de l’album. Criant sur « Banker’s Delight », vindicatif et rythmique sur « Cock », délicat et désabusé sur « Blind », épique et majestueux sur « EnAmoria », subtil et tendre sur « I Sing Myself Away », il enchaîne même tout ça sur le superbement génial « Must Be Dreaming ». Les fans d’HELLOWEEN retrouveront même la voix des derniers albums de la formation sur « Don’t Listen To The Radio », morceaux surement le plus proche du registre de son autre groupe. En fait, le chanteur se réinvente vraiment à chaque morceau, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.

Mais si il peut se le permettre, c’est avant tout parce que ses « Bad Bankers » (le trio qui l’accompagne ici) est loin d’être un trio de manchots. Si l’histoire de leur rencontre est hilarante, leur talent musical force le respect. Ainsi Nasim Lopez-Palacios est un batteur bluffant, parce qu’en plus d’être un métronome dès lors que le morceau en a besoin (« Cock ») il sait aussi assurer des petits appels de double grosse caisse absolument discret mais qui annonce immédiatement le changement de rythme (« Don’t Listen To The Radio »), ses talents de percussionniste sont également d’un grand secours sur « Who Am I » ou son jeu de cymbales permet d’aérer le morceau et de donner aux couplets une vraie puissance (et la partie de batterie juste avant les refrains est juste à tomber par terre). Avec une frappe alternant entre la puissance et la subtilité, on a affaire à un batteur polymorphe haut de gamme, qui assure du début à la fin.

Chose rare, on entend la basse sur de très nombreuses introductions (« This Could Go On Forever », « Must Be Dreaming », « Will We Ever Change ») mais également sur l’ensemble des morceaux qui suivent. Servant ici un rôle de guitare rythmique, Jezoar Marrero réussi à insuffler une lourdeur à toutes ses parties, qui permet finalement d’accroitre l’impact des autres instruments. Véritable pilier rythmique de l’ensemble, son apparente simplicité cache un réel sens du rythme et une capacité rare à se mettre en retrait pour servir l’ensemble de l’album.

Et puis il y a Nico Martin… Complétant parfaitement ses deux comparses, son jeu de guitare de grande qualité est impeccable pour soutenir la mélodie à tous les moments. Ca riffe, ça shredde, ça balance des petites parties arpégées avec un groove et un feeling absolu. Le travail de guitare rythmique d’Andi Deris passe totalement à la trappe dès que Nico entame un solo, ce qui est le cas sur à peu près tous les morceaux et s’avère surprenant à tous les instants, particulièrement sur « EnAmoria » sur laquelle l’espagnol réussit à faire passer ce morceau de la case « intense » à la case « épique » en quelques notes, tout comme c’est le cas pour « Must Be Dreaming ». Soutenant parfaitement la voix d’Andi Deris, c’est en définitive l’association des trois musiciens qui rend cet album aussi excellent et cohérent dans son interprétation. Le genre de groupe rare que l’on peut être fier d’avoir découvert M. Deris.

Bref, je pourrais vous en parler pendant des heures, et vous en dire du bien parce que finalement le seul défaut que je trouve à cet album, c’est que les premières écoutes peuvent s’avérer un peu déroutante si l’on s’attend à du HELLOWEEN. Sinon rien, pas un défaut, pas un problème à observer, on est devant un objet rare de perfection. En définitive, « Million Dollar Haircuts On Ten Cent Heads » est un monument d’écriture, je vous recommande d’ailleurs la lecture des paroles, elles en valent le coup, et un album d’une rare intensité sur la durée. Les écoutes successives ne servent qu’à le rendre plus riche et dense. Un album à se procurer d’urgence, pour nous permettre de le voir défendu sur scène, ce qui serait déjà rajouter une autre cerise à ce gâteau.


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