Un groupe de métal ne serait également rien sans une bonne paire de riffeurs attitrés et on est obligé de s’incliner devant la délicieuse simplicité des parties proposées par le duo Zoltan Bathory/Jason Hook. Les riffs ne sont jamais très travaillés et pas forcément méga originaux, mais ça sonne tellement comme un coup de latte dans la tronche qu’on en a finalement pas grand-chose à faire. Prenons « Watch You Bleed » par exemple. La petite intro toute douce qui déboule sur un mur de grattes annonçant immédiatement un pogo dans la foulée, puis le petit pont à la lead qui aère le tout, c’pas super bien gaulé ? Les soli de Jason Hook sont aussi bien sentis, quoi qu’un poil typé années 80 par rapport au reste de la musique (mais celui de « Lift Me Up » est clairement juste badass) tandis que le labourage rythmique de Zoltan Báthory s’avère d’une efficacité redoutable (je suis amoureux du riff de « You » et du son de gratte de l’ensemble). Pas grand-chose à dire sur la basse de Chris Kael, ce dernier se retrouvant cantonné au rôle de 3ème guitare on le distingue assez peu même si son association à Zoltan Báthory permet clairement de renforcer le coté impactant de la musique.
Et là… Là, maintenant on passe clairement à la cerise sur le gâteau. Ivan Moody est l’un des meilleurs chanteurs du métal actuel. Le mot est lâché. Je n’ai que très rarement entendu un mec aussi complet (pas depuis Corey Taylor en fait). Capable de passer d’un registre purement délicat comme sur l’intro de « Wrong Side Of Heaven » à un quasi growl violent et puissant sur « You », il est partout à la fois, surtout là où on ne l’attend pas. Restant parfaitement compréhensible en tout temps (fait très rare dans le métal), il met la dose parfaite d’émotion et de puissance dans toutes ses lignes de chant. Il réussit même le tour de force suivant : sur « Lift Me Up » il chante en duo avec Rob Halford (juste le métal god) et parvient à laisser un impact aussi durable que celui de la légende. Voilà une bonne idée du niveau du bonhomme. Situé donc à un croisement étrange entre Corey Taylor, Michael Poulsen (VOLBEAT) et Chuck Billy (TESTAMENT), Ivan Moody livre ici une performance magistrale et fait sonner les paroles les plus classiques du monde « Gives a rat’s ass what you think about me » de façon suffisamment puissante pour qu’on admette que c’est juste trop bien, respect.
Mais l’autre force de FIVE FINGER DEATH PUNCH c’est de savoir pondre des refrains de tueurs. Leurs morceaux sont parfois délicieusement basiques (« Burn MF ») mais sont systématiquement sauvés par un refrain accrocheur et immédiat. Les structures des morceaux sont parmi les plus traditionnelles et on sent parfois que le quintet a trouvé sa formule et n’en démordra pas. Qu’importe, ils l’appliquent souvent de manière plutôt convaincante avec un talent certain, ce qui rend l’ensemble assez homogène et plaisant à l’écoute. Des morceaux comme « I.M. Sin », « Lift Me Up », « Dot Your Eyes » et l’excellente ballade « M.I.N.E. (End This Way) » sont clairement des joyaux qui feront un malheur en live.
Cet album n’est pas exempts de défauts. La basse est inexistante, les effets sont parfois trop présents sur la voix d’Ivan Moody, et clairement certains morceaux sont en deçà du reste : « Burn MF » est parfaitement oubliable et « Diary Of A Deadman » est beaucoup trop différente du reste pour avoir sa place en conclusion de l’album. On pourra aussi lui reprocher le fait de partir souvent dans plusieurs directions sans jamais vraiment aller au bout de sa démarche. Pour certains la reprise de LL Cool J « Mama Said Knock You Out » sera clairement un problème (bien qu’après plusieurs écoutes, le morceau passe comme une lettre à la poste).
Lorsque l’on fait ensuite la synthèse de tout ça on a quoi ? FIVE FINGER DEATH PUNCH est un groupe qui divisera très clairement les gens. On y verra soit du génie, soit un combo répétitif à mort. C’est le genre d’album que vous allez soit adorer dès la première écoute, soit détester farouchement dès le premier morceau. Mais objectivement« The Wrong Side of Heaven » est une franche réussite, bien construit, bien exécuté et taillé pour le live de bout en bout.
P.S. : je n’ai pas parlé des 3 bonus tracks. Ces versions alternatives de morceaux présents sur l’album sont tout à tour décevante (« Anywhere But Here », mais je supporte difficilement la voix de Maria Brink sur les couplets), pas mal (« Dot Your Eyes » avec Jamey Jasta) et carrément classe (« I.M. Sin » avec Max Cavalera)