BLACK SABBATH – 13

Écrit par sur 11 août 2013

Quand une légende du calibre de BLACK SABBATH sort un nouvel album, 35 ans après le précédent (avec Ozzy), il est normal pour les fans de s’attendre à une nouvelle révolution. Attente d’autant plus justifiée que l’album de HEAVEN AND HELL (SABBATH avec Dio) sorti en 2009 était une franche réussite. Mais chroniquer une sortie de cette trempe n’est pas chose aisée. Il faut jongler entre la nostalgie, un fanatisme évident (Tony, je t’aime) et la déception qui se profile à l’horizon. Pourquoi ? Parce qu’avec une attente pareille, on trouvera tous un petit quelque chose qui va nous fâcher et qui viendra ruiner ce moment que l’on s’est repassé un million de fois dans nos têtes.

Sauf que là non. « 13 » poutre. « 13 » est un candidat au titre d’album de l’année. « 13 » enterre une bonne partie de la concurrence.

BLACK-SABBATH-13

Sorti le 10/06/2013 sur Universal Music Group.

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Tracklist :

01. End Of The Beginning
02. God Is Dead ?
03. Loner
04. Zeitgeist
05. Age Of Reason
06. Live FOrever
07. Damaged Soul
08. Dear Father
09. Methademic (Bonus)
10. Peace Of Mind (Bonus)

Line-up :

Ozzy Osbourne (Chant, harmonica)
Tony Iommi (Guitare)
Geezer Butler (Basse)
Brad Wilk (Batterie, percussion)

BLACK-SABBATH-Band

Et à nouveau, sur le trône du métal siège BLACK SABBATH.

Commençons par les deux points qui fâchent. Premièrement, Brad Wilk a remplacé Bill Ward à la batterie. Son jeu est moins jazz, moins fluide et un poil plus stéréotypé que ce à quoi les anglais nous avaient habitués, mais finalement ce n’est pas un très gros problème. Il cogne fort, bien et n’en fait pas trop. Au final, avec un peu d’honnêteté ça ne dérange pas tant que ça. Surtout sur un titre comme « Methademic » (malheureusement uniquement en bonus) ou sa force de frappe est (pour une fois) parfaitement utilisée.

Par contre, ce qui dérange c’est cette saloperie de « Loudness War » qui fait que Rick Rubin (1) a poussé tout à fond. BLACK SABBATH est passé de groupe occulte qui fout la trouille à un groupe lisse et parfois un peu plat. On est presque devant un album solo d’Ozzy tant ce dernier est mis en avant… Geezer et Tony sont aussi présents, faut pas déconner, mais Brad Wilk a clairement pris pour tout le monde. Il est quasiment inexistant sur cette galette. Ou est la batterie de « The End Of The Beginning » ? Ou celle de « Loner » ? Alors d’accord niveau rythmique, quand votre bassiste s’apelle Geezer Butler vous pouvez vous passez d’un batteur, mais tout de même, pas à ce point là… Et mon dieu que c’est propret tout ça. Le renouveau des 70s étant plus présent que jamais (bonjour UNCLE ACID AND THE DEADBEATS) c’est frustrant. « Damaged Soul » aurait largement gagné à retrouver le son heavy et saturé d’un « War Pigs » par exemple. C’est dommage et ça plombe l’ensemble de façon parfois rédhibitoire.

Bien, maintenant qu’on a vu ce qui ne va pas, passons à ce qui va bien. A savoir tout le reste.

Ozzy n’a pas aussi bien chanté depuis « No More Tears », son timbre nasillard est ici quasi-parfait. « End t The Beginning » est l’un de ses tours de forces, à chaque fois qu’on l’entend chanter « Regeneration of Your Cybersonic soullllllll » ça flanque un frisson de tous les diables. Sur « Damaged Soul », on dirait presque qu’il a laissé sa place au Ozzy de la fin des années 70. Lui qui apparaissait totalement cramé sur ses derniers efforts solos montre clairement qu’il sait encore en imposer et que dans le cadre du sabbat noir, il est encore capable de s’impliquer et de donner le meilleur de lui-même. Autre exemple : « Methademic », durant lequel, bien qu’en retrait, il arrive à se faire parfaitement entendre et à imposer sa voix unique à l’auditeur.

Mais le duo de cet album, l’âme du groupe, ce qui fait que le tout colle des claques et en impose simplement par son existence, c’est le duo Iommi/Butler. Cette alliance de guitare sortant des tréfonds et de basse arachnéenne qui prend aux tripes. La montée à 2 :30 sur « Age Of Reason » est un chef d’œuvre, tout le savoir-faire du sab en 20 secondes. L’intro acoustique sur « Methademic », toute en subtilité, qui déboule sur un riff qui brisera des nuques par centaines, le petit arpège malsain de « God Is Dead » qui, tel une comptine occulte, vous restera dans la tête pour des jours, tout ceci démontre que malgré sa maladie, Tony Iommi est l’empereur incontesté du riff métallique (« Age Of Reason » est aussi génial… mais gâché par trop de propreté). Tony Iommi délivre à tout va des parties qui forcent tous les jeunes gratteux à s’agenouiller devant la légende. Quand il se permet de lâcher des solis comme celui-de « End Of The Beginning » ou de « Methademic », il démontre pourquoi le shred ou le sweep, c’est finalement juste bon à en coller plein la vue en live et que le feeling compte plus que tout au monde.

Quant à Geezer Butler… L’homme de l’ombre de BLACK SABBATH n’a jamais autant brillé par sa présence. Ses rythmiques surpuissantes, ou l’on sent ses doigts accrocher chaque corde et marteler chaque note sont une pure merveille. « Age Of Reason » est par exemple le titre démontrant le mieux son importance au sein du quatuor. Cette ligne simple et discrète mais qui se révèle à l’auditeur après plusieurs écoutes et finit par devenir capitale dans le morceau est une leçon que toutes les sections rythmiques du monde devraient retenir. On retrouve cette même idée sur « God Is Dead » ou dès que l’on tend l’oreille on se retrouve à headbanguer sur le refrain ou la montée/descente est imparable. Oui, les deux compères sont d’une complémentarité effrayante et magnifique, et un titre comme « Methademic » en est la preuve parfaite.

Musicalement, BLACK SABBATH n’a rien inventé avec ce « 13 » mais prouve que quand on a de bonnes bases (« Age Of Reason », « Dear Father », « Pariah ») on ne peut qu’assurer derrière. Ce d’autant que si un ou deux titres laissent à désirer (« Loner » et son coté Stoner Rock qui surprend la première fois mais lasse assez rapidement) tout le reste (« Methademic », « God Is Dead », « End Of The Beginning ») est un pur orgasme auditif.

Mention spéciale également pour la ballade « Zeitgeist », bouffée d’air frais dans un univers sombre et torturé, qui est d’une beauté à pleurer.

Pour conclure, malgré toutes ses qualités, « 13 » souffre de ses défauts. Pas besoin de revenir dessus, ils vous sautent à la gueule dès les premières mesures. Si vous ne pouvez pas passer outre, vous avez entre les mains un objet que vous ne pourrez pas voir en peinture. Mais si vous réussissez à vous lancer, Vous avez clairement l’une des meilleures sorties de l’année et un album qui vient remettre l’étendard BLACK SABBATH là où il devrait être pour l’éternité.

ALL HAIL 13!!! LONG LIVE BLACK SABBATH!!!

(1) Oui c’est une légende de la production musicale, et oui je vénère le rendu des albums de Johnny Cash… Mais là, il s’est planté sur sa prise de son.


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