MINISTRY – Enjoy The Quiet, Live At Wacken 2012

Écrit par sur 21 juillet 2013

En écoutant « Relapse », le dernier album de MINISTRY, j’avais grincé des dents. Peu inspiré, avec une pochette aussi lourde que la musique proposée il restait une de mes plus grosses déceptions de l’année. Par contre, mon petit cœur de fan était clairement ravi, parce qu’un nouvel album annonçait une nouvelle tournée.

MINISTRY restant une valeur sûre en live, ça allait forcément valoir le détour. En plus, Jourgensen avait fait parler de lui sur une date parisienne (monter bourré sur scène et ne pas être en mesure d’assurer tout le show ? Check !) renforçant encore plus ma frustration et mon appréhension quant au MINISTRY nouvelle version. Du coup, dès que j’ai appris que les parrains de l’Indus allaient sortir un nouveau live enregistré au Wacken Open Air, j’ai bondi de mon siège. Pour quel résultat ? Suivez le guide.

MINISTRY-Enjoy-The-Quiet-Pochette

Sorti le 02/08/2013 sur 13th Planet Records.

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Tracklist :

01. Ghouldiggers
02. No « W »
03. Rio Grande Blood
04. LiesLiesLies
05. 99 Percenters
06. Life Is Good
07. Waiting
08. Relapse
09. New World Order (N.W.O.)
10. Just One Fix
11. Thieves

Line-up :

Al Jourgensen (Chant, guitare)
Mike Scaccia (Guitare, choeurs)
Sin Quirin (Guitare, choeurs)
Casey Orr (Basse, choeurs)
John Bechdel (Claviers)
Aaron Rossi (Batterie)

MINISTRY-Band

58 minutes pour te maraver la tronche.

C’est sur « Ghouldiggers », seul morceau vraiment génial de « Relapse » que s’ouvrent les hostilités. Dès les premières notes, on comprend qu’on va passer un bon moment. Je n’ai jamais entendu un son aussi monstrueux sur un live. On sent que c’est enregistré pendant un concert, mais la puissance est parfaite, le son est d’une clarté absolue, on se prend chaque note comme une grosse claque dans les molaires. Les samples sont parfaitement incorporés et ne transpirent pas l’overdub à des kilomètres à la ronde. Le Wacken ne dément pas sa réputation de référence sonore des festivals européens.

La setlist de son côté est axée sur la trilogie antibush (« House Of The Molé », « Rio Grande Blood », « The Last Sucker ») mais ne néglige pas les classiques que sont « NWO » et le surpuissant « Just One Fix ». Mais la surprise du chef reste cette version parfaite de « Thieves », au rythme hyper groovy qui fait certainement bouger des popotins, provoque une furieuse envie d’headbanger et achève de détruire tout le monde en fin de set. De manière générale, les morceaux s’enchaine sans autre interruption que le père Al qui annonce le titre. Un bonjour ultra court ( « Hello Wacken ! Geht’s gut ? ») Et c’est parti pour 58 minutes ininterrompues de l’indus le plus furieux du monde.

Au niveau vocal, les effets omniprésents sur l’organe du parrain sont toujours aussi agréables et permettent de masquer toute faiblesse éventuelle, ce qui rend sa prestation absolument parfaite et sans faille. Véhément comme le junkie en manque de « Just One Fix », revendicatif sur « 99 Percenters », ultra-rapide sur « No W » (et clairement glauque sur les « Trust Me », du refrain), Jourgensen renvoie tous les frontmans du monde sur les bancs de l’école tant il est impérial sur toutes ses parties. Les chœurs de ses compères ne sont pas non plus en reste, tant ils rehaussent un morceau comme « 99 Percenters » par leur puissance. C’est simple, sur album c’est un morceau moyen, en live c’est une tuerie absolue.

Il faut dire aussi que le mur sonore proposé par MINISTRY est irréprochable, Aaron Rossi voit la batterie mixée très en avant, sans qu’elle ne bouffe tout l’espace disponible. Ce d’autant que l’entendre marteler ses fûts comme un métronome ne se souciant pas de l’état des peaux après chaque morceau, est incroyablement jouissif et transmet une énergie communicative. Il suffit d’écouter « Life Is Good » pour mesurer toute l’ampleur du travail de la section rythmique. Les nombreux changements et petits gimmicks servent parfaitement le morceau et lui donnent un aspect quasi-martial génial. De même, le côté répétitif et entêtant de « Just One Fix » est ici parfaitement retranscrit par ce son de toms et de caisse claire, saupoudré d’une basse ronflante et écrasante, dont la puissance n’a d’égale que la discrétion sur ce live (même si dès qu’on l’a remarqué on ne la loupe plus, merci Casey Orr !)

Les riffs imparables de tous les morceaux font aussi perdre des dents tant la chape de plomb qu’ils tissent sur nos têtes est lourde. S’il s’agit du dernier enregistrement live de Mike Scaccia (à qui cette chronique est dédiée), sa mémoire est parfaitement préservée dans ce qu’il offre ici. « Rio Grande Blood » reste l’un des morceaux les plus violents jamais enregistré. Les petits solis qui émaillent certains morceaux sont aussi parfaitement bien trouvés et viennent illustrer tout le savoir technique des sieurs Scaccia et Quirin. Bref sans utiliser trop de superlatifs, on est ici devant une leçon de riffs et de perfection rythmique qui enterre au minimum 75% des groupes du monde.

Toutefois, quelques petits points noirs subsistent. Tout d’abord, un concert de 58 minutes c’est trop court, ce d’autant que le poussif « Relapse » aurait largement pu être remplacé par un vrai classique (« Jesus Built My Hotrod » ou « Burning Inside », au hasard). Ensuite, l’excellent « Ghouldiggers » aurait pu être amputé d’une ou deux minutes, pour faire de la place, parce que 9 minutes sur un live de 58… ça fait un peu trop. Du coup on se retrouve avec une setlist de seulement 11 morceaux, qui aurait largement gagnée à être rallongée. Enfin, le mix très en retrait du public entre les morceaux, ne rend pas justice à ce qui me semble être une foule électrique et bouillante.

Mais ne cherchons pas pour le plaisir de chercher, pour un album live, ce « Enjoy The Quiet » est une pure pépite, merveille de puissance Indus et il ne faut pas douter que le support visuel rehaussera encore plus ce live, qu’on aurait tout de même espéré plus conséquent.

PS : L’édition collector renferme un live enregistré au wacken 2006 qui complete parfaitement cette galette.


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