Au niveau vocal, les effets omniprésents sur l’organe du parrain sont toujours aussi agréables et permettent de masquer toute faiblesse éventuelle, ce qui rend sa prestation absolument parfaite et sans faille. Véhément comme le junkie en manque de « Just One Fix », revendicatif sur « 99 Percenters », ultra-rapide sur « No W » (et clairement glauque sur les « Trust Me », du refrain), Jourgensen renvoie tous les frontmans du monde sur les bancs de l’école tant il est impérial sur toutes ses parties. Les chœurs de ses compères ne sont pas non plus en reste, tant ils rehaussent un morceau comme « 99 Percenters » par leur puissance. C’est simple, sur album c’est un morceau moyen, en live c’est une tuerie absolue.
Il faut dire aussi que le mur sonore proposé par MINISTRY est irréprochable, Aaron Rossi voit la batterie mixée très en avant, sans qu’elle ne bouffe tout l’espace disponible. Ce d’autant que l’entendre marteler ses fûts comme un métronome ne se souciant pas de l’état des peaux après chaque morceau, est incroyablement jouissif et transmet une énergie communicative. Il suffit d’écouter « Life Is Good » pour mesurer toute l’ampleur du travail de la section rythmique. Les nombreux changements et petits gimmicks servent parfaitement le morceau et lui donnent un aspect quasi-martial génial. De même, le côté répétitif et entêtant de « Just One Fix » est ici parfaitement retranscrit par ce son de toms et de caisse claire, saupoudré d’une basse ronflante et écrasante, dont la puissance n’a d’égale que la discrétion sur ce live (même si dès qu’on l’a remarqué on ne la loupe plus, merci Casey Orr !)
Les riffs imparables de tous les morceaux font aussi perdre des dents tant la chape de plomb qu’ils tissent sur nos têtes est lourde. S’il s’agit du dernier enregistrement live de Mike Scaccia (à qui cette chronique est dédiée), sa mémoire est parfaitement préservée dans ce qu’il offre ici. « Rio Grande Blood » reste l’un des morceaux les plus violents jamais enregistré. Les petits solis qui émaillent certains morceaux sont aussi parfaitement bien trouvés et viennent illustrer tout le savoir technique des sieurs Scaccia et Quirin. Bref sans utiliser trop de superlatifs, on est ici devant une leçon de riffs et de perfection rythmique qui enterre au minimum 75% des groupes du monde.
Toutefois, quelques petits points noirs subsistent. Tout d’abord, un concert de 58 minutes c’est trop court, ce d’autant que le poussif « Relapse » aurait largement pu être remplacé par un vrai classique (« Jesus Built My Hotrod » ou « Burning Inside », au hasard). Ensuite, l’excellent « Ghouldiggers » aurait pu être amputé d’une ou deux minutes, pour faire de la place, parce que 9 minutes sur un live de 58… ça fait un peu trop. Du coup on se retrouve avec une setlist de seulement 11 morceaux, qui aurait largement gagnée à être rallongée. Enfin, le mix très en retrait du public entre les morceaux, ne rend pas justice à ce qui me semble être une foule électrique et bouillante.
Mais ne cherchons pas pour le plaisir de chercher, pour un album live, ce « Enjoy The Quiet » est une pure pépite, merveille de puissance Indus et il ne faut pas douter que le support visuel rehaussera encore plus ce live, qu’on aurait tout de même espéré plus conséquent.
PS : L’édition collector renferme un live enregistré au wacken 2006 qui complete parfaitement cette galette.