La principale puissance de REBELLIOUS SPIRIT, c’est son batteur : Silvio Bizer est un métronome, une machine, une boîte à rythme. Sa ligne de batterie ne change jamais dans un morceau, c’est basique, presque simpliste mais la sauce prend et rapidement on bat la mesure de A à Z sans s’en rendre compte. Ecoutez « Lights Out », « Gone Wild », « Forever Young », la batterie n’est pas omniprésente, mais elle rentre dans la tête et remplit admirablement sa case, sans jamais en dévier. Une batterie tellement allemande, qu’on s’attend à entendre une pure voix de heavy metal façon ACCEPT.
Mais non, on a plutôt Jannik Fischer et sa voix aigüe et fluette, qui… colle à la perfection avec le style pratiqué. C’est bateau, mais c’est comme ça. Ce mec à tout compris au glamrock. Enchainant les lignes simples et facilement mémorisables, il sert des refrains qui feraient bouger des stades à l’unisson en un quart de seconde. Tiens, l’intro de « Sweet Access Right » : c’est du déjà entendu, c’est du cliché à mort, mais il sert ça avec tellement de conviction en l’assumant totalement, que ça marche. En plus le duo de gratteux qu’il forme avec Crovin Domhardt est à l’image du reste : carré et efficace. La ballade « Change The World », en guimauve, fourrée à la guimauve propose une partie lead et une partie rythmique dissociée qui se superposent parfaitement, rendant le morceau vraiment agréable à écouter (et ça deviendra un standard du 14 février je n’en doute pas).
Une vraie intelligence de composition et des hymnes habilement répartis rendent l’écoute du disque agréable (« Let’s Bring Back », « Lights Out », « Gone Wild », « Rock It ») tout comme des ballades qui vous donneront envie de ressortir le spandex, le bandana et le mascara (« You’re Not The Only One », « Change The World »). Mais, malheureusement il y a un mais. Ce mais, c’est que la basse de Jens Fischer est trop souvent aux abonnées absente. On l’entend peu, trop peu. Et c’est assez symptomatique d’un autre problème. Le son manque clairement de patate sur de nombreux morceaux : « Sweet Access Right » par exemple, qui arrive derrière le meilleur morceau de cette galette, est vraiment mixé en sous-régime et fait retomber le soufflé, « Cry For You » (LE morceau ou on entend vraiment le bassiste) possède un son vraiment trop doux et lisse pour marquer durablement, malgré des lignes vraiment redoutables et un feeling excellent.
L’ensemble de l’album manque aussi un peu d’unité, et donne parfois l’impression d’un patchwork maladroit (deux balades à la suite, « Don’t Leave Me » et « You’re Not The Only One », ça casse le rythme et ça peut faire décrocher), ce qui est surement dû à l’enregistrement long (de septembre 2011 à février 2012 uniquement le weekend parce que la semaine y’a école, oui c’est aussi trognon que des chatons mesdames) et reste aussi une conséquence d’un son trop lisse et propret, là où le style demanderait clairement un son plus sale et lascif.
Reste un album frais, à savourer tout l’été, qui satisfera pleinement les amateurs de rock sympathique et léger qui transpire la joie de vivre des musiciens et leur plaisir de jouer ensemble. REBELLIOUS SPIRIT possède un potentiel énorme, très bien exploité sur ce premier essai malgré des petits couacs sans grande importance. « Gamble Shot » était peut-être un pari risqué, mais il est clairement remporté haut la main.