Vocalement, le hambourgeois a conservé son influence très « Robert Plantienne » mais a su se forger un timbre unique et assez phénoménal. Il se montre ici d’une mélancolie saisissante et douce, empreinte d’une forme de nostalgie qui n’est jamais triste. Il fait preuve d’une puissance émotionnelle palpable à chaque note, et c’est particulièrement visible sur « Holy Curtain » ou « Don’t Want You To Wait », deux morceaux particulièrement marquants. Tous les refrains (ou presque) restent dans la tête et sont le signe d’hymnes en puissances capables de faire hocher les têtes et taper les pieds.
Musicalement, on n’est pas devant un album profondément technique, pas de masturbation de manche ou de solo de batterie à la Bonham, mais on se retrouve devant une œuvre ou chaque note a son importance, ou tout le superflu a disparu pour concentrer l’essence même de ce qu’est le hard rock. Le riff de « Don’t Want You To Wait » est certainement le plus basique du monde, mais il remplit parfaitement son office, et se montre particulièrement puissant et efficace. La batterie de « God Does Not Sing Our Song » prouve qu’il n’est pas nécessaire de claquer 2500 blast beats à la seconde pour tout défoncer. Ca reste la constante sur tous les pistes, tout est calibré pour faire mouche, les petites nappes de claviers sur « Running High Distortion » ou les chœurs de « When Colors Break The Grey » sont du même acabit.
Certes tout n’est pas non plus parfait et les deux morceaux plus rudimentaires que sont « Let The Silence Talk » et « Skip The Cover And Feel » sont d’une banalité affligeante : le premier est redoutablement répétitif et reste dans la tête bien trop longtemps, alors que le second ma laissé une telle impression que j’ai dû me forcer à l’écouter plusieurs fois pour en parler… Quant à « Such A Shame », s’il est définitivement sauvé par son génial refrain, ça reste à peine bon, sans rien apporter à l’ensemble.
« Outlier » est un album ambitieux et définitivement unique en son genre, une prouesse artistique, reflétant parfaitement la mentalité DIY(1) de son auteur. Complexe et diversifié, il est nécessaire de l’écouter à de nombreuses reprises pour s’y faire réellement et en saisir toutes les subtilités (ma première réaction fut : « tain, c’quand même méga basique et chiant comme album… »). C’est là que se pose le vrai problème de cet opus… On y accroche et on le porte rapidement au panthéon des surprises ou on n’y prend absolument pas gout et on se retrouve devant un hybride bâtard, qui fait parfois un peu réagir.
Tout le problème de ma chronique est là… Je ne peux pas décemment lui flanquer une note, tant mes impressions sont fluctuantes… Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il est IMPERATIF d’écouter cette dernière livraison du sieur Lenny « KINGDOM COME » Wolf, pour se faire une idée, et qui sait, peut-être que vous y trouverez votre bonheur, moi je sais que le voyage en vaut vraiment la peine.
A écouter impérativement: « God Does Not Sing Our Song », « Don’t Want You To Wait », « When Colors Break The Grey »
(1)Do It Yourself, pour les non adeptes des acronymes.