Fuzzy Bear, bien que très discret et souvent curieusement mis en retrait n’est pas non plus en reste, ses lignes de basses restant l’ingrédient principal de ce son finalement très américain. L’introduction de « Devil Out Of Me » ou celle de « I Just Wanna Get Hurt » et sa partie rythmique ultra carrée, démontrent qu’on est devant un véritable artisan de l’ombre, discret mais essentiel aux fondations du groupe.
Pour ce qui est des compositions, en règle générale on évolue dans un blues rock assez classique, qui ne modifie pas vraiment la donne du genre. L’ensemble s’enchaine assez bien sur les premiers morceaux, le duo « Have A Cookie » et « Sweet Smell Of Summer » lançant vraiment l’album sur la bonne trajectoire. Le reste est parsemé d’excellents tubes qui raviront les aficionados, « Kilmister », son rythme enlevé et ses paroles excellentes (« Can’t kill mister rock and roll, rock and roll is mister kilmister »), le coquin « Vaya Con Dildo » au rythme entêtant ou encore la perle rare de cet album, « Devil Outta Me » lent sans jamais être lourd, simple sans être simpliste, magnifique pièce catalysant tout le talent du groupe et valant à elle seule, la découverte de JESUS VOLT. Pour le reste, on enchaine entre le plaisant (« Give Hate Get Love », « All Aboard », « I Just Wanna Get Hurt »), l’ultra classique et malheureusement déjà entendu « Just Another Man », mais surtout la faute de gout en clotûre d’album : « Even Shadows » titre poussif et un poil lourdingue sur lequel le groupe abandonne son apparente simplicité pour livrer un morceau bien trop classique, singeant les grands du blues rock et rebondissant tant bien que mal après un « Devil Outta Me » qui aurait largement pu terminer l’ensemble.
Lord Tracy, enfin, reste mon plus gros point d’indécision dans JESUS VOLT. Sa voix m’a littéralement transportée à certains moments et m’a laissé indifférent à d’autres. « Have A Cookie » et « Sweet Smell Of Summer » sont les meilleurs exemples de ce que peut faire le chanteur au meilleur de sa forme, tandis qu’un « Just Another Man » finit par donner l’impression qu’il sombre parfois dans la facilité et se laisse aller à ce qu’il sait le mieux faire sans se renouveler (jusqu’à ce que « Devil Out Of Me », à nouveau, le montre dans un registre bluesy particulièrement agréable à mes p’tites oreilles de chroniqueur). A lui seul finalement, il fera ou défera l’impression que l’on a de cet album, en faisant soit une vraie réussite, soit un échec retentissant.
En définitive, JESUS VOLT propose un album solide qui, sans être parfait, remplit parfaitement son office d’opus blues rock agréable et conventionnel, et on se surprendra, cheveux aux vents, vitre baissée et tous chromes rutilants, à en fredonner les meilleurs morceaux. Surprenant par sa maturité, on déplorera par contre certains moments de trop grande simplicité qui viennent tacher un peu l’ensemble et font que le quatuor parisien manque de très peu la qualification d’excellent album. Reste qu’une production impeccable, un vrai talent d’écriture et des musiciens visiblement talentueux font de « Vaya Con Dildo » un album recommandable en ce début de printemps morne.