Ce soir Jaz démontre toute l’étendue de son charisme. Il enchaine les poses hallucinées, les yeux écarquillés comme pas possible, tandis que le groupe fait son office sans aucun accroc. Geordie laboure sa guitare avec une aisance bluffante et une perfection redoutable pour en tirer des riffs plus hypnotiques les uns que les autres. Youth assure ses parties de basses avec maestria, Big Paul martyrise ses futs pour nous offrir des rythmiques tribales surpuissantes et le sieur Udhin se démène comme un beau diable pour assurer parfaitement tous les claviers et les effets.
Le niveau de cohésion des musiciens est tout bonnement sidérant, pas une fausse note, pas un accroc, pas un pain : une perfection que peu de groupes peuvent se targuer d’atteindre. Jaz est, il va sans dire, particulièrement en voix, avec sa façon unique de chanter et livre sur les plus vieux morceaux du groupe une prestation à se décrocher la mâchoire.
Coté setlist, là aussi presque tous les classiques du groupe y passeront. « Eighties » est jouée dans une version sous amphétamines. « Pandemonium » possède dans un rendu encore plus dansant que l’originale. « Money Is Not Our God » se voit introduite par un « vous n’avez pas d’argent ? Moi non plus, mais ce n’est pas important… » qui verra une acclamation sortir de la foule. Enfin, « Corporate Elect » est martelée encore plus violemment que sur album.
Ce ne sont pas moins de vingt morceaux qui seront interprétés ce soir, retraçant l’ensemble de la carrière des anglais. Cette fureur provoque même un pogo constant pile devant le chanteur. On danse, on hurle les paroles des refrains en cœur, on headbangue, on donne tout ce que l’on a, le public est subjugé par le chanteur, captivée par ses mimiques, ses intonations, son chant, son discours. A aucun moment on a le sentiment d’être exclu du show, comme si toutes les personnes présentes étaient le 6ème membre de KILLING JOKE et se trouvaient sur scène.
Le groupe marquera une très courte pause après « Pandemonium » et reviendra sur scène pour les rappels (Geordie arborant désormais sa célèbre cigarette). Et là, c’est de nouveau la surprise : après un « Follow The Leaders » quasi-martial, nous est annoncé « The Death And Resurrection Show », plus jouée en live depuis 2003 ! Effet garantit alors que « Psychee » retentit enfin, et que les lumières se rallument, marquant la fin de cet instant surréaliste.
KILLING JOKE est venu, et nous a démontré pourquoi après 35 ans, il reste l’un des groupes live les plus cultes qui soit. On pourrait bien chipoter sur deux ou trois points comme des morceaux que l’on aime qui furent oubliés ou le son, parfois trop fort et manquant un peu de clarté. Ça serait oublier que l’expérience est unique, puissante et que le show de ce mercredi 20 mars, aura certainement marqué tous ceux qui étaient présents. Salle parfaite, premières parties impeccables et surtout une tête d’affiche irréprochable, tout cela fait de cette soirée sans aucun doute l’un des meilleurs concerts qu’il m’ait été donné de voir. A refaire dès que possible