KILLING JOKE + HOUNDS + JAYCE LEWIS

Écrit par sur 21 mars 2013

Ce soir-là, je ne partais franchement pas optimiste. En effet, le mardi avait été marqué par le pire concert qu’il m’avait été donné de voir (un bar de hipsters et le pire chanteur français en activité… que du bonheur).

Du coup, avec ma parano habituelle, je pensais « et si le concert de ce soir était un échec ? ». C’est plein d’appréhension que je descends donc du métro direction « Le Bataclan ». Salle mythique de Paris, force est de constater qu’elle est quand même hyper bien foutue avec une fosse gigantesque, et une zone surélevée mais pas trop, du coup on voit plutôt bien la scène de partout ce qui est loin d’être négligeable.

JAYCE LEWIS

Les billets indiquaient 20h pour le début du concert, c’est finalement à 19h25 que JAYCE LEWIS investit la scène. (Il s’avère que le site du bataclan avait mentionné les bons horaires, d’où vient l’erreur du coup ?).

La première chanson me fait baliser : ça tabasse un peu mais ça ne déchire pas. La voix du chanteur est plutôt quelconque et musicalement, c’est de l’indus sans saveur qui globalement passe bien en première partie. Puis dès que commence le deuxième titre, l’étincelle arrive. Le combo gallois balance ses tripes sur scène et nous propose une musique à la croisée entre de l’EBM allemande et un électro-métal plutôt bien foutu. On tourne la tête, on regarde et on se surprend à taper du pied sur des compos qui, bien qu’un peu monotone, sont particulièrement bien foutues et exécutées proprement. Seul hic, le mix, pas terrible au début, s’est amélioré vers la fin mais a un peu desservi la formation. L’ambiance est bien posée, et le quatuor déroule sans démériter.

La salle est assez peu remplie, mais JAYCE LEWIS parvient à faire adhérer pas mal de gens à sa musique et les applaudissements, polis, sont certainement encourageants. Le chanteur possède une voix particulièrement agréable et donne vraiment tout ce qu’il a, faisant un plein usage de ses 25 minutes. Je suis rassuré, et je note le nom sur mon carnet « A écouter sérieusement. »

HOUNDS

HOUNDS monte sur scène pile à l’heure. Le quatuor anglais avait fait parler de lui en ouvrant pour STONE SOUR en Angleterre, du coup leur présence sur l’affiche me faisait un peu tiquer. Sauf que dès le début du show on comprend qu’on va se faire défoncer à grands coups de beats et de riffs assassins. Le combo évolue dans un indus électro qui tabasse et envoit sévèrement. Mention spéciale au batteur, qui cogne comme une putain de bête, tandis que le mec aux claviers et effets abat un boulot monstrueux. On entendra presque qu’eux sur les deux premiers morceaux.

C’est crade sauvage et violent, et c’est exactement ce qu’il faut au quartet. Le chanteur se démène comme un beau diable. Il saute partout et délivre ses parties de guitare et de chant avec une justesse impressionnante. Il possède un timbre unique, qui, s’il surprend à la première chanson, finit par s’avérer essentiel au son des britanniques. La salle se remplit peu à peu et on sent que les gens restent encore un peu poli, voulant surement se réserver pour la tête d’affiche de ce soir. Il n’empêche, on voit certains sauter et danser (dans une sorte de chorégraphie hallucinée, j’en conviens).

HOUNDS fait parfaitement bien son taf, et distille un son assez particulier. Les balances parfaitement claires nous permettent de profiter pleinement de ce qu’ils ont à offrir. On se retrouve devant un combo en place, qui fait office de rouleau compresseur et impose une performance des plus incroyables, achevant d’ôter de ma bouche le mauvais gout de la veille. Trente-cinq minutes de pur plaisir auditif, avec un autre groupe qu’il faudra suivre, pour peu que l’on goute à l’indus bourré d’electro bien cradingue.

Setlist HOUNDS :
Non communiquée
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KILLING JOKE

Après une longue intro quasi mystique, les lumières s’éteignent et c’est parti. Youth monte derrière sa basse avec une chemise hawaïenne, une visière visée sur la tête et un grand sourire qui ne le quittera pas de la soirée. Big Paul prend place derrière sa batterie et Geordie avec son air de j’m’enfoutiste se pose derrière sa Gibson demi-caisse ES-295. Oui chers auditeurs de Rx3, ce soir c’est le fangasm. Pour les 35 ans du groupe, on a le droit au line-up originel, les quatre malades qui ont créé KILLING JOKE.

Puis il entre sur scène… Jaz Coleman, bien revenu de son désert. Ce soir le mythique leader n’est pas maquillé mais nous accueille d’un retentissant « Bienvenue au rassemblement de notre 34ème anniversaire. » Le public est déjà présent, acclamant les cinq musiciens (oui, Reza Udhin tiendra les claviers et les effets pour la soirée) avant même qu’ils aient joué la moindre note. Le chanteur est déjà en transe et danse comme un prêtre vaudou possédé dès les premières notes de « Requiem ».

Après ça ? 90 minutes d’un rêve éveillé. Une communion parfaite entre un groupe et son public. KILLING JOKE enchaine les titres à une vitesse folle, Jaz n’ayant absolument pas besoin de communiquer pour que toute la foule lui mange dans la main. On a l’impression que la foule ne fait qu’un. Chaque geste du frontman est suivi par ses fidèles, en une messe froide, sombre et dansante. Par son chant il nous invite à préparer la fin du monde dans une grande fête mise en musique spécialement pour l’occasion. Surprise, on envoie la sauce dès le début avec l’enchainement le plus dévastateur qui soit : « Wardance », « European Super State » et « Love Like Blood », trois des plus gros hymnes balancés en moins de 25 minutes (enfin je crois). Le spectacle qui en résulte est hallucinant : une foule hétéroclite danse comme un seul homme sur un morceau indus, un morceau presque techno et un standard de la new wave.

Ce soir Jaz démontre toute l’étendue de son charisme. Il enchaine les poses hallucinées, les yeux écarquillés comme pas possible, tandis que le groupe fait son office sans aucun accroc. Geordie laboure sa guitare avec une aisance bluffante et une perfection redoutable pour en tirer des riffs plus hypnotiques les uns que les autres. Youth assure ses parties de basses avec maestria, Big Paul martyrise ses futs pour nous offrir des rythmiques tribales surpuissantes et le sieur Udhin se démène comme un beau diable pour assurer parfaitement tous les claviers et les effets.

Le niveau de cohésion des musiciens est tout bonnement sidérant, pas une fausse note, pas un accroc, pas un pain : une perfection que peu de groupes peuvent se targuer d’atteindre. Jaz est, il va sans dire, particulièrement en voix, avec sa façon unique de chanter et livre sur les plus vieux morceaux du groupe une prestation à se décrocher la mâchoire.

Coté setlist, là aussi presque tous les classiques du groupe y passeront. « Eighties » est jouée dans une version sous amphétamines. « Pandemonium » possède dans un rendu encore plus dansant que l’originale. « Money Is Not Our God » se voit introduite par un « vous n’avez pas d’argent ? Moi non plus, mais ce n’est pas important… » qui verra une acclamation sortir de la foule. Enfin, « Corporate Elect » est martelée encore plus violemment que sur album.

Ce ne sont pas moins de vingt morceaux qui seront interprétés ce soir, retraçant l’ensemble de la carrière des anglais. Cette fureur provoque même un pogo constant pile devant le chanteur. On danse, on hurle les paroles des refrains en cœur, on headbangue, on donne tout ce que l’on a, le public est subjugé par le chanteur, captivée par ses mimiques, ses intonations, son chant, son discours. A aucun moment on a le sentiment d’être exclu du show, comme si toutes les personnes présentes étaient le 6ème membre de KILLING JOKE et se trouvaient sur scène.

Le groupe marquera une très courte pause après « Pandemonium » et reviendra sur scène pour les rappels (Geordie arborant désormais sa célèbre cigarette). Et là, c’est de nouveau la surprise : après un « Follow The Leaders » quasi-martial, nous est annoncé « The Death And Resurrection Show », plus jouée en live depuis 2003 ! Effet garantit alors que « Psychee » retentit enfin, et que les lumières se rallument, marquant la fin de cet instant surréaliste.

KILLING JOKE est venu, et nous a démontré pourquoi après 35 ans, il reste l’un des groupes live les plus cultes qui soit. On pourrait bien chipoter sur deux ou trois points comme des morceaux que l’on aime qui furent oubliés ou le son, parfois trop fort et manquant un peu de clarté. Ça serait oublier que l’expérience est unique, puissante et que le show de ce mercredi 20 mars, aura certainement marqué tous ceux qui étaient présents. Salle parfaite, premières parties impeccables et surtout une tête d’affiche irréprochable, tout cela fait de cette soirée sans aucun doute l’un des meilleurs concerts qu’il m’ait été donné de voir. A refaire dès que possible

Setlist KILLING JOKE :
« Requiem »
« Turn to Red »
« Wardance »
« European Super State »
« Love Like Blood »
« The Beautiful Dead »
« Empire Song »
« Chop-Chop »
« Sun Goes Down »
« Eighties »
« Money Is Not Our God »
« Whiteout »
« Asteroid »
« The Wait »
« Corporate Elect »
« Pandemonium »
Rappels :
« Follow The Leaders »
« Changes »
« The Death And Ressurection Show »
« Pssyche »

Lien vers le site du groupe

Les photos utilisées proviennent des sites suivants : Post Punk Music, Wikipedia, ou des sites et pages facebook des groupes.


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