RED FANG – Murder The Mountains

Écrit par sur 10 septembre 2012

J’ai pris l’habitude de me méfier des groupes qui font le « buzz ». Certes certains sont bons (MUNICIPAL WASTE) mais la plupart sont finalement moyens (WOLF, DELAIN etc) voire franchement mauvais (BLACK VEIL BRIDES). C’est un peu comme à la télé, quand Steeve Estatoff avait gagné la nouvelle star : on nous avait vendu un Kurt Cobain français quand on avait finalement une pale copie de Shaun Morgan (SEETHER) avec encore moins de talent.

Du coup, RED FANG, c’était un groupe à double tranchant. Un truc totalement bizarre.

RED-FANG-Murder-The-Mountains

Sorti le 12/04/2011 sur Relapse Records.

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Tracklist :

01. Malverde
02. Wires
03. Hank Is Dead
04. Dirt Wizard
05. Throw Up
06. Painted Parade
07. Number Thirteen
08. Into The Eye
09. The Undertow
10. Human Herd

Line-up :

Aaron Beam (Chant, basse),
Bryan Giles (Chant, guitare),
David Sullivan (Guitare),
John Sherman (Batterie)

RED-FANG-Band

La bière c'est bien, RED FANG aussi !

D’un coté le groupe a fait un buzz monstrueux dans la sphère stoner avec ce deuxième album. Un truc dingue : à écouter certains c’était le nouveau KYUSS, le groupe qui allait enfin ramener le stoner à autre chose qu’une imagerie old-school et un son toujours plus plombé (parce que ne nous voilons pas la face, 90% des groupes se contentent de ça à l’heure actuelle). Du coup, en bon élitiste que je sais être j’avais envie de lui cracher dessus parce que franchement, c’est surfait puisque ça fait le buzz. Et de l’autre… Leurs interviews m’ont fait pissé de rire et leurs photos dégageaient un je ne sais quoi de pur fun avec leurs looks aussi différents que whatzefuckesque. Il faut dire que leur musique telle qu’elle était décrite me faisait bien envie et que leur consommation assumée de binouze (surtout de la pas chère, bien merdique) leur accordait un 8/10 sur mon échelle de la sympathie.

Alors du coup j’ai tergiversé. Jusqu’au Hellfest 2011. Je ne le répéterais jamais assez, la tente stoner avait la meilleure affiche de l’histoire du fest cette année là. Bref, j’ai vu RED FANG. Enfin vu… Avec la mandale que j’ai encaissée je suis même plus sur de ce que j’ai vu. Ce groupe en live ? C’est une bombe pure et dure. Un concentré d’énergie bourré de tubes instantanés. Et la du coup je vous ai décrit la musique en trois mots…

RED FANG fait du stoner. Mais pas que. Un stoner groovy, mâtiné de heavy metal, de rock, d’un brin de hardcore et de grunge. Le groupe de portland propose un genre unique qui sonne comme tout et rien à la fois. Avec une particularité : on retrouve deux chanteurs qui se partagent le micro (fait finalement très rare pour un groupe affilié stoner). Le contraste entre les deux voix, est aussi saisissant qu’efficace : le passage de la voix rocailleuse de Bryan Giles sur « Malverde » à celle d’Aaron Beam sur « Wires » permet d’entretenir la diversité dans les morceaux et donc d’éviter la lassitude qui peut provenir de l’une ou l’autre des voix.

Autre point magistral : les riffs. Si cela était un art perdu ces deux dernières années, RED FANG mérite son doctorat en archéologie avec les félicitations du jury. Chaque plan de guitare est d’une simplicité crasse, mais transpire et l’efficacité : le riff de « Wires » te reste dans la tête, « Dirt Wizard » est à proscrire à proximité des radars, « Hank Is Dead » suinte la puissance brute de la route américaine, « Number Thirteen » est emplie d’un groove continu et tout bonnement jouissif. La complémentarité des guitares est aussi à saluer, aucune ne prenant le pas sur l’autre pour un mur sonore que l’on ne peut pas éviter.

John Sherman lui aussi se fait plaisir derrière sa batterie, armé d’un jeu lourd et hyper fluide qui renforce à la fois la puissance du groupe (le bougre cogne comme si sa vie en dépendait) et le coté jam que l’on retrouve dans les compos : essayez de ne pas taper du pied en rythme sur « Human Herd ». Il n’hésite d’ailleurs pas à proposer de multiples cassures de rythme, faisant alors reposer l’ensemble sur la basse hyper fluide et groove du sieur Beam (sur un casque de merde, je l’entendais pas, j’en ai changé, et ma vision du disque a totalement changé).

Les titres s’enchainent de manière totalement fluide, sans aucun temps mort. Chaque chanson est une brique qui solidifie la montagne de son produite par le combo. On passe d’un morceau à l’autre de façon totalement naturelle, en se disant « okay, celle là à assez durée, maintenant la suite ». Même si on reprochera à la première partie du disque (jusqu’à « Dirt Wizard » en fait) d’être beaucoup plus facile d’accès que la seconde moitié, plus sombre, l’ensemble fait preuve d’une remarquable unité.

Pour ce qui est des reproches, je ne vois guère que la prod, parfois un peu lourde (« Throw Up ») ou le morceau « The Undertow » qui est un poil en deçà du reste et la fin de « Human Herd » peut être trop brutale. Ajoutez à cela une légère difficulté d’accès sur les deux trois premières écoutes et un coté beaucoup plus sombre que sur leur précédent album qui rebutera certainement certains d’entre vous. Comme quoi il est toujours bon de se fier à son instinct, et pas à un élitisme idiot. RED FANG, mea culpa… Vais m’en jeter une petite pour me faire pardonner du coup. N’hésitez pas à regarder les clips vidéos du groupe. C’est tordant. Mais vraiment vraiment tordant.


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