Le son qu’ils nous offrent est une nouvelle fois irréprochable, tout y est clair, puissant, jamais trop fort. La production, signée à nouveau par le groupe, reste l’une des meilleures du milieu, tant et si bien que chaque note résonne dans la tête après écoute.
Mais c’est ce qu’il faut pour celui que nous sommes venus écouter. Le prêcheur en personne, prophète de la fin des temps. Le grand Jaz Coleman, à la voix aussi changeante que merveilleuse. Il est le grand annonceur, et comme à son habitude il parvient à nous hypnotiser en un instant. Cet appel mélancolique lancé à un ami perdu sur « In Cythera » ou cette litanie hypnotique qu’il impose à « Trance », les hurlements possédés de « Rapture » ou les affirmations vindicatives de « Fema Camp ». Tous les thèmes y sont décortiqués, des changements climatiques (« Pole Shift », « Primobile »), à la quête incessante du profit qui entrainera notre perte à tous (« Colony Collapse », « Corporate Elect »), jusqu’au risque d’une nouvelle sélection par les grands de ce monde (« Fema Camp »).
Alors oui cet évangile n’est pas parfait, certaines zones d’ombres persistent, sa couverture aussi énigmatique qu’étrange, qui sans être hideuse, aurait certainement gagné à être plus simple. Ou encore la grosse longueur que constitue la fin de « Pole Shift » et qui malheureusement se retrouve en ouverture, ce qui empêchera certains de se plonger corps et âme dans cette merveille.
KILLING JOKE condense ici 30 ans de carrière en allant lorgner sur tous ces plus grands albums, les références y sont nombreuses de « Night Time » à « Extremities Dirt And Various Repressions » en passant par « Pandemonium », « Killing Joke » et les autres. Une nouvelle fois, l’énergie brutale du Punk, la froideur de l’indus, le mouvement de la new wave et l’oppression du Post-Rock se retrouvent dans une orgie stylistique que seul le quatuor sait aussi bien maitriser.
Qu’avons-nous appris lors de ce prêche ? Rien et tant à la fois. Même si certains défauts se font sentir, la messe est à nouveau dite de façon parfaitement magistrale. Le prophète peut se retirer, la foule l’acclame à nouveau, transcendée par ce qu’elle vient d’entendre. Certains versent des larmes de joie, les autres peinent à sortir de leur transe. Tous sont exsangues et rassasiés. Une seule chose est sure, tous sont convaincus.
P.S. : Si vous n’êtes pas familier du groupe, jetez vous dessus, c’est le meilleur album pour commencer.
Cette chronique est dédiée à mon ami Gilles… Nous nous retrouverons à Cythère.