KILLING JOKE – MMXII

Écrit par sur 6 août 2012

Nous l’attendions à nouveau depuis sa précédente diatribe contre ce monde perverti et corrompu, ce monde rejeté et honni dans lequel il nous faut pourtant vivre. Que va-t-il pouvoir nous dire cette fois-ci ? Allait-il se contenter de nous ressasser les mêmes idées encore et encore ? La lumière apparaît enfin et les premières acclamations montent alors que sa silhouette apparaît dans un halo de lumière, enveloppée par une légère fumée. On ne discerne pas son visage, le contre jour nous privant de la vision de notre prophète. Mais à cet instant précis nous savons, au fond de nous même nous savons qui il est, ce qu’il va annoncer.

Lorsqu’il se redresse, nous révélant enfin ses traits durs et froids, maquillés comme de coutume, il nous invite à nous taire, et du haut de la scène, commence le rituel.

KILLING-JOKE-MMXII

Sorti le 02/04/2014 sur Spinefarm Records.

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Tracklist :

01. Pole Shift
02. Fema Camp
03. Rapture
04. Colony Collapse
05. Corporate Elect
06. In Cythera
07. Primobile
08. Glitch
09. Trance
10. On All Hallows Eve

Line-up :

Jaz Coleman (Chant, claviers)
Geordie Walker (Guitares)
Martin ‘Youth’ Glover (Basse)
Paul ‘Big Paul’ Ferguson (Batterie)

KILLING-JOKE-Band

Apocalypse, mode d'emploi.

La guitare de Geordie Walker, fidèle entre les fidèles, nous percute de plein fouet, puissante, vicieuse et envoutante, lorsqu’elle débute sa succession de riffs tous aussi efficaces que virulents… Aucun ne pût rester insensible lorsque débutèrent « Corporate Elect », « In Cythera » ou l’absolu « Rapture ». La froideur qui se dégage de son jeu détaché, l’impact qu’à sa musique sur notre corps, cette litanie guitaristique qui appuie chaque seconde de cette célébration… « Fema Camp » est aussi sombre et torturé que « On All Hallow’s Eve » est resplendissant. Non vraiment, le guitariste fait une nouvelle fois preuve de son immense talent, de son impressionnante capacité à insuffler la vie à des riffs insidieux, dansants et vindicatifs.

La section rythmique fait elle aussi des merveilles, tantôt froide et mécanique (« Pole Shift » et sa batterie d’une lenteur rare pour la carrière du groupe), chaude et presque souriante sur « In Cythera », puissante et dansante sur « Glitch », délicate et suave sur « On All Hallow’s Eve ». La batterie de Big Paul et la basse de Youth nous prouvent encore une fois pourquoi la musique de la blague qui tue est et restera unique en son genre, tant les deux instruments se mêlent ici sans aucun problème, formant avec la guitare  un équilibre rare qui permet d’entrer dans la transe que tous les fidèles présents à mes cotés recherchent.

Le son qu’ils nous offrent est une nouvelle fois irréprochable, tout y est clair, puissant, jamais trop fort. La production, signée à nouveau par le groupe, reste l’une des meilleures du milieu, tant et si bien que chaque note résonne dans la tête après écoute.

Mais c’est ce qu’il faut pour celui que nous sommes venus écouter. Le prêcheur en personne, prophète de la fin des temps. Le grand Jaz Coleman, à la voix aussi changeante que merveilleuse. Il est le grand annonceur, et comme à son habitude il parvient à nous hypnotiser en un instant. Cet appel mélancolique lancé à un ami perdu sur « In Cythera » ou cette litanie hypnotique qu’il impose à « Trance », les hurlements possédés de « Rapture » ou les affirmations vindicatives de « Fema Camp ». Tous les thèmes y sont décortiqués, des changements climatiques (« Pole Shift », « Primobile »), à la quête incessante du profit qui entrainera notre perte à tous (« Colony Collapse », « Corporate Elect »), jusqu’au risque d’une nouvelle sélection par les grands de ce monde (« Fema Camp »).

Alors oui cet évangile n’est pas parfait, certaines zones d’ombres persistent, sa couverture aussi énigmatique qu’étrange, qui sans être hideuse, aurait certainement gagné à être plus simple. Ou encore la grosse longueur que constitue la fin de « Pole Shift » et qui malheureusement se retrouve en ouverture, ce qui empêchera certains de se plonger corps et âme dans cette merveille.

KILLING JOKE condense ici 30 ans de carrière en allant lorgner sur tous ces plus grands albums, les références y sont nombreuses de « Night Time » à « Extremities Dirt And Various Repressions » en passant par « Pandemonium », « Killing Joke » et les autres. Une nouvelle fois, l’énergie brutale du Punk, la froideur de l’indus, le mouvement de la new wave et l’oppression du Post-Rock se retrouvent dans une orgie stylistique que seul le quatuor sait aussi bien maitriser.

Qu’avons-nous appris lors de ce prêche ? Rien et tant à la fois. Même si certains défauts se font sentir, la messe est à nouveau dite de façon parfaitement magistrale. Le prophète peut se retirer, la foule l’acclame à nouveau, transcendée par ce qu’elle vient d’entendre. Certains versent des larmes de joie, les autres peinent à sortir de leur transe. Tous sont exsangues et rassasiés. Une seule chose est sure, tous sont convaincus.

P.S. : Si vous n’êtes pas familier du groupe, jetez vous dessus, c’est le meilleur album pour commencer.

Cette chronique est dédiée à mon ami Gilles… Nous nous retrouverons à Cythère.


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