En écoutant « Deranged Rock’n’Roller », on dirait presque un morceau sorti de la tête de Lemmy, alors qu’il était entre HAWKWIND et MOTÖRHEAD. La batterie, hyper carrée de Matthew Clark, ses rythmes basiques mais toujours entraînants, sa frappe faisant allègrement penser à un Bill Ward ou un Filthy ralentit sont vraiment le cœur de l’aspect rock de cet album, tant on se rend compte qu’elle est capitale et fondamentale à l’ensemble.
Mais ce qui surprend vraiment c’est le guitariste Jim Karow en effet, il n’est pas forcément simple de laisser sa patte sur un album forgé par l’imposant Weinrich et pourtant leurs parties de guitare se mêlent en s’entremêlent, de sorte que l’on ne sait plus trop lequel des deux prend le pas sur l’autre. L’impressionnante introduction de « Clay Pigeons », qui en quelque secondes passe d’un stoner planant à un doom furieux et abrasif ou encore « La Hechicera De La Jeringa » (ce qui se traduit grossièrement par « La Sorcière De La Seringue ») présentant un prélude hyper psyché alors que le morceau est tout simplement excellent avec son riff lead, qui semble tout droit ouvrir les portes de l’enfer.
Et puis il y a cette voix. Cette impressionnante voix rocailleuse, sculptée par l’alcool, le tabac et la désillusion. Ce timbre si particulier qui fait que l’on aimera ou détestera cet album en quelques secondes. La voix de Scott Weinrich, prêche ici une fin du monde à laquelle aucun ne pourra échapper, mais il la rend furieusement jouissive au final.
Car sous ses dehors bourrus et basique, la musique de PREMONITION 13, cache une vraie mélodie, envoûtante et enivrante, qui repose et intrigue à la fois. Subtil mélange de chacun des groupes marqués par le passage de l’imposant frontman. Cette mélodie qui se laisse buriner par le soleil et la puissance du doom celui-ci la refaçonnant sans jamais l’altérer, sur « Peyote Road » ou « B.E.A.U.T.Y. » à nouveau, ce morceau d’ouverture étant vraiment le titre le plus marquant de tout l’album.
Oui vraiment, Wino nous livre ici l’un de ses albums les plus aboutis, fruit de près de 20 ans de jams sous toutes les appellations possible. Si vous êtes un habitué du bonhomme, n’hésitez absolument pas, « 13 » est l’un de ses meilleurs albums, tous projets confondus. Si en revanche vous êtes un novice en la matière, cet album est aussi un excellent moyen de rentrer dans son univers musical, et un très bon moyen de s’initier à la scène doom stoner.