Et si ça marche autant, c’est parce que musicalement ça envoie plutôt pas mal. Kyle Gass est un bon compositeur et Black un chanteur plutôt agréable à écouter et devient génial quand il en fait des tonnes. TENACIOUS D propose un gigantesque fourre-tout stylistique, puisque l’on passe d’un espèce de country rock sudiste (« Kielbasa ») à un hommage assez hard rock 70s à la meilleure chanson du monde dans « Tribute », puis une hilarant balade pour vous mesdames expliquant l’importance de la douceur pendant les gros câlins (« Fuck Her Gently », et toute la poésie que comporter un titre pareil). On se surprend à hocher la tête, taper du pied et fredonner tous les morceaux que l’on réécoutera avec plaisir.
Les deux comparses ont pris un vrai plaisir régressif à faire cet album, et ça se sent. Ils nous transmettent généreusement leur énergie et leur envie de s’amuser sans jamais se prendre la tête. Ils sont fans, ils l’assument. D’ailleurs la chanson « Dio », vrai morceau de respect pour ce grand homme, en est un exemple flagrant.
Toutefois, cet album a un défaut assez important qui découle de ce fun totalement décomplexé : il perd en rythme, les ‘‘skits’’ (« Drive-thru » notamment) viennent casser la dynamique de l’ensemble, et les chansons proposées au début sont plus intéressantes et plus dynamiques que celles proposées à la fin de l’album, ce qui fait qu’à partir de la 18ème piste on peine à être capté par des morceaux trop brefs.
Néanmoins, les chansons ne traînant pas en longueur, on n’est jamais saoulé ou fatigué, ce qui est aussi l’intérêt de ce genre d’exercice. Comme le dit JB dans « Rock Your Socks Off » : ”It’s doesn’t matter if it’s good, it only matters if it rocks!” (« On se moque que ce soit bon tant que c’est rock ! »). A partir de là, il faut rendre à César ce qui lui appartient : les deux complices s’en sortent vraiment avec les honneurs.
En définitive, TENACIOUS D alterne l’excellent et l’oubliable dans une sorte de fourre-tout musical parfois un peu indigeste mais toujours globalement appréciable. Ce qui donne de vraies pépites musicales (« Tribute », « Wonderboy », « Explosivo » et « Rock Your Socks Off ») handicapées par un rythme bâtard (7 sketchs pour 21 titres, c’est trop) et certaines pistes pas franchement intéressantes (« Karate », « Double Team » ou encore « Lee »). Tous ces passages à vide faisant de cet album un disque plaisant à écouter mais qui ne restera pas dans les annales comme un immense album.
Espérons que leurs albums suivants corrigeront le tir.