Car la musique de NEUROSIS n’est pas sombre, non elle va bien au-delà. Le timbre si particulier et reconnaissable de Steve Von Till, hurlement rocailleux mâtiné de quelques vociférations possédées, atteint sur « Under The surface » des paroxysmes de violence et de rébellion. Pour un résultat qui même après de nombreuses écoutes me colle encore des frissons et des terreurs nocturnes. Il est tour à tour malsain, violent, dur, puissant. Dès qu’il commence la moindre ligne de chant on se retrouve face à un mur de haine et de colère.
L’une des autres forces de NEUROSIS c’est de savoir faire appel à toutes sortes d’instruments pour donner une autre dimension à sa musique. Ainsi la cornemuse torturée de « Descent », la bombarde se lamentant sur « The Last You’ll know », résonnent encore dans ma tête comme un appel à la tristesse et aux larmes. Sur ces instruments rebondissent à nouveau des rythmes plombés et des riffs acérés, augmentant encore le sentiment d’oppression, la sensation de s’enfoncer encore et toujours dans les recoins des instincts les plus sombres de l’humanité.
Les rares breaks, bouffées d’oxygène salvatrices venant nous rappeler que la respiration n’est pas un automatisme, ne sont en réalité qu’un moyen d’emprunter une autre route vers le désespoir, « Away » dont la fin arrive comme une chape de plomb sur l’auditeur en est le parfait exemple tant les 5 premières minutes sont belles à en pleurer. De même l’introduction de « Times Of Grace », montant en puissance vers l’un des riffs les plus lourds et les plus violents que j’ai jamais entendu.
En définitive, que retenir de cet album ? Une thérapie puissante, brutale et impitoyable, sorte d’exutoire malsain à la dépression, la colère et la rage dont on ne ressort pas indemne, car chaque note résonne encore dans la tête plusieurs heures après l’écoute. Si cette musique retentit lors de l’apocalypse, je ne serais pas surpris. La référence du postcore, sombre, torturé et violent.
NEUROSIS a encore atteint la perfection d’un genre dont il est le maître. Un album passionnant mais dont l’accès ne saurait se faire sans aucun dommage.
P.S. : L’écoute simultanée de cet album et de « Grace » de TRIBES OF NEUROT vous ouvrira l’accès à un troisième album. Le résultat est déroutant.